Il est 18 heures le 18 juin 1940 dans le studio 4B de la BBC !

« Le Point » vous dévoile ces événements qui ont fait l’histoire de France. Aujourd’hui, l’appel du 18 juin du général de Gaulle.

Le Général Charles de Gaulle lance l’appel aux Français a la radio BBC a Londres le 18 juin 1940

« Hisser les couleurs » et commettre, enfin, l’irréparable. Alors que le maréchal Pétain vient de baisser le pavillon d’une France naufragée, ce 18 juin 1940, le général de Gaulle se mutine au micro du studio 4B de la BBC, à Londres. « À 49 ans, j’entrais dans l’aventure, comme un homme que le destin jetait hors des séries », écrit-il dans ses « Mémoires ». Quelles tempêtes ont déferlé en lui pour qu’il en vienne, cette fois, à passer à l’acte ?

Pour expliquer son geste, ses biographes déroulent d’abord la liste de ses coups d’éclat. En 1912, jeune lieutenant débutant dans le métier des armes, il se cabrait déjà contre son chef de corps, le colonel Philippe Pétain. En janvier 1940, simple lieutenant-colonel mais conseiller officieux de Paul Reynaud, il envoyait une longue note à plusieurs personnalités – sans, bien sûr, demander l’accord de ses chefs – détaillant les défaillances de l’armée française. Entre ces deux dates, de Gaulle n’a cessé de provoquer, de défier sa hiérarchie. Mais il n’avait jamais désobéi. Qu’a-t-il ressenti ce 18 juin, au moment où il prononce les premières phrases du texte qui fonde la mythologie gaullienne ? « À mesure que s’envolaient les mots irrévocables, je sentais en moi-même se terminer une vie, celle que j’avais menée dans le cadre d’une France solide et d’une indivisible armée. » Dix ans plus tard, André Malraux lui faisant remarquer, lorsqu’il lui lira ce court paragraphe, que ses tourments y apparaissent bien peu, de Gaulle, lui saisissant les bras, répondra alors, de sa voix grave martelant les syllabes : « Mais, Malraux, ce fut épouvantable… »

Rupture

La décision, il l’a prise à Bordeaux le 16 juin au soir. Peu après son atterrissage, venant de Londres à bord de l’avion prêté par Churchill, il apprend que le président du Conseil, Paul Reynaud, a cédé la place au maréchal Pétain. Le travail de sape des défaitistes et la déroute des armées françaises ont eu raison du président du Conseil, sans cesse oscillant et qui, à bout, a démissionné. Albert Lebrun, le président de la République, a alors fait appel au vainqueur de Verdun. Avec Pétain, de Gaulle le sait, il faudra cesser le combat. « Ma décision fut prise aussitôt. Je partirais dès le matin. » C’est la sortie du cadre, la rupture après des décennies d’obéissance. Le soir même, il rencontre à son hôtel l’ambassadeur britannique Ronald Campbell, auquel se joint le général Edward Spears. L’attaché militaire britannique et de Gaulle conviennent de repartir dès le lendemain pour Londres. Le lieutenant Geoffroy Chodron de Courcel, son aide de camp, les accompagnera. Ce premier pas franchi vers la dissidence, reste l’incertitude jusqu’au départ. Jusqu’à ce soir-là, il était sous-secrétaire d’État à la Guerre – depuis dix jours seulement : il avait rencontré et revu Churchill, avec lequel il avait « accroché », et c’est à ses côtés, depuis Londres, qu’il avait annoncé la veille à Paul Reynaud l’accord fou germé dans la tête de Jean Monnet de fusionner les deux nations. Mais dans ce chaos tout peut arriver, même une arrestation. Sa détermination, de Gaulle la doit à Georges Mandel, qu’il a rencontré dans la nuit du 14 au 15 juin, alors qu’il pensait à démissionner de son poste de sous-secrétaire d’État à la Guerre. Les mots du ministre de l’Intérieur, l’élève de Clemenceau, ont été assez précieux pour qu’il les rapporte. « Nous ne sommes qu’au début de la guerre mondiale. Vous aurez de grands devoirs à accomplir, général ! Mais avec l’avantage d’être, au milieu de nous tous, un homme intact. Ne pensez qu’à ce qui doit être fait pour la France et songez que, le cas échéant, votre fonction actuelle pourra vous faciliter les choses. » De Gaulle est convaincu et il ajoute : « C’est à cela qu’a peut-être tenu, physiquement parlant, ce que j’ai pu faire par la suite. »

Article complet : lepoint.fr

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