Le Cantique des Cantiques, Chir Hachirim. Charles Baccouche

Selon Rabbi Akiba : La Bible est sainte, le Cantique des Cantiques est « Saint des Saints ».

Dans les siècles des siècles, depuis des temps immémoriaux, partout ou les juifs ont habité, on a lu, chanté, commenté, récité le Chant des Chants, le poème des poèmes, qui restera à jamais le chant d’amour, le champ de la rencontre des amoureux, de l’Eternel et de son Peuple.

Alors que les princes de ce monde attendent que leurs sujets aillent vers eux, ici, c’est le Roi du Monde qui va vers Israël, et qui patiente au cœur des roses, dans le Jardin des noyers ou va s’assoir la fiancée de Dieu.

C’est aussi le chant d’amour qu’échangent le fiancé et la fiancée, elle le dit aux gardiens de la ville et aux filles de Jérusalem, « Soutenez-moi, avec des gâteaux de raisin, donnez moi des pommes, je suis  malade d’amour»

Il frappe à la porte: « Je dors, mais mon cœur est éveillé: c’est la voix de mon bien-aimé! II frappe: Ouvre-moi, ma sœur, ma compagne, ma colombe, mon amie; car ma tête est couverte de rosée, les boucles de mes cheveux sont humectées par les gouttes de la nuit. »

Ils se cherchent et parfois se trouvent et s’enlacent.

« Il m’embrasse des baisers de sa bouche, ils sont plus délicieux  que le vin »

« Il m’entoure de son bras gauche et je mets ma tête sur son épaule »

Elle s’efforce de le séduire : « Je suis noire et je suis belle, filles de Jérusalem. »

Il la loue: « Je suis le Lys dans la vallée, la rose du Sharon »

«Comme le lys au sein des épines, est ma chérie parmi les jeunes filles »

Elle en écho « Comme un pommier parmi les arbres de la forêt, tel est mon amant entre les Jeunes gens » «Il fait flotter sur moi, l’amour »

«Sa gauche sous ma tête et sa droite m’enlace, je vous en conjure filles de Jérusalem …. N’éveillez pas, ne réveillez pas l’amour avant qu’il ne le veuille » En effet, « elle est malade d’amour »,

Parce qu’il faut de la patience pour que l’amour qui nait, se lève et épanouisse les amants, même lorsque l’amant la reconnaît comme « La plus belle des femmes »

Il la tance « Que tu es belle, mon amie, que tu es belle! Tes yeux sont ceux d’une colombe »

Elle : « Mon bien-aimé est pour moi une grappe dans les vignes d’En-Ghed

                                                           2

Shir Hashirim Acher les Slomo, on ne saura pas si le chant des chants est de la main de Salomon le roi sage et puissant d’Israël, ou si, une main miraculeuse et anonyme, l’a écrit pour lui.

Ce poème sans égal rapporte la recherche perpétuelle des amants en quête de retrouvailles, d’étreintes tendres et voluptueuses, de fuites, de retours ratés et d’espérances tenues et souvent déçues, ces amants eternels qui maintiennent, entre eux, le fil fragile de leurs amours.

Marc Chagall « Le cantique des cantiques, IV » Musée National Marc Chagall – Nice

On ne lirait que ces merveilles que la langue hébreu profonde et chantante transforme en une poésie inimitable, toute de finesse et de pudeur, en dépit de la vigueur de ses stances, que cela nous aurait suffit,

Non cela ne nous suffit pas, il y a plus, du cantique des cantiques s’élève aussi la louange du pays unique dans ses vallées profondes bordées d’épines et de lys, de ses vents légers qui dévalent des mont Guilad et qui courbent, en passant, les herbes hautes de ses pentes, les brises soyeuses qui balaient la Galilée dans leur course ombreuse, la plaine du sharon, couverte de fleurs ployant leurs corolles dans la lumière souriante du Pays des Rois d’Israël.

Cela nous suffirait-il pour porter le Cantique au plus haut de notre joie ? Non pas encore.

Enivrons nous des paroles du chant de Salomon ou à Salomon:

« Mon bien-aimé est à moi, et moi, je suis à mon bien-aimé, qui conduit son troupeau parmi les roses. »

Qui est ce bien aimé qui conduit son troupeau parmi les roses ?» qui sont –ils ceux composent ce troupeau?

« Avant que fraîchisse le jour, que s’effacent les ombres, rebrousse chemin, et sois pareil, mon bien-aimé, au chevreuil ou au faon des biches sur les montagnes déchiquetées.

Sur ma couche nocturne, je cherchai celui dont mon âme est éprise: je le cherchai mais ne le trouvai point. »

Qui est celui « dont mon âme est éprise ? » Qui est il, celui que l’on « cherche et qu’on ne trouve pas ? »

Il est audacieux ce poème mais il y en existe d’autres bien plus enlevés, qui troussent de brulantes amours.

