Alleluyah : alors que les plaques commémoratives, attentat après attentat, étaient d’une sobriété indigne, ne mentionnant jamais le terrorisme islamiste qui aujourd’hui a assassiné tant des nôtres, tandis que les hommages se faisaient tous d’une prudence honteuse s’acharnant à ne pas nommer le mal, ne voilà-t-il pas que le Président, lors de l’hommage à nos 4 policiers égorgés ou poignardés selon les préceptes de Daech, nomme soudainement l’hydre islamiste.
L’hydre. Cet animal fabuleux de la mythologie grecque en forme de serpent d’eau à sept têtes qui renaissaient au fur et à mesure qu’on les coupait. Celui que seul Hercule sut terrasser.
L’hydre. Au figuré, un problème qui réapparaît sans cesse en dépit des efforts accomplis pour le régler : Tenter de s’en prendre à l’hydre de la bureaucratie. En vain.
L’hydre islamiste, qu’Il dit soudain, le Président
Outre qu’il parla de l’hydre islamiste, notre Président appela à une société de vigilance. Tous nous devrons … Mais nous devrons quoi, au fait ?
Eh bien voilà : désormais, nous devrions faire tout ce que eux, nos dirigeants, n’ont pas fait. Et prendre d’abord en compte ce vocable que nous ignorions : les signaux faibles. Enoncé par le Ministre et repris en chœur par tous depuis.
Les Signaux faibles, répondit le Ministre
Petit rappel pour les Nuls comme votre serviteur : En intelligence économique, les signaux faibles sont les éléments de perception de l’environnement, opportunités ou menaces, qui doivent faire l’objet d’une écoute anticipative, appelée veille, dans le but de participer à l’élaboration de choix prospectifs en vue d’établir une stratégie, et de réduire l’incertitude.
Ça, donc, c’est en intelligence économique. On constate une extension de l’usage de la notion de signal faible, dont la pertinence reste à interpréter.
Olivier Mevel, dans sa thèse de doctorat en Sciences de Gestion[1], explique que les signaux faibles sont des informations partielles et fragmentaires fournies par l’environnement, éventuellement en parallèle de signaux forts. Des signaux faibles sont des signaux à faible fréquence, voire des signaux non apparents, mais déduits d’une information ou d’un fait. Plus concrètement, ajoute-t-il, capter des signaux faibles consiste à dépasser un premier niveau d’apparences, d’informations ou de réactions pour chercher des données augmentées.
Olivier Mevel conclut que la détection des signaux faibles fait l’objet de différents processus de veille. Il y a même un spécialiste, Philippe Cahen, auteur de Signaux Faibles, mode d’emploi[2], qui édite depuis 2003 une lettre mensuelle des signaux faibles.
Il y a encore des Cabinets de conseil qui travaillent sur les signaux faibles au service de l’entreprise en management et veille sociétale…
Seulement voilà : notre Ministre de l’Intérieur, qui soudainement, comme tous depuis l’attentat islamiste au sein-même de la Préfecture, n’a plus que ce mot à la bouche, nous énumère lesquels ils sont, lesdits signaux faibles.
Explose alors soudain l’impéritie, le travail non fait, l’expertise non réalisée, l’amateurisme de beaucoup : d’ailleurs, se dédouane-t-il, il n’était pas aux commandes en 2015 bla bla, lorsque l’Imam de la Mosquée de Gonesse en présenta une foultitude, de signaux, et d’ailleurs encore, Ô combien souvent il répondit un pathétique et navrant Je ne sais pas.
Il sait, le Ministre, la nature des signaux faibles.
Il sait, le Ministre, le nombre de policiers présentant lesdits signaux. 20 tout de même, hein.
Seulement voilà : il ne sait pas pourquoi ça n’a pas marché.
Seulement voilà : il ne nous a pas dit pourquoi n’était pas discutée l’opportunité d’une Loi visant à destituer de leur titre les policiers atteints du syndrome de signaux faibles.
Pourquoi.
Pourquoi.
Pourquoi.
Avant que d’en revenir au barbare qui égorgea 4 de ses collègues, revenons sur le cas de l’Imam de la Mosquée de Gonesse, puisque fréquentée par notre homme. L’imam en question, au vu de signaux faibles et même davantage, au vu de la radicalité de ses prêches et de ses fréquentations[3], avait été licencié par les dirigeants de la mosquée de Sarcelles et avait fait l’objet, en 2015, d’une mesure d’obligation de quitter le territoire français, mesure demandée par les Services de Renseignements.
