A Toulouse, une génération de jeunes caïds met la ville à feu et à sang pour le contrôle des points de deal. Leur héros : Mohamed Merah.
“Le tête-à-tête à l’ancienne, c’est fini, maintenant on sort le calibre”, lâche un flic qui les observe depuis longtemps. Les profits du trafic de stupéfiants ont fait dérailler les jeunes caïds des Izards, de Bagatelle, de la Reynerie, d’Empalot et du Mirail, ces quartiers nichés au cœur de Toulouse. La Ville rose s’est mise à voir rouge sur fond de trafic de cocaïne, d’héroïne et de cannabis, un marché en constante expansion à la faveur de l’explosion démographique de la préfecture de la Haute-Garonne (plus 15.000 nouveaux habitants par an), tirée par une industrie aérospatiale en plein âge d’or. Les clients, cadres qualifiés ou étudiants, ont le portefeuille garni, à tel point que les dealers les surnomment les “yankees” (déformation du verlan “ienclits”), comme s’ils avaient des dollars collés sur le front.
Une manne qui pousse des amis d’enfance, associés d’hier, à s’envoyer au cimetière. Comme à Marseille, sauf qu’à Toulouse, longtemps réputée pour sa bonhomie festive, personne n’a vu venir ce virage radical, même pas la police, trop concentrée sur les dernières figures du milieu traditionnel pour détecter l’émergence de ces émules de Tony Montana.
Faiblesse des effectifs policiers et “effet Merah”
À quel moment ont-ils fait fuir leurs aînés, affolés par leur facilité à dégainer? Comment s’est installé ce sentiment d’impunité qui désormais les habite? La faiblesse des effectifs de police à Toulouse, ville nettement sous-dotée par rapport à Bordeaux ou Marseille, faute de poids lourds politiques, n’explique pas tout. Les voyous du cru exploitent une autre faiblesse du dispositif, ces tensions persistantes entre une police confinée au centre-ville et une gendarmerie qui en gère le pourtour, en sus d’une vaste zone rurale ; malins, ils dealent d’un côté de la “frontière” et dorment de l’autre, chez les pandores.
Source et article complet : lejdd
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