J’ai toujours aimé les retours à Paris, en me demandant parfois pourquoi j’étais parti. Ici, pas besoin d’escalader les dunes pour chercher un bout de sable sur une plage.
Je remonte la rue Bobillot, pour retrouver la piscine de la Butte aux Cailles, son délicieux bassin extérieur, alimenté par les sources.
Peu de monde, Paris est encore vide. Le marché du boulevard Blanqui est quelque peu clairsemé, mais les fruits et légumes sont meilleurs que les prétendus produits de pays vendus sur les routes d’Aquitaine.
Le dernier Tarentino m’attend sur l’avenue des Gobelins.
Bien sûr, j’ai depuis deux ans le privilège de partager ma vie entre Paris et mon refuge de Normandie. Si bien que j’éprouve plus souvent le bonheur de retrouver Paris. Je peste contre ses transformations, en essayant de ne pas trop radoter, il y a quelques années, déjà, que j’ai écrit Le Silence de la ville, en souvenir de ces rues bruyantes, polluées et sales où nous étions heureux.
Mais je suis un Parigot, je ne puis vivre sans la pierre et le bitume, l’excès de verdure m’angoisse. Les anciens bruits de Paris me manquent… Celui des rotatives dans la rue Réaumur, aussitôt suivis par les cris des colporteurs, demandez France-Soir, Paris-Presse.
Sur le pont métallique de la rue de la Voûte, le fracas des trains, qui m’ont longtemps bercé, au sens propre du terme. Les musiques de fêtes foraines, le Grand Huit et les auto tampons, à la Nation… Ou tard dans la nuit, après le dernier métro, le ronflement d’un diesel Peugeot annonçant un taxi salvateur…
Qu’est ce qu’une ville sans bruits de moteur, où des vélos silencieux vous menacent jusque sur les trottoirs ? La place de la Nation est toute verte, la place d’Italie s’y met aussi. La nature n’est pas mon milieu naturel. J’appartiens à l’espèce urbaine. Je tente donc de m’adapter aux mutations de mon écosystème. Dans ce Paris où il ne reste guère de vitrines à lécher, je flâne encore sur les boulevards, même s’il n’y a plus tant et tant de choses à voir…
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