Humeur du jour. Mon grain de sel, Acte II. Khaled Slougui

Khaled Slougui

Acte II

Une amie qui se reconnaîtra m’a répondu que le grain de sel est ce petit quelque chose qui donne de la saveur; elle qui nous régale de sa chronique quotidienne, qu’il pleure dans son coeur, ou qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente sur sa ville.

Le problème c’est que le sel est de nature à favoriser l’hypertension dans un contexte où nous sommes naturellement tendus. Alors, avec modération!

Restons donc sur la saveur et le goût, ce qui m’incite à rédiger l’acte II de ma dernière HUMEUR, d’autant que certain(es) ont trouvé très bon le grain de sel et d’autres en redemandent jusqu’à l’overdose.

Voici donc, excepté la dimension géopolitique qui fera l’objet d’un billet à part.

1- J’ai toujours préconisé la prudence et l’humilité dans le domaine de la radicalisation/déradicalisation, car nul ne dispose d’une méthode consacrée; il n’y a pas de de solution « clés en main », ni de kit de la déradicalisation, et encore moins des recettes miracles.

La laïcité comme horizon indépassable

Pour autant, Le décrochage d’un style de vie entré par effraction dans la psyché des jeunes et la récupération, la reconquête d’un équilibre abîmé, bousillé, voire détraqué par un islam agressif, vociférant, n’ayant que l’anathème et l’imprécation dans la bouche de ses prédicateurs, qui a pris la place et subverti « l’Islam-civilisation », est parfaitement concevable.

Mais ce ne sera jamais une opération chirurgicale comme l’ablation d’un organe ; ceux qui ont cru cela sont hors sujet. Prévenir la radicalisation est possible, et déradicaliser est assurément faisable, le chemin de la radicalisation pouvant être emprunté en sens inverse.

C’est ce que peut autoriser une résilience non adossée à la religion et/ou par la religion, mais rendue possible par des attitudes et des moyens qu’il incombe au politique de définir dans le cadre d’un strict respect du principe de laïcité, la laïcité comme horizon indépassable.

La réhabilitation de la raison

2- Au lieu d’affronter les islamistes sur le plan politique, au nom de la loi, d’être fermes sur les principes, des responsables ont souvent opté pour la solution du pire : « ne pas avoir envie de se prendre la tête, ou, ne pas vouloir des complications…».

Notre salut ne viendra pas de la mosquée, il viendra de la réhabilitation de la raison. La religion n’est pas supposée concerner tout le monde. Les lois de la République si.

Je reprends mon credo  » semer le doute », qui signifie aussi faire trembler les certitudes qui encombrent la pensée des jeunes, en leur faisant prendre conscience et réaliser le décalage entre le discours et la réalité.

C’est là que s’impose la fonction subversive, transgressive du contre-discours que d’aucuns jugent, contre tout bon sens, inutile.

Nul ne peut se prévaloir comme dépositaire de l’Islam

Il faut ôter la justification « islam » aux islamistes ; il faut déposséder les islamistes du monopole du sacré. Nul ne peut se prévaloir comme dépositaire de l’Islam.

Cela revient à déterminer la place que doit occuper en France un Islam, rénové, affranchi de l’exégèse ténébreuse, débarrassé des mythes qui l’encombrent, et ouvert à la mondialité. Celui-là même dont l’existence se libérerait de la dimension communautaire, et de la représentation institutionnelle.

Et la représentation souvent erronée que l’on se fait de l’islam, si elle ne doit pas conduire à la discrimination, elle ne doit pas davantage mener au laxisme.

L’appartenance communautaire, stratégie des groupes islamistes

3 – La stratégie des groupes islamistes joue sur l’appartenance communautaire, la communauté devenant du coup le lieu idéal d’une effervescence des particularismes et de valeurs prétendument spécifiques ; elle tend à substituer une socialisation communautaire à la socialisation institutionnelle.

Mais, c’est là une responsabilité de l’Etat qui n’a pas à se défausser sur les musulmans, les intellectuels notamment, pour combattre l’islamisme.

Je refuse avec la plus grande énergie d’être interpellé à chaque fois que des allumés islamistes se manifestent avec la violence qu’on sait. Je suis un simple citoyen qui n’est en rien davantage concerné que les autres par ce sujet.

Et je ne vois pas l’efficacité de participer à la manifestation initiée par les imams (paraît-il, ils étaient une vingtaine).

