
Ma mère s’appelait « ittoch », prénom berbère qui veut dire « la sublime» dans le parler de la confédération tribale des «Ait Yaflman » … traduisez ( Ceux qui ont trouvé la paix de l’âme) … Tribu ancestrale à laquelle appartiennent mes ancêtres …
Ittoch s’est toujours habillée comme ça … A la maison, mais aussi dehors, dans les champs … En vaquant à ses activités de paysanne … En toute simplicité … Avec ses humbles habits… Pas de chichi, pas de « Chiki »… Juste quelques bouts de tissus qu’elle mettait autour de son corps … et qu’elle attachait ensemble avec des fibules en argent fabriquées par « Moshé », son bijoutier juif berbère obligé de quitter son pays, le Maroc, pour aller vivre à Ashdod en Israël …

Un foulard rouge » Tasbniyt «
Sur sa tête, elle mettait souvent un foulard rouge » Tasbniyt » … négligemment noué pour rehausser le noir de ses cheveux … Elle savait marier les couleurs comme toutes les femmes amazighs de notre petit oasis du Sud-Est… Elle savait sublimer le simple … pour en faire le Graal du raffinement …

Ma mère adorait tous les êtres humains. Sa compassion n’avait d’égale que la grandeur de son coeur … Elle pouvait donner la moitié du dîner familial à un mendiant qui tapait à la porte … et la famille se contentait de l’autre moitié … Mais elle a toujours eu cette capacité maternelle magique de combler nos estomac à moitié pleins … par la générosité de son Amour …
Ma mère aimait tous les êtres vivants … Plein de fois, quand j’étais petit, je la surprenais en train de caresser le dos et parler à sa belle vache … Au départ, avec mon esprit de gamin, je pensais que ma ma mère sombrait dans la folie … car pour moi … On ne pourrait parler qu’aux humains …
Avec le temps, j’ai appris que ma mère était une femme sage qui ressentait ce que beaucoup d’autres êtres humains n’arrivaient pas à ressentir … En fait, elle communiquait avec l’énergie subtile de sa vache … qu’elle appelait » Lalla inu » …Ses merveilleuses complaintes chantées à sa vache … permettaient de déstresser celle-ci … et » Lalla inu » en reconnaissance de la bienveillance de ma mère lâchait abondamment son lait … car les vaches aussi sont capables de bienveillance …
Alors, chaque fois que je rencontre une de ces marocaines fières de leur identité nord-africaine et de leur amazighitude .. Et qui militent dans un silence presque monastique… en perpétuant les savoir-faire ancestraux et le savoir-être de leurs mères et grand-mères … je suis comblé de bonheur …
Ma mère, avec sa joie inconditionnelle, nous a quittés depuis déjà 15 ans … Mais, sa belle âme reste avec nous … et chaque fois que j’organise une retraite spirituelle, je sens son énergie bienveillante très présente … Elle continue à veiller sur ce que je fais … pour le bien-être des femmes et des hommes sur le chemin de l’Eveil spirituel …
Je ressens clairement que son âme repose en paix … Elle n’a jamais posé les pieds dans une mosquée … Mais sa vie était un sublime chemin d’éveil spirituel … … Avant de mourir … je ressentais qu’ elle s’était libérée du cycle des souffrances … dans le lequel vivent 95 % des êtres humains sur cette terre …
Alors, vous aussi, chérissez votre maman si elle est encore vivante … Si elle n’est plus de ce monde terrestre … apprenez à méditer pour pouvoir rentrer en contact avec son âme … qui vous aidera à vivre dans la joie et l’exubérance inconditionnelles … Car les mamans restent bienveillantes sur leurs enfants même … s’elles ont quitté la vie terrestre …
Azul !
O. Louzi ( Anmoon )