Une équipe de chercheurs, sous la direction du Prof. Udi Qimron et des Dr. Ido Yosef et Motti Gerlic de la Faculté de médecine de l’Université de Tel-Aviv, ont mis au point une méthode génétique révolutionnaire permettant de fixer le sexe fœtal avec une certitude pouvant atteindre 100%. Selon les chercheurs, cette technologie innovante pourrait révolutionner des industries telles que l’élevage laitier ou des poules pondeuses, où la préférence pour les femelles est totale, et économisera une grande souffrance animale en évitant la naissance de mâles non désirés.
L’étude a été publiée lundi 1.07.19 la prestigieuse revue EMBO Reports, spécialisée en biologie moléculaire.
« Les éleveurs de bétail laitier et de poules pondeuses préfèrent évidemment les veaux et les poussins femelles aux mâles; mais jusqu’à présent, il n’existait pas de moyen génétique accessible et économiquement viable pour réguler la proportion des naissances entre les sexes, qui reste de manière naturelle autour de 50-50 », explique le Prof. Qimron. « Nous avons cherché à aborder ce problème de manière innovante, en utilisant l’ingénierie génétique ».
La fin du broyage des poussins ?
Pour les besoins de l’étude, les chercheurs ont utilisé des souris génétiquement modifiées, dont toutes les cellules possédaient un enzyme spécifique appelée Cas9, ayant pour propriété de couper les brins d’ADN lorsqu’il reçoit une « instruction » d’un type particulier d’ARN. Ils ont également fabriqué des mâles portant cet ARN spécifique sur leur chromosome Y (le chromosome masculin), avec pour instruction d’activer l’enzyme Cas9 de manière à ce qu’il coupe trois segments d’ADN essentiels au développement du fœtus. Les mâles et les femelles ont ensuite été mélangés.
« Les embryons mâles créés dans l’utérus ont reçu le chromosome Y (qui détermine le sexe masculin) contenant des instructions destructrices », explique le Prof. Qimron. « Ces instructions ont activé l’enzyme Cas9 obtenu de la mère, qui a détruit les segments d’ADN essentiels au développement du fœtus masculin. Par contre les femelles, dont les cellules pas reçu cette instruction, se sont développées correctement. Nous avons ainsi obtenu des naissances de 95% de femelles; mais on peut facilement changer le ratio et arriver à 100% ». Il est également important de noter que si l’ARN avec les instructions d’activation avait été inséré sur le chromosome X de la souris mâle, le processus aurait arrêté le développement des embryons femelles, provoquant la naissance de mâles uniquement ».
« Notre étude présente la première approche de ce type pour déterminer le sexe fœtal sur des mammifères par des moyens génétique « , conclut le Prof. Qimron. « Nous avons démontré cette méthode sur des souris, mais avec des aménagements ultérieurs elle sera également facile à appliquer d’ici quelques années à d’autres espèces de mammifères, telles que les vaches, les porcs ou les chèvres, et même plus tard chez les volailles, par exemple les poules. Nous pensons que cette technologie empêchera la naissance de mâles indésirables et permettra d’économiser une grande souffrance animale, comme par exemple le broyage des poussins mâles. De plus, les industries concernées, comme celles du bétail, du porc de la volaille en tireront probablement également un bénéfice économique ».
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