Université de Tel-Aviv : un antibiotique qui enraye le cancer du colon

Une étude pionnière réalisée sous la direction du Prof. Rina Rosin-Arbesfeld du Département de microbiologie et d’immunologie clinique de la Faculté de médecine de l’Université de Tel-Aviv, en collaboration avec le Dr. Revital Kariv de l’Institut de gastroentérologie de l’hôpital Ichilov à Tel-Aviv, a révélé qu’un simple antibiotique généralement utilisé contre les bactéries intestinales est capable de faire disparaitre les polypes précancéreux du côlon. D’après les chercheurs, l’étude, menée auprès de patients atteints de polypose adénomateuse familiale, maladie héréditaire provoquant l’apparition d’un nombre énorme de polypes dans le gros intestin, susceptibles d’évoluer en cancer du côlon, éveille de nombreux échos ainsi que l’espoir de trouver d’autres antibiotiques capables d’enrayer des types de cancers différents.

Prof. Rina Rosin-Arbesfeld

Elle a été publiée cet été dans la prestigieuse revue International Journal of Cancer.

Pourrait-on freiner l’apparition du cancer, voire l’enrayer grâce à un simple antibiotique ? C’est en tous cas ce qu’est parvenu à faire le Prof. Rina Rosin Arbesfeld dans la clinique de gastroentérologie du Dr. Revital Kariv au Tel-Aviv Medical Center. « Le cancer colorectal est le troisième parmi les cancers le plus fréquemment diagnostiqués, et la quatrième cause de mortalité dans le monde », explique-t-elle.  » Son origine provenant dans la majorité des cas d’une mutation du gène APC (polypose colique adénomateuse), nous avons voulu vérifier la faisabilité et l’efficacité d’une correction de cette mutation comme traitement potentiel de la maladie ».

« Nous nous sommes servi d’un antibiotique pour traiter le cancer »

Après avoir testé l’efficacité d’un antibiotique généralement utilisé contre les microbes intestinaux, appelé érythromycine, sur des souris de laboratoire, et constaté qu’il faisait disparaitre les polypes précancéreux, les chercheuses l’ont essayé sur dix patients atteints de polypose adénomateuse familiale (PAF).  » Il s’agit d’une maladie génétique dans le cadre de laquelle les patients développent des centaines, voire des milliers d’adénomes dans le côlon et le rectum, qui peuvent évoluer en cancer s’ils ne sont pas retirés « , explique le Prof. Arbesfeld.  » Comme elle est relativement fréquente et que le développement des adénomes peut être suivi par endoscopie, la PAF est depuis longtemps utilisée comme modèle prototypique pour suivre la formation et la progression du cancer du colon, et élaborer des stratégies de prévention des polypes « .

Les dix patients ont donc été traités à l’érythromycine pendant 4 mois, et ont été suivis au moyen d’une colonoscopie perfectionnée, avant le traitement, 4 mois après et 12 mois après. « Le suivi a porté sur le nombre des polypes, et leur taille », explique le Dr. Kariv. De même, des échantillons de tissus ont été collectés et soumis à des analyses moléculaires et génétiques. Dans 70% des cas, les polypes ont disparu ou ont été réduits ». Les analyses ont par ailleurs révélé que le traitement entraînait une réduction du nombre de mutations du gène APC, une diminution de la prolifération cellulaire et la restauration de l’activité des cellules contre les tumeurs cancéreuses.

« L’utilisation de l’antibiotique a permis de repousser l’opération chirurgicale de ces patients « , déclare le Prof. Arbesfeld.  » L’érythromycine a eu une influence sur la mutation qui provoque les polypes et a transformé les cellules cancéreuses en cellules saines. Il a en fait guéri les cellules et leur ont permis de se normaliser. Nous nous sommes donc servi d’un antibiotique pour traiter le cancer », conclue-t-elle.  » Il y a lieu de poursuivre ces recherches pour établir le potentiel thérapeutique d’autres antibiotiques capables de soigner d’autres types de mutations génétiques, et donc d’autres types de cancer « .

Source : ami-universite-telaviv.

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