C’est un bon copain. Quand je parle avec lui, il sourit tout le temps et moi aussi. On se quitte en clignant des yeux et en agitant trois doigts : on s’estime.
Il habite Tel Aviv, plein centre. Son loyer a grimpé et la contrevaleur de sa retraite ne cesse de glisser.
Il plisse ses lèvres un instant puis se remet à sourire. : « Tu sais, vendredi après midi quand tout va s’arrêter pour Shabbat, c’est à ce moment que tu es heureux de vivre en Israël. Les bruits de la ville baissent peu à peu d’intensité et l’air de la mer remplace la pollution des gaz d’échappement. Tous sont heureux et chacun s’apprête à passer un bon moment en famille ou avec ses amis. »
Je lui pose des questions sur les prix des restaurants à la mode ( inabordables pour lui ) et sur les prix des produits alimentaires ( très chers, 20 à 30 % plus chers qu’en France : ententes des distributeurs, taux de la TVA …? ) et il me récite la longue litanie des produits et des services qui ont augmenté.
Et les appartements ? Il ne sourit plus, il s’esclaffe ! Pas la peine d’insister, ce sera pour la prochaine fois.
Et on commence à parler politique. Il s’étonne de l’hostilité d’Emmanuel Macron à l’égard d’Israël. Je lui glisse : « À l’égard de Netanyahu… ? »
« Non ! » catégorique : « Une visite d’Etat était indispensable pour ne pas faire de la France le commis-voyageur de l’Iran et de ses colonies, Syrie, Liban, Gaza, Ramallah ».
Les élections c’est pour bientôt, deux semaines à peine. Il a toujours voté Likoud comme la majorité des séfarades du pays qui vote aussi pour les religieux du Shass. Cette fois ci va-t-il changer de camp ?
Il me dit que les chefs d’Etat-Major ne font pas forcément des Premiers ministres géniaux ou même simplement talentueux. Il ajoute que, pour lui, mettre à l’écart les partis religieux est profondément injuste, la religion et les hommes en noir doivent participer à la gestion des problèmes du pays.
Alors dans l’isoloir il devra bien choisir. Il évoque des noms de femmes, Regev, Shaked, Levy : elles pourraient faire le job aussi bien pendant que les coqs se volent dans les plumes.
« Les religieux auraient dû accepter d’entrer progressivement dans le recrutement de Tsahal. Ils auraient dû consentir à se soumettre à un service civil. Ils ont fait de Liberman avec ses 10 députés prévus par les sondages, l’arbitre de la prochaine Knesset »
Il sourit puis se déclare inquiet pour Bibi qui est cerné par ses adversaires de toujours et ses alliés, nouveaux adversaires.
« D’accord, d’accord mais toi tu vas voter pour qui ? »
La question l’indispose : il n’a pas encore décidé ou bien il ne veut pas en parler ou il refuse de se sentir lié par un choix annoncé mais qui n’est pas forcément celui qu’il va prendre.
Il balance entre choix et pronostic !
Il sourit encore : « Tu sais, elle parle bien Orly, la fille de David Levy »
André – Simon Mamou
Elle parle bien, Orly, mais elle file du rouge sang qui est mauvais pour Israël.
Votre interlocuteur analyse intelligemment la situation politique, économico-sociale et électorale du pays.