La mesure n’a jamais été appliquée.
Mieux : il possède, l’Imam, depuis février 2017, et grâce à un mariage qu’il contracta fort à propos, un titre de séjour valable jusqu’en 2020. Le voilà donc dirigeant impunément des prières à Gonesse, lui que les Services de Renseignement qualifièrent de radicalisé.
Les voilà, énumérés par Christophe Castaner lui-même lors de son audition par la Commission des Lois de l’Assemblée nationale, les différents éléments qui marqueraient les signes d’une radicalisation islamiste. Les signaux faibles, quoi.
- Une pratique religieuse rigoriste, particulièrement exacerbée en matière de ramadan.
- Un changement de comportement dans l’entourage.
- Le port de la barbe.
- Qu’il fasse la bise ou qu’il ne la fasse plus.
- Est-ce que l’individu accepte de faire équipe avec une femme ou pas.
- Est-ce qu’il a une pratique régulière et ostentatoire de la prière rituelle.
- Est-ce qu’on a une présence d’une hyper kératose au milieu du front.
- Le port du voile intégral pour un fonctionnaire féminin sur la voie publique.
Ce sont des indices qui doivent permettre de déclencher une enquête approfondie sur ces sujets, termina le Ministre, lequel portait lui-même … la barbe et se vit donc … injustement moqué : est-ce que 1 seul signal faible, ça compte, dites-moi. Et est-ce que les malheureux musulmans qui, pendant le ramadan, vont presque tous à la mosquée à l’instar des Juifs le jour du Grand pardon, ça compte aussi comme pratique exacerbée de la religion ?
Pourquoi, concernant le tueur de notre police, les signaux faibles sont-ils restés lettre morte.
Je ne sais pas.
Je ne sais pas.
Je ne sais pas.
Pourquoi Le Ministre a-t-il répété ad nauseam que le tueur présentait les signes d’un employé intégré.
Lui dont plusieurs collègues avaient noté des signes de radicalisation.
Lui dont les collègues affirment avoir alerté leur hiérarchie.
Lui qui avait dit Charlie Hebdo ? “C’est bien fait”
Lui qui avait changé de comportement à l’encontre des femmes.
Lui duquel un rapport du service de la préfecture de Paris met aujourd’hui en lumière le profil complexe.
Lui qui échappa à ce que ses signaux faibles fussent considérés à leur juste mesure : sa conversion après son mariage. Sa fréquentation d’une Mosquée aux prêches plus que discutables… Pourquoi? Mais parce que tous, paralysés qu’ils sont par l’idéologie de la non-discrimination, du délit de stigmatisation et de son corollaire du pas d’amalgame, se taisent. Couards lorsqu’ils ne sont pas in fine complices. Tels un François Burgat, l’islamologue que l’on sait, et auquel France Info crut devoir demander hier une … expertise au sujet du discours du Président. moment surréaliste s’il en est que cette interview que je vous conseille de retrouver en replay sur France Info Le 18h50 du 9 octobre.
Nos faiblesses. Nos incessantes culpabilisations. Nos censures. Dès lors que la chose a à voir avec l’islamisme.
Leurs compromissions. Leurs accointances discutables et leurs présences lors d’inauguration de Centres de culture islamique divers, aux côtés de personnalités douteuses : le 19 septembre encore, notre Ministre n’inaugurait-il pas Le Centre de Lyon aux côtés de Kamel Kabtane et de Mohammed Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, la LIM qui dépend directement de l’Arabie saoudite et dont la fonction affichée est de propager le wahhabisme dans le monde. Un Centre qui, parmi ses invités-conférenciers, fit la part belle au Frère musulman égyptien Omar Abdel Cassi.
Quand, face à l’infiltration islamiste, seront enfin prises concrètement des responsabilités politiques.
Quand nos dirigeants successifs cesseront-ils d’ergoter et de nous bassiner lors des Matinales, ou, pire, lors du prochain hommage aux victimes du prochain attentat terroriste islamiste, à propos de plans de détection de la déradicalisation?
Quand les Lois seront-elles changées et celles qui existent appliquées?
Hydre islamiste et Signaux faibles. Tout porte hélas à croire qu’une fois nos policiers enterrés, une fois nos colères et indignations apaisées, nous passions une fois de plus à autre chose. Hasta la vista.
[1] 2004.
[2] Eyrolles. Décembre 2010.
[3] L’Imam préchait alors à Sarcelles, rappelle François Pupponi, ancien maire de la ville.
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