Menace iranienne : la lâche indifférence des élites juives

Le 29 septembre dernier, Abbas Nilforouchan, le commandant en second des Gardiens de la Révolution Islamiques (qui sont à l’Iran ce qu’était la SS à l’Allemagne nazie) déclarait : « L’Iran a encerclé Israël de tous les côtés. »

Hossein Salami. ©Tasnim News

Le 30 septembre 2019, c’était au tour du commandant en chef des Gardiens de la Révolution Islamique, Hossein Salami de dire : « La destruction d’Israël n’est plus seulement un rêve. »

L’Iran est malheureusement devenu depuis des années une puissance régionale de premier plan, l’Iran s’est doté d’un arsenal militaire impressionnant, d’une cyber-armée bien supérieure à celle d’un grand nombre de pays occidentaux et possède surtout le know-how et le matériel indispensable pour produire rapidement des ogives nucléaires qui seront dirigées vers Israël.

Face à cette menace existentielle, nous n’avons entendu aucune voix juive influente pour dénoncer la volonté génocidaire de la République islamique d’Iran qui élabore pourtant – comme le disait le philosophe Alexandre Koyré au sujet de l’hitlérisme des années 1930 – une conspiration en plein jour !

Nos intellectuels juifs savent se faire entendre et se crêper le chignon au sujet des « zemmoureries » ou du destin de l’Union Européenne face au prétendu danger des « populismes », etc. mais pas un n’a protesté avec fougue contre les menaces répétées de destruction de l’État juif par le régime fanatique iranien. On me rétorquera avec condescendance qu’Israël est trop fort pour se faire écraser, que son armée est la meilleure du monde (elle n’a pourtant gagné aucun des conflits qui l’a confrontée au Hezbollah en 2006 et au Hamas en 2014). Pourtant, Israël est en effet quasiment encerclé et menacé par l’Iran et ses milices (issues d’Irak, du Yémen, d’Afghanistan,etc.) et bien évidemment par les djihadistes très aguerris du Hezbollah, du Hamas et du Djihad Islamique Palestinien (DIP).

Je rappelle à toutes fins utiles que jusqu’à la fin des années 1930, bon nombre de commentateurs, de journalistes, de politiciens et d’intellectuels de tous bords continuaient à se poser des questions quant à la vraie nature des intentions de Hitler, voire soulignaient même ses «  rêves de paix », bien que le pire monstre de l’histoire de l’humanité était déjà en train d’appliquer crescendo son projet de « vampire-métaphysicien » (Vladimir Jankélévitch).

André Suarès. Wikipédia

Dans les années 1930 seuls de très rares intellectuels, tel l’écrivain et poète juif André Suarès, mirent en avant l’extrême dangerosité de Hitler, quitte à se faire lyncher par la vox populi qui accusa l’auteur de Vues sur l’Europe d’être un hystérique et un va-t-en-guerre. A contrario, Léon Blum n’hésita pas écrire dans ” Le Populaire ” du 18 janvier 1933 : « Il est infiniment peu probable qu’une fois installé au gouvernement, Hitler se livre à des provocations directes soit vis-à-vis de la France, soit vis-à-vis des puissances de l’Est. Comme tous les aventuriers parvenus au pouvoir, il s’efforcera sans doute de prendre rang parmi les hommes d’État réguliers, parmi les puissances établies. Révolutionnaire, il s’incline aujourd’hui devant la légalité allemande. Nationaliste, il s’inclinerait demain devant la légalité internationale. »

C’est atterrant de constater tant d’aveuglement et de bêtise !
Quand en 1999, le président iranien Mohammed Khatami fut reçu en France par le Président d’alors, Jacques Chirac ( qui fut l’ami de tous les dictateurs et terroristes arabo-musulmans ), la communauté juive de France organisa d’importantes manifestations, y compris devant l’ambassade d’Iran (j’y étais et c’était même parfois tendu avec les gentils CRS). Aujourd’hui, c’est le silence assourdissant.

Pourquoi ( c’est une question rhétorique ! ) le CRIF ou les intellectuels juifs français n’ont-ils pas manifesté contre la venue en France – lors du G7 fin août à Biarritz – du Goebbels iranien, Mohammad Javad Zarif, ministre de la propagande du régime des ayatollahs et des Pasdarans ?
Le Président français Emmanuel Macron fait pourtant de tout ce qui est en son pouvoir depuis des mois pour aider le régime terroriste/djihadiste iranien ! Mais, toujours pas de réactions…

Les services de renseignements allemands de la Hesse ( le Landesamt für Verfassungsschutz Hessen ) vient d’indiquer dans un rapport datant de septembre 2019 que l’Iran a cherché à se procurer des armes de destruction massives pendant l’année 2018 ! Mais qui s’en inquiète ?

Soyons clair, la situation géopolitique est particulièrement défavorable à Israël : le Président américain Donald Trump vient de jeter l’État hébreu sous le bus (comme on dit aux États-Unis) en déclarant publiquement à près de 1000 responsables de la communauté juive américaine lors des vœux de Roch Hachana ( le nouvel an juif ) : « Je ne veux pas de conflit militaire avec l’Iran. »

Nous pouvons dire que Donald Trump a fait fait sienne la « doctrine » Jefferson ( l’un des Pères fondateurs de l’Amérique ) qui consiste à préférer la guerre économique à la guerre léthale pour affaiblir son ennemi : pas certain que cela marche avec l’Iran qui est soutenu par la Chine, la Russie et l’UE…

Alors que les provocations et les attaques iraniennes sont de plus en plus graves et osées ( actes de pirateries contre des navires de la Grande-Bretagne et des pays du Golfe, destruction d’un drone américain, attaque d’infrastructures pétrolières saoudiennes ayant entraîné des conséquences immédiates sur l’économie mondiale, etc. ), la communauté internationale garde une fois de plus le silence.

L’Occident est devenu le ventre mou du monde et malheureusement Israël y est arrimé.

Les juifs ont perdu depuis quelques années leur horizon commun : comme à l’image de ce qui se passe en Occident en général, la nation juive est de plus divisée en sous-ensembles identitaires particulièrement régressifs.

Je ne sais évidemment pas ce qu’il adviendra, mais il est temps pour nous tous de réagir d’une manière ou d’une autre afin de ne pas laisser Israël seul face à un destin qui pourrait devenir tragique.

Comme il est dit : Pour l’amour de Sion, je ne garderai pas le silence (Isaïe 62-1).

Frédéric Sroussi

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