Selon une étude novatrice réalisée sous la direction des Prof. Ran Barkai et Avi Gopher du Département d’archéologie de l’Université de Tel-Aviv, les hommes préhistoriques conservaient la moelle osseuse dans des os entiers recouverts de peau pour la consommer jusqu’à 9 semaines plus tard. L’étude, réalisée sur des os de daim provenant de la grotte de Qesem à côté de Rosh HaAyin, constitue la preuve la plus ancienne de la conservation de la nourriture par les premiers hommes.
Elle a été menée en collaboration avec le Dr. Ruth Blasco, de l’Institut de l’évolution humaine de Burgos, et le Prof. Jordi Rosell de l’Institut catalan de l’écologie humaine ancienne de Tarragone en Espagne, et publiée le 9.10.19 dans la revue Science Advances.
« La grotte de Qesem a été découverte près de Rosh Ha’ayin en 2000, dans le cadre du processus d’élargissement d’une autoroute. Les fouilles que nous menons sur le site depuis lors n’ont cessé de produire des découvertes fascinantes« , explique le Prof. Barkai. « La grotte constitue une sorte de capsule temporelle préservée depuis environ 200 000 ans, correspondant à une période relativement inconnue de l’histoire de l’humanité, il y a entre 420 000 et 200 000 ans. Elle est aujourd’hui considérée comme l’un des sites préhistoriques les plus importants au monde ».
Une « boite de conserve »
La présente étude a été réalisée à l’aide d’outils de recherche avancés sur des fragments d’os trouvés dans la grotte. « Ce sont principalement des os des membres antérieurs et postérieurs de daims qui ont été chassés dans la région », explique le Prof. Barkai. « D’après nous, les chasseurs dépeçaient le produit de leur chasse sur le terrain et ne transportaient vers la grotte que certains morceaux choisis, principalement des organes riches en viande et en graisse, des membres et des crânes. Presque tous les os des membres ont été broyés pour en sortir la moelle osseuse, qui possède une valeur nutritionnelle extrêmement élevée. Aux deux extrémités des os des membres inférieurs, nous avons remarqué des marques de coupe caractéristiques et particulièrement profondes, qui n’ont été retrouvées dans aucun autre site au monde. Nous avons donc cherché à en déterminer la signification ».
Après de nombreux tests en laboratoire, les chercheurs ont conclu que ces marques particulières avaient été produites à l’aide d’un outil en silex par un processus conçu pour éliminer la peau séchée sur l’os. « Il est facile de dépecer l’animal immédiatement après la chasse, mais après un certain temps lorsque la peau est déjà séchée, l’action est déjà beaucoup plus difficile à réaliser et nécessite un effort particulier », explique le Prof. Barkai. « En nous basant sur les très nombreuses marques de coupe trouvées sur les os, nous avons émis l’hypothèse que les membres des daims chassés étaient stockés dans la grotte alors qu’ils étaient encore recouverts de peau, dans le but de conserver la moelle osseuse de la manière la plus efficace possible. Ce n’est qu’après un certain temps, lorsque la peau était déjà sèche, qu’elle était décollée de l’os qui était alors écrasé pour en consommer la moelle ». Une série d’expériences menée sur des os de cerfs contemporains a montré que la moelle osseuse pouvait être conservée à l’état comestible dans un membre couvert de peau pendant une période allant jusqu’à 9 semaines; par ailleurs, les marques réalisées par les chercheurs pour éliminer la peau sèche au cours de l’expérience étaient identiques à celles découvertes dans la grotte de Qesem.
Survivre après la disparition des éléphants
« On peut dire que les occupants de la grotte de Qesem ont été les premiers hommes au monde à utiliser les os de daims comme boîte de conserve », conclut le Prof. Barkai. « Nous avons découvert la preuve la plus ancienne d’une technique de conservation des aliments planifiée à long terme.
