Et si on parlait des antisémites modérés? Vous savez, ceux qui sont offensés si on leur dit qu’ils sont antisémites.
Pas besoin qu’on leur dise d’ailleurs, ils préviennent tout de suite:
” N’allez quand même pas dire que je suis antisémite parce que je critique la politique d’Israël. Ce qu’ils font aux palestiniens. Leurs colonies. Leur occupation de la Palestine. On a bien le droit de critiquer ce voyou de Netanyaou , et même ce pays qui ne respecte pas le droit international. D’ailleurs,il y a,des juifs très bien qui sont tout à fait d’accord avec moi: Rony Brauman, Noam Chomsky, Gisèle Halimi. Eux ce sont des Juifs et ils critiquent cette politique d’apartheid et d’occupation. Vous n’allez quand même pas dire qu’ils sont antisémites, eux aussi. J’ai même lu un livre d’un professeur de l’université de Tel Aviv. Comment s’appelle -il déjà? Ah oui! Schlomo Sand. C’est un antisémite ? Et ce psychiatre israélien, Haddad, élève de Leibowitz, il dit bien qu’Israël a perdu son âme en devenant un pays raciste qui pratique l’apartheid comme autrefois l’Afrique du Sud…
-Vous connaissez Israël? Vous y êtes déjà allé?
– Non, mais j’ai lu beaucoup d’articles qui expliquent parfaitement ce qui se passe là-bas. Vous allez me dire que c’est pire ailleurs, mais d’un pays démocratique, on attend autre chose quand même !
– Ah ? Israël est un pays démocratique ?
– Oui, mais seulement pour les Juifs.“
Voilà ! C’est l’antisémite modéré
Voilà ! C’est l’antisémite modéré . Pourquoi antisémite ? Parce que quelque chose en lui, qu’il ignore peut-être en partie, le fait accepter sans vérification tous les mensonges des propagandes . Il ne connaît pas l’histoire de cette région du monde. Il pense qu’il y a eu un pays qui s’appelait la Palestine. Il ne connait pas l’histoire de la création de ces pays du Moyen-orient après le démantèlement de l’empire ottoman: la Jordanie, le Liban, la Syrie, l’Irak, le Koweit, Israël. Il pense que ces malheureux Juifs, rescapés de la Shoah, se sont emparés d’une terre qui n’était pas à eux, en prétendant que la Bible le leur avait promis il y a cinq mille ans et que peu à peu, ils font aux palestiniens ce que les nazis leur ont fait. Il ne connait pas l’histoire de la création d’Israël, mais il croit savoir et il en cause, très souvent.
Pour lui, il y a une injustice à réparer. Il est pour la paix, la non-violence. Il se dit qu’il pourrait y avoir deux Etats sur cette terre, à condition que les israéliens l’acceptent et cessent d’étendre leurs colonies en “Cisjordanie occupée”.
Pour lui, Israël doit obéir aux résolutions de l’ONU. Lesquelles ? les résolutions, le droit international.
L’antisémite modéré a-t-il des excuses
Si on veut lui chercher des excuses, on peut se dire qu’il est simplement ignorant ou qu’il a été informé par des média défavorables à Israël.
Mais quelque chose me chatouille, dans mon esprit torturé de Juif ashkenaze, héritier d’une longue suite de persécutions, provoquées par des préjugés et une diabolisation permanente de mes ancêtres. Ce quelque chose, c’est tout simplement cette facilité à accepter le point de vue des ennemis d’Israël et des Juifs, sans vérifier l’exactitude des faits, sans prendre le temps d’écouter les avis opposés.
Comme s’il y avait là une évidence indiscutable, l’évidence du Mal face au Bien.
Comme si tout ce que charriait l’inconscient collectif des religions ramenait à la surface l’évidence du caractère mauvais du Juif déicide, assassin des prophètes, tueur d’enfants innocents et propagateurs de la peste.
Belle analyse
Je suis entièrement d’accord avec votre analyse mais incapable de l’énoncer aussi clairement alors Merci Mr Rojzman
Tout à fait d’accord. Deux remarques, ces personnes là sont avant tout des personnes humainement médiocres, très médiocres et en cela précisément elles ne peuvent et ne veulent s’élever au-delà de l’étroitesse de représentations collectivement admises depuis les millénaires de l’exil juif, et qui lui sont bien utiles pour déverser les déchets intérieurs de leur difficulté de vivre. Deuxième remarque est l’intériorisation du statut d’infamie par certains juifs eux mêmes rarement par conviction, parfois par colère d’un parcours de vie fait de carences familiales, affectives et de sentiments de vivre à l’écart de la « communauté » , souvent, pour ceux qui mènent des carrières exposées par opportunisme, comme gage de « propreté ». Si l’antisémite qui affirme ne plus l’être dit avoir réalisé un parcours humain et intérieur considérable, que dire du juif ordinaire face à l’ensemble contraint dans lequel il évolue, à lui il est demandé d’être un sur homme, c’est peut-être une opportunité mais il faut bien reconnaître que c’est à certains moments difficile.