Mais lisons avec attention, lisons avec des yeux hébreux, le chant des chants, Le cantique « acher léShlomo » :

Oui, si nous prêtons une attention aigue et patiente, le texte nous dit que le Bien aimé est en même temps, présent et absent mais qu’il enveloppe Israël d’un amour éternel, qu’il n’est pas de ce monde, que ce Monde n’est pas son lieu, mais qu’il est le lieu du Monde.

Il nous dévoile que « le Bien aimé » conduit son peuple sur les pentes escarpées, parmi les Nations sans pardon ;

Nous découvrons surpris, que «  Celui dont mon âme est éprise » est le Saint qui trône dans les hauteurs, que l’âme juive le cherche et ne le trouve pas.

                                                           3

Mais soudain, c’est un feu dévorant qui jaillit depuis les profondeurs et frappe à la porte, ses boucles sont pleins de la rosée de la nuit qui est l’aube avant le jour.

« La nuit la plus noire est une aube qui vient » Edmond Fleg

Parce que notre âme est pressée de rencontrer son « Bien aimé » dont l’écho lui apprend à ne pas précipiter l’effusion de l’amour « Je vous exhorte ô filles de Jérusalem, par les biches et les gazelles des champs: n’éveillez pas, ne réveillez pas l’amour, avant qu’il le veuille. »

Mais elle ne se lassera pas la fille de Sion : « C’est la voix de mon bien-aimé! Le voici qui vient, franchissant les montagnes, bondissant sur les collines. » « Le voici qui se tient derrière notre muraille, qui regarde par les fenêtres, qui observe par le treillis! »

« Mon bien-aimé élève la voix ; Debout, mon amie, ma toute belle, et viens-! »

Israël a traversé de longs et pénibles hivers, dans la froidure des peuples qui le haïssent pour son espérance sans défaut, dans le retour de son « Bien aimé »

« Les gardes qui font des rondes dans la ville m’ont rencontrée:  » Avez-vous vu celui dont mon âme est éprise? »

Il nous dit le Poème de Salomon, que nous avons raison de ne pas renoncer, de persévérer dans notre volonté de dire la gloire du Dieu-Un et qu’Israël est son Elu, son trésor (Ségoula)

« Car voilà l’hiver qui est passé, la saison des pluies est finie les fleurs se montrent sur la terre, le temps des chansons est venu, la voix de la tourterelle se fait entendre dans nos campagnes » « Les jeunes pousses, les vignes en fleurs répandent leur parfum: debout, mon amie, ma toute belle et viens!»

Voilà l’espérance qui s’avance au grand jour, voici le printemps revenu pour célébrer les noces de l’Eternel avec son Peuple-Israël,

« Ma colombe, nichée dans les fentes du rocher, cachée dans les pentes abruptes, laisse-moi voir ton visage, entendre ta voix, car ta voix est suave et ton visage gracieux. »

Aujourd’hui encore la colombe est cachée dans les fentes du Kotel, attendant le salut la providence, enfin, le retour de la Shékhina

La promesse est renouvelée : « Tu es toute belle, mon amie, et tu es sans défaut.

Avec moi, viens, ma fiancée, du Liban; viens avec moi; regarde du haut de l’Amana.

Tu as capté mon cœur, ô ma sœur, ma fiancée, tu as capté mon cœur par un de tes regards, par un des colliers qui ornent ton cou »

Mais est-ce certain ? « Si vous le voyez, filles de Jérusalem dites lui que je suis malade d’amour » en effet « J’ouvre à mon bien-aimé, mais mon bien-aimé est parti, a disparu mon âme s’était pâmée pendant qu’il parlait; je le cherche et je ne le trouve point, je l’appelle et il ne me répond pas »

Mais tout est sauf : « Mon bien-aimé est descendu dans son jardin, vers les plates-bandes d’aromates, pour faire paître son troupeau dans les jardins et cueillir des roses.

Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi, »

                                                                       4

Les épousailles se préparent, les fiancés se parent de leurs atours. Israël de la Thora de Dieu devenue sa Thora, et l’Eternel de feu et de brume dont la grande voix résonne en des milliers de voix et d’éclairs depuis les hauteurs Sinaï, depuis le jour redoutable ou il est descendu vers son peuple lui apportant la Morale du Monde et la source de vie, entre les bras de Moïse son Serviteur intègre…..

Sur les montagnes embaumées (bésamim)

Soyons circonspects : Selon nos Sages le Cantique des Cantiques est un secret, un sod.

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

2 Comments

  1. Je dirais une banalité en parlant de sublime, encore que ne pourrions-nous découvrir de si bouleversant en méditant profondément sur le sens ésotérique à peine voilé, rien n’est pourtant si caché aux Coeurs profonds vibrant d’Amour…

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*