Dès les débuts du mouvement populaire des Gilets Jaunes et face à la réaction répressive de l’exécutif, j’avais alerté sur la caractéristique fondamentale du macronisme que j’avais surtout explorée à travers l’étude de son versant rhétorique : provoquer les clivages et la division jusqu’à l’extrême, designer l’adversaire en ennemi, monter toutes les portions du peuple français les unes contre les autres afin de pouvoir, pendant ce temps, poursuivre le dépeçage et la prédation des Biens Communs, du patrimoine et de la souveraineté nationale.
J’avais notamment produit un article (publié chez Causeur https://www.causeur.fr/peuple-police-macron-castaner-violence-158219 ) mettant en garde contre l’instrumentalisation de la police à des fins de basse politique. J’y rappelais que la police est républicaine parce qu’elle protège et émane du peuple qui lui transfère délibérément cette légitimité (en l’occurrence, celle de la violence dite « légitime » et qui, donc, ne l’est que parce qu’elle émane du peuple qui accepte, en échange de sa protection, de lui « remettre » les armes.
L’œuvre du macronisme aura pourtant consisté à monter
le peuple contre sa police –une police dont le savoir-faire en matière de
maintien de l’ordre nous était pendant des années envié et exporté dans le
monde entier-, monter, la police contre son peuple, à monter absolument tout le
monde contre tout le monde et c’est cette division profonde que retiendra
l’Histoire.
Jamais dans son histoire récente notre pays n’a été
aussi divisé et hystérisé, et l’état du débat public comme de l’espace public matériel
lui-même semblent relever du film d’horreur ou du cauchemar historique.
Cet esprit intrinsèque de division perverse de la communauté nationale a été poussé à son insupportable acmé lors de la répression symboliquement et concrètement insupportable de la manifestation des Pompiers en colère.
Après avoir éborgné des Gilets Jaunes, arrosé de gaz lacrymogènes les marcheurs pour le climat, nous avons pu assister au spectacle tout simplement hallucinant d’une police qui, obéissant aux ordres (et probablement pur certains avec tristesse et colère), s’en prend à nos pompiers, lesquels sont probablement les acteurs de la sécurité les plus appréciés de la population.
Devant ce gouffre dans lequel l’Etat semble s’être effondré, il prend parfois envie de simplement mettre la clé sous la porte et de partir très loin, sauf qu’on ne voit même pas où les choses seraient meilleures.
L’ère des catacombes
Un jour, il y a quelques années, l’écrivain que j’aime et admire, Pierre Bergounioux, que j’avais invité au Centre Pompidou, me confiait, à propos du vide culturel qui s’ouvrait sous nos pas, que nous entrions dans «l’ère des catacombes».
Cette phrase résonne de plus en plus sombrement dans mon esprit.
Il faudra bien que quelque chose advienne pour nous en faire sortir…
Anne-Sophie Chazaud est membre du Collège doctoral de Philosophie/UCLY. Chroniqueuse presse écrite, elle est l’auteur d’un ouvrage à paraître consacré à la liberté d’expression, aux Editions de l’Artilleur.
D’après Mme. Chazaud « il prend parfois envie de simplement mettre la clé sous la porte et de partir très loin… ».
Bon vent, Madame. Envoyez-nous une carte postale de là où c’est mieux…
Et laisser bien la clé sous la porte ; nous, on en fera bon usage, qui ne croyons pas trouver mieux ailleurs.
Evidemment vous non plus, vous ne le croyez pas ; comme atteste votre « sauf qu’on ne voit même pas où les choses seraient meilleures ».
Ce qui annihile et votre discours et vos envies d’ailleurs.
Chercheriez-vous l’absolu, par hasard ? En ce bas monde ? C’est pas ici, Anne-Sophie.
Naturellement j’aurais pu vous réfuter point par point ; mais c’est inutile vu que vous ne croyez pas vos propres dires.
Pleurez donc un peu ; ça soulage.
“la police est républicaine parce qu’elle protège et émane du peuple qui lui transfère délibérément cette légitimité (en l’occurrence, celle de la violence dite « légitime » et qui, donc, ne l’est que parce qu’elle émane du peuple qui accepte, en échange de sa protection, de lui « remettre » les armes.”
C’est du Hobbes pur jus, typique de la philo contractualiste, hélas.