Aujourd’hui, actualité oblige, on embarque vers une destination connue, fût-elle infestée par la brutalité, le bellicisme, la corruption, l’exhibitionnisme et la folie morale.
C’est important de délirer à ce sujet.
Sur la question de l’islam politique, mes positions sont connues. L’ambiguïté, le “en même temps”, le double discours, les concessions sous prétexte de ne pas faire du tort à la “communauté”, plus fantasmée que réelle, ne font pas partie de ma façon d’appréhender une question plus complexe que ne le laisse supposer l’attitude de la macronie.
Une attitude que l’on peut qualifier d’irresponsable, d’opportuniste, de clientéliste, de “multiculturaliste”, eu égard aux positions affichées ces derniers temps et dont les médias se sont fait des choux gras.
Comme ceux qui l’ont précédé, le pouvoir s’échine à définir une représentation des musulmans.
Or, on ne peut pas parler d’une communauté musulmane parce qu’elle n’existe pas ; il est impossible de créer une instance représentative pour un islam multiple. Osons le mot, l’islam identitaire est une imposture.
Pour les islamistes, toutes obédiences confondues, se distinguer, se démarquer des autres, c’est aussi assumer son Islam au sein d’une communauté qui constituerait un rempart contre les agressions qu’elle subit de toutes parts. Autrement dit, point d’Islam en dehors de la communauté dont les codes et les principes sont définis par eux.
Pour l’essentiel, l’on peut retenir trois idées maîtresses :
– La religion entretient le communautarisme.
– Le communautarisme constitue un terreau favorable, voire fertile pour le radicalisme et le terrorisme.
– L’instrumentalisation politique du communautarisme ne peut qu’être contre-productive, inefficace, voire même dangereuse et en tous cas à contre-courant de l’objectif recherché : donner sens au vivre ensemble.
D’abord, au risque de se répéter, la religion a, depuis la nuit des temps, servi d’alibi, de moyen de pression qui culpabilise l’individu, pour sauvegarder l’uniformité culturelle et la cohérence communautaire.
Et pourtant, malgré l’expérience désastreuse du CFCM (Conseil Français du Culte Musulman), l’Etat s’échine à agréger une communauté complètement divisée dès les origines de l’Islam. Et ce n’est pas le changement d’appellation « AMIF, Association Musulmane de l’Islam de France» qui change le projet au fond. Bien au contraire, ce choix ne répond pas aux besoins tout en ajoutant de nouvelles divisions aux anciennes.
Actuellement, ces divisions s’expriment au grand jour, d’autant que le “souci des choses de la terre l’emporte sur celui du ciel”; une guerre sans merci s’installe entre les différentes composantes de cette nébuleuse. Il y a du RIFIFI dans l’air.
Beaucoup d’observateurs l’ont souligné, l’Etat fait fausse route en stimulant le communautarisme. La démarche est antirépublicaine.
Ces divisions, l’Etat les entretient, il les nourrit objectivement, car il a peur d’une confrontation avec les islamistes et craint de se mettre en porte-à-faux avec les éléments les plus radicaux. Ce faisant, il se place sur leur terrain, le théologique, au lieu de les amener sur son terrain propre, le politique.
Cela les banaliserait et les obligerait à sortir du sacré qui leur procure une certaine immunité dont ils usent et abusent.
C’est ce que j’ai appelé “retrouver le réflexe laïc”, qui ne signifie rien d’autre que vivre l’autonomie du politique par rapport à la religion. Pire, l’Etat se propose d’instituer, contre tout bon sens un “Mufti de la République”, en la personne du sieur Tarek OUBROU.
Un personnage dévoré par l’ambition du pouvoir à un point tel qu’il propose de légiférer sur le texte sacré et les obligations canoniques de l’Islam.
La réaction de Asif ARIF, une sorte d’avocat des femmes voilées qui incarne une autre tendance de la nébuleuse islamiste, ne s’est pas fait attendre.
Selon lui bientôt, les cinq prières quotidiennes deviendraient optionnelles dans la logique de Tarek OUBROU, sous prétexte de préservation de l’Islam de France.
Qu’ils s’anéantissent, ce serait une bonne chose, ai-je rétorqué dans un post.
Enfourcher la rhétorique républicaine est une stratégie bien rôdé chez ces trafiquants et contrebandiers de l’islam, d’où la nécessité de les renvoyer à leurs déclarations passées et présentes.
En voici un florilège recueilli de la bouche du futur Mufti :
“La loi de 1905 sur la laïcité n’est pas un texte sacré”. Pauvre bougre! Il n’a pas compris que pour la république, le sacré n’existe pas, c’est une affaire de conscience personnelle.
“L’islam est politique et doit régir toute société sans entrave, en dépassant même les frontières”.
“Il s’agit d’un Islam global qui touche à tous les domaines de la vie”.
“Le califat a été aboli par Atatürk..; qui est un juif d’origine et qui s’est déguisé en musulman”. l’obsession du juif chez eux n’est jamais très loin.
“C’est une position de pêché car le califat est une obligation, et tant que les musulmans ne sont pas réunis autour du Califat, ce sont des pêcheurs”. Mensonge! Ce mot n’existe pas dans le Coran et son prophète n’a jamais prévu de calife, de mufti, d’imam…
“Notre attitude est une attitude salafite”.
Peut-on se laisser duper pas par son discours récent, adapté au statut qu’il convoite tant : le musulman doit être discret, on doit pouvoir changer pour s’adapter à l’époque (c’est moi qui souligne)…
Il faut rappeler que dans son dernier livre, il en appelle à la réconciliation avec la république. Ce à quoi j’ai répondu : jamais, je ne me réconcilierai avec les islamistes (je n’ai pas dit musulmans) et tous ceux qui prennent Dieu en otage.
La laïcité est trop précieuse, il s’agit d’une question d’avenir et de devenir à la fois.
Du reste, l’annulation de la proposition d’interdiction des sorties scolaires aux femmes voilées qui a été votée au sénat; l’accueil partout en France du tunisien Ghannouchi, un terroriste en cravate; l’adoption de la participation des responsables à l’iftar des intégristes; la paralysie, de peur d’être traité d’islamophobe, des autorités face à l’accès forcé de femmes en burkini aux piscines municipales, sont autant d’éléments qui traduisent non pas la force et l’intelligence des islamistes; mais le laxisme, la compromission, le clientélisme, si ce n’est la lâcheté de ceux qui gouvernent.
Pour conclure cette HUMEUR, je n’ai pas trouvé mieux que de vous inviter à méditer cette analyse du regretté Mohamed Talbi : « La lecture du Coran doit être sans cesse contextualisée et actualisée, en tenant compte des maqâsids, des intentionnalités du texte ». C’est cette lecture actualisée que refuse l’intégrisme, ce qui nous a donné les talibans, et Daesh avec lesquels on identifie l’Islam et le message coranique d’une façon générale.
De là à parler d’obscurantisme, il n’y a qu’un pas, et ce pas est vite franchi. Précisons donc que notre lecture est aux antipodes des lectures intégristes, qu’elle prend ses distances à l’égard des interprétations salafistes passéistes, et que ce travail, quoique limité, s’intègre néanmoins dans nos efforts de rénovation de la pensée musulmane ». Dans « Plaidoyer pour un islam moderne ».
Le voyage arrive à sa fin, tout le monde descend. Il faut garder le moral, “demain se lèvera le jour”, prédisait feu Ferhat ABBAS, un leader algérien d’envergure, inscrit dans la modernité.
Un bon week end !
Au prochain délire !
Khaled Slougui
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