Cela signifie que, contrairement à l’hypothèse en vigueur jusqu’à aujourd’hui, les habitants de la grotte ne consommaient pas immédiatement toute la nourriture qu’ils chassaient, mais planifiaient leur consommation à l’avance et leur dépendance par rapport à la chasse quotidienne a peu à peu diminué. Nous pensons que cette capacité, de même que la plus ancienne utilisation du rôtissage de la viande, dont les traces ont également été découvertes dans la grotte, constitue une réponse à un changement important qui s’est produit à cette époque dans la région: la disparition des éléphants, qui constituaient jusque là la seule source de graisse et de viande pour les premiers hommes. Lorsque ceux-ci ont disparu, les hommes ont du chercher d’autres solutions et produire une nourriture suffisamment riche et de qualité à partir d’animaux beaucoup plus petits, en particulier les daims. Les découvertes de la grotte de Qesem indiquent un bouleversement technologique et culturel très important au cours de cette période, et la conservation des aliments est l’un des changements qui ont permis à la race humaine de continuer à prospérer dans notre région pendant de très longues années. On peut dire que les hommes conservent leur nourriture depuis lors, et que le début de ce comportement important remonte à la grotte de Qesem il y a près de 420 000 ans ».
Photos :
1. Extrémités de pattes de cerf, conservées dans des conditions simulant celles de leur conservation par les premiers humains dans la grotte de Qesem à l’âge de pierre. Crédit: Ruth Blasco.
2. Marques de coupe sur des os de daim de la grotte de Qesem. Crédit : Ruth Blasco.
3. Dr. Ruth Blasco, au cours d’une analyse d’ossements d’animaux de la grotte de Qesem dans les laboratoires de l’Institut d’archéologie de l’Université de Tel-Aviv.
Photo: Jordi Rosell.
Source : ami-universite-telaviv
Certains restaurants parisiens pratiquent toujours la même méthode.
Les « premiers hommes »…cette affirmation n’est elle pas un peu prétentieuse.
400 000 ans, et peut-être bien plus !!! … A ce point vertigineux que c’en est effrayant, et le sentiment douloureux me vient, hélas, que l’on pourrait s’en interroger encore bien davantage quant au sens de toute cette épopée « humanoïdo-humaine », si je puis dire avec quelque liberté, quand on constate aujourd’hui encore la bien misérable conscience, voire inconscience relative, de l’immense troupeau que l’on nomme humanité… Non pas que je me plaise inconséquemment à dénigrer ainsi méchamment certains de ceux dont je suis au nombre, moi-même étant encore évidemment bien imparfait, mais en toute franchise je m’interroge juste comme beaucoup, sans doute, à ce qui me parait relativement inconcevable, la misère humaine relative à l’inconscience des uns et des autres, petits chétifs exploités et grands prétentieux arrogants avides d’inutiles conquêtes, sauvages impitoyables riches en méfaits, qui sèment la misère et croient qu’on les honore! … * Baste, mais je ne veux point attenter ici indélicatement à la pudeur naturelle de tout les autres, emphatiques, qui règlent leur conduite où la conscience humaine s’oblige absolument au devoir de secours. Probablement comprennent-ils que les ossements millénaires qui hantent musées et consciences, sont de même nature originaire: animale et humaine, rien ne les peine à les identifier pareillement. Elles et eux sont « Femmes » et « Hommes », droitement, comme il sied. Ainsi ce petit nombre illumine-t-il, je crois et espère, la sombre nuit froide des autres, espérant éveiller du cauchemar la chancelante foule des retardataires, ceux-là-mêmes hélas qui ne comprennent pas encore le déchaînement prochain du vent fou et violent de la mort qu’annoncent ces tempêtes grandissantes, vagues puissantes des marées, etc. … (* Bon, j’ai été un peu long, et puis ce n’est que mon point de vue de l’instant, il en est bien d’autres après tout: « Qui vivra verra » ne dit-on pas? Armanjac.)