C’est du cirque et du folklore auquel je ne me joindrai pas. Je dénonce le communautarisme comme étant un poison pour la république. La kermesse des émotions, basta! oui! Pour les démarches réflexives.

Une laïcité bien comprise et assumée se dispense de privilégier la communauté sur les individus supposés la composer.

4 – En réalité, une explication rationnelle du phénomène  réside dans l’installation d’un mouvement politique et idéologique qui s’ancre chaque jour davantage, et qui use et abuse des droits garantis par la République.

 Il est galvanisé par le laisser-aller, le laxisme, la démission, le clientélisme et les concessions des décideurs paralysés par une certaine peur de l’islamophobie qui promeut une conception paralysante de la laïcité.

Or, il n’y a pas d’alternative à une mobilisation conséquente et judicieuse de la puissance publique.

Tarir les sources du phénomène, c’est défaire le communautarisme et neutraliser les doctrinaires, voila la piste à investir.

Vouloir assagir ou raisonner les islamistes c’est la pire des illusions.

Conclusion : J’ai trouvé le discours de Macron irresponsable et d’une médiocrité sans nom.

Quand il s’est agi de détruire le mouvement des Gilets jaunes, il a fait le sale boulot tout seul; il a même mené le grand débat en bras de chemise et sans demander le soutien de quiconque.

J’avais alors affirmé que si l’Etat avait déployé le 1/10è des moyens mobilisés contre les GJ pour la lutte contre l’islamisme, le mouvement aurait disparu depuis belle lurette.

Au lieu d’appeler la nation pour dénoncer les radicalisés, il eût été plus juste de faire appel à ses amis qui se gavent de l’argent destiné à cet effet.

C’est par sa faute que la radicalisation a été mise sous le boisseau, et c’est regrettable. Sa nouvelle orientation a consisté à traiter un sujet complexe et délicat, par une logique technico-économique dont les grands groupes ont le secret, des groupes qui interviennent sur tout et qui ne maîtrisent rien.

Non! je ne marcherai pas dans cette mascarade, une de plus. Je dénonce la gabegie et l’incurie de l’Etat qui fait payer les lampistes, politique du chiffre oblige, et qui bichonne les doctrinaires.

Il aurait été dans son rôle de punir les monarchies crapuleuses qui sont derrière ce cancer et qui agissent en toute impunité. C’est ce qu’aurait fait De Gaulle.

Sans un Etat fort, la France se défait, avait-il prévu. Nous y sommes.

A méditer : « On est bien fort quand on demande justice, et surtout quand cette justice se borne à faire connaître seulement la vérité« . Voltaire

Une douce nuit!

Au prochain délire.

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1 Comment

  1. A lire Slougui c’est la faute à Macron, qui est là depuis deux ans alors que le problème s’aggrave sans cesse depuis plusieurs décennies ?
    Alors que les premiers attentats islamistes en France remontent aux années 1980 (rue des Rosiers, 1982 ; Macron n’avait pas 5 ans…) ?

    Croit-il que taper sur le pouvoir en place, quel qu’en soit le prétexte, flatterait un lectorat amnésique, stupide et illettré dans le sens du poil ?
    En exonérant le citoyen lambda de toute responsabilité ?
    En le poussant, immature et puérile, à accuser Papa Président et Maman République de tous les maux ?

    « C’est ce qu’aurait fait De Gaulle », prétend Slougui.
    Vraiment ?
    De Gaulle qui, en 1967, infligeant un boycott sur les ventes d’armes à Israël dont il parla de « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur » initia la « politique arabe de la France », inséparable de sa politique d’immigration ?

    Mais le problème principal est ailleurs.
    Il est dans cette curieuse idée, jamais démontrée et toujours échouée que la laïcitude peut être un rempart contre une religiosité identitaire exacerbée.

    Pour contrer un prosélytisme religieux conquérant il en faut UN AUTRE EN FACE.
    Il faut une identité affirmée, fier de sa culture, de sa civilisation et, cela va avec, de sa RELIGION, pierre angulaire du reste, même si la liturgie formelle est passée de mode.

    La laïcitude passe aux yeux des musulmans pour une absence d’identité, donc de colonne vertébrale ; donc pour une faiblesse viscérale qui, à terme, condamne à la défaite.
    ILS ONT RAISON.

    Slougui l’ignore-t-il ? Nous incite-t-il à la laïcitude pour mieux ouvrir un boulevard à l’Islam conquérant ?

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