Les propos intempestifs du Président Trump et la vive polémique provoquée suite à l’interdiction de visas d’entrée en Israël de deux députées démocrates ont pris des proportions inégales dans les relations israélo-américaines, et un virement dangereux quant à l’avenir des communautés juives en Amérique, en Europe et ailleurs.
La rivalité acharnée et l’émulation acerbe entre les Républicains et les Démocrates américains ne devraient pas nous concerner directement mais elles ont dérapé et dérivé vers un vieux débat sur la loyauté des Juifs en diaspora.
Ces discussions orageuses ne sont pas nouvelles. Elles existaient bien avant la création de l’Etat sioniste et remontent aux nuisibles chiendents de l’antisémitisme classique.
Dans les annales de l’Histoire contemporaine les exemples sont nombreux. Rappelons en France l’Affaire Dreyfus, les attaques contre Léon Blum, Pierre Mendès France, Simone Veil ou Lionel Stoléru, quand J.M. Le Pen lui demandait, lors d’un débat télévisé, s’il était exact qu’il avait la double nationalité. Et d’insister : « J’aurais été gêné si j’avais su que vous aviez une autre nationalité que la nationalité française. Je sais que vous êtes président de la Chambre de commerce franco-israélienne et comme on m’avait dit que vous étiez en même temps de nationalité israélienne, je vous posais donc la question ».
« La loyauté des Juifs », en les accusant d’agir contre l’intérêt national, a versé également beaucoup d’encre lors du « vote sanction » contre Valéry Giscard d’Estaing. Une campagne bien huilée organisée par le Renouveau Juif qui avait suscité à l’époque de vives critiques, même de la part de Guy de Rothschild.
Hier, comme aujourd’hui, les Juifs de France critiquent une politique déséquilibré et pro-arabe au détriment d’Israël mais ils demeurent toujours fidèles aux lois républicaines, respectent l’hymne national et le drapeau tricolore, contrairement aux jeunes Français d’origine algérienne dans les stades de France et ailleurs.
Aux Etats-Unis dans les années 1950 et 1960, les présidents américains, tel Eisenhower, appliquaient plutôt une politique pro-arabe pour contrer l’hégémonie soviétique au Moyen-Orient dans le cadre de la Guerre Froide et du combat contre le communisme mondial. Une ligne pro-israélienne que suggéraient les dirigeants de la communauté était aux yeux de l’administration américaine de l’époque contre-productive et même contre l’intérêt national. Cette attitude avait également alimenté la chasse aux sorcières de McCarthy, où les Juifs étaient les premières victimes, notamment à Hollywood.
Plus tard, quand le président Nixon voulut confier à Henry Kissinger les Affaires étrangères, des voix se sont élevées pour rappeler que Kissinger était un Juif né en Allemagne… Il a été enfin nommé Conseiller du président puis Secrétaire d’Etat. Kissinger a prouvé que sa judéité n’a jamais influé sur ses décisions importantes concernant le retrait des forces américaines du Vietnam, les relations diplomatiques avec la Chine, et surtout, durant ses fameuses « navettes », avant et après la guerre de Kippour.
Tous les ambassadeurs juifs américains en Israël dont Shapiro et Indyk, du parti démocrate, et l’actuel, Daniel Friedman, proche du président Trump, ainsi que les conseillers des présidents Clinton et Obama ont aussi eux appliqué sans équivoque la politique dictée par leur administration.
Au fil des ans, il y eut également en Europe des leaders juifs, comme Karouchi en Hongrie, Bruno Kreisky en Autriche et récemment Zelensky en Ukraine. Tous ont agi et agissent dans l’intérêt de leur propre pays.
Donald Trump est un président atypique qui dit tout haut et sans ambages ses vraies pensées. Certes, son franc parlé agace, mais nous devrions prendre ses propos avec sérieux et intérêt surtout quand il parle des Juifs et d’Israël.
Comment ne pas apprécier quand il affirme très justement qu’il est « le plus grand ami des Juifs et de l’Etat d’Israël de tous les derniers présidents des Etats-Unis » ? Comment ne pas applaudir quand il nous dit : « toute attaque, toute critique ou condamnation contre Israël est aussi dirigée contre son fidèle allié, les Etats-Unis » ?
Trump a donc renversé la vapeur et fait le lien entre le soutien inébranlable à Israël et la loyauté envers l’Amérique. Comment des Juifs peuvent-t-ils voter pour un parti démocrate dont les membres sont pro-palestiniens ? Donc, il ne comprend pas pourquoi 70% des Juifs continuent à voter pour ce « parti libéral ».
Bien entendu, le sujet est plus compliqué et plus complexe et ne tombons pas dans le piège de la politique politicienne en faisant l’amalgame. En ce qui concerne Israël, Trump a sans doute raison mais, il ignore que les Juifs ne représentent pas un peuple d’automates et votent comme un troupeau. Comme au sein de la société israélienne, les opinions sont diverses, opposées, contradictoires.
Au sein du peuple juif, la réflexion est reine et le Talmud est toujours une référence. Réfléchir et étudier systématiquement pour débattre dans le cadre du fameux pilpoul… On agira toujours avec un doute, parfois avec humour ou cyniquement.
Cependant, les vives réactions du parti démocrate, dont celles de nombreux députés et sénateurs juifs, sont sans doute exagérées mais elles témoignent de la crainte de revoir resurgir la bête immonde.
Il est clair que Trump voulait choquer à sa manière et faire basculer « l’électorat juif » en sa faveur. Toutefois, il est peu probable de voir un fort glissement de ce vote vers le parti républicain.
Enfin, soulignons une fois encore que la communauté juive américaine est la plus importante et la plus influente de la diaspora. Le dialogue dans le respect mutuel est impératif et devrait être sincère et permanent.
Freddy Eytan, Le CAPE de Jérusalem, jcpa-lecape.org
Pas d’accord du tout. La communauté américaine est majoritairement démocrate et c’est un problème depuis longtemps. Les démocrates sont de plus en plus antisionistes hélas. Et sa partie juive et un soutien de plus en plus mou, qu’en s’en est encore un.
Il n’est d’aucun intérêt d’avoir des américains pro-arabes, qu’ils se disent juifs ou pas (genre les crétins de Jstreet).
Il est préférable que la situation se clive et que les juifs américains normaux puissent s’exprimer sans être muselés par l’extrême gauche.
Et si l’Aipac explose au passage personne ne s’en plaindra.