Tribune Juive

Pessah Cacher Vesaméah L’année prochaine à Jérusalem, par Raphaël Nisand

Il ne faut pas être sorti de Saint-Cyr ni même être Donald Trump pour comprendre d’instinct la puissance du lien entre les Juifs et Jérusalem.

La Haggada de Pessah, ce récit de textes et de chants multiséculaire vient nous rappeler opportunément comme chaque année la teneur exacte de l’amour entre les Juifs et Jérusalem.

Les chants de Pessah célèbrent la libération du peuple hébreu asservi en Egypte au temps des pharaons. Le texte raconte les trésors de courage d’ingéniosité et de résilience qu’il fallut déployer pour quitter l’Egypte vers la Terre Promise, Eretz Israël, sans aucune chance crédible d’aboutir.

Les Juifs racontent depuis des siècles le soir de Pessah que c’est grâce à la protection divine que tant de miracles s’accomplirent.

Et l’un des moments les plus forts de la soirée c’est cette phrase chantée et enchantée qui sonne comme une promesse

« L’AN PROCHAIN À JÉRUSALEM » .

Le lien avec Jérusalem est depuis des millénaires cultuel, culturel, et politique. Des siècles et des siècles avant que ne vive Jésus il y avait là le grand Temple, le Beit Hamikdash avec sa fonction de centralité du judaïsme.

L’islam quant à lui n’est apparu que 6 siècles après Jésus , dans la péninsule arabique.

La simple histoire de Jérusalem devrait donc suffire à convaincre de la légitimité de la prétention juive sur Jérusalem. Mais il y a plus que l’histoire. Même si le grand Temple a été détruit une dernière fois par les romains et s’il a été remplacé des siècles après par une grande mosquée venue se nicher sur le mont du Temple, les Juifs n’ont jamais cessé d’habiter à Jérusalem pour une partie d’entre eux et ils n’ont jamais cessé de se tourner vers elle pour chaque prière importante.

Les Juifs où qu’ils soient dans le monde se tournent vers Jérusalem pour prier. Les musulmans quant à eux se tournent pour prier vers … la Mecque.

Pour les Juifs, Jérusalem est la seule ville sainte.

Il n’y a pas la Mecque, Médine, Qom, Kerbala ou encore Rome pour disputer on ne sait quelle primauté à Jérusalem.

De même avec les Juifs Jérusalem s’appelle Jérusalem et pas Al Qods comme en arabe.

Dans la Torah il est maintes fois question de Jérusalem, qui est l’épicentre de l’existence juive.

A l’inverse, sans tordre les textes, il n’est nulle part question ni de Jérusalem ni d’Al Qods, par exemple dans le Coran qui raconte une histoire qui se déroule intégralement dans la péninsule arabique.

On comprend que dire comme l’ONU, l’UNESCO ou d’autres enceintes internationales commandées par une coalition anti-juive, que Jérusalem n’a rien à voir avec le judaïsme est une absurdité.

L’histoire récente de Jérusalem démontre s’il en était besoin, la nécessité que le lien historique soit complété par un lien de souveraineté.

Tout d’abord il n’y a jamais eu de souveraineté arabe sur Jérusalem. De la chute des croisés à la fin de la première guerre mondiale c’est l’empire ottoman qui y a régné en maitre absolu, maintenant chrétiens et Juifs, tous les non musulmans dans un statut de dhimmitude c’est à dire dans une discrimination négative, un apartheid avant l’heure et un vrai !

Pendant la Shoah la population musulmane de Jérusalem s’est illustrée très négativement en suivant son chef spirituel et politique Amine El Husseini, le grand mufti de Jérusalem.

Amine El Husseini s’est affirmé comme un ami d’Hitler et un soutien du nazisme.

Une photo le montre passant en revue une légion de volontaires SS musulmans bosniaques et leur faisant le salut nazi …

Nul ne l’a désavoué.

En 1948 à la création de l’Etat d’Israël par l’ONU la Jordanie déclare la guerre et la légion arabe, troupes de choc de la Jordanie s’empare de Jérusalem-est et de la Judée-Samarie désormais appelée Cisjordanie, créant un fait accompli jordanien sur une partie de Jérusalem et une partie de la Palestine mandataire.

De 1948 à 1967 personne n’a protesté contre cette annexion de fait et il y eut malgré tout un état de guerre permanent.

Tous les voisins arabes d’Israël pérennisant l’état de guerre. Il est à noter que pendant toute cette période de domination jordanienne, l’accès aux lieux saints qu’ils contrôlaient fut totalement interdit aux Juifs (sans que personne en s’en émeuve ) mais aussi aux chrétiens ( ce que tout le monde semble oublier ).

En 1967 lors de la guerre des 6 jours Israël a contre toute attente réussi à inverser le cours des choses.

Mais Israël a réagi dans cette affaire avec délicatesse et a décidé alors que rien ne l’y obligeait et surtout pas les lois de la guerre de confier l’administration des lieux de culte musulmans érigés sur le mont du Temple au waqf, l’administration religieuse musulmane jordanienne qui les gérait précédemment.

Le gouvernement israélien, guidé par sa délicatesse de démocratie, interdit même aux Juifs de venir prier dans ce lieu saint afin d’éviter tous heurts inutiles. Pourtant c’est là qu’était le grand Temple.

Dans le même temps les lieux saints chrétiens ont été confiés en gestion à chacune des églises suite à une négociation très pointilleuse.

Dans l’histoire multimillénaire de Jérusalem seul l’Etat d’Israël a voulu et su organiser la liberté de culte dans la ville sainte.

Ce seul constat devrait en lui-même être l’argument dirimant pour qu’Israël se voie reconnaitre par toutes les nations la souveraineté sur Jérusalem.

Jérusalem c’est Sion et au-delà du sionisme qui est la doctrine politique du retour vers Jérusalem, le chant de Pessah L’an prochain à Jérusalem retentit bien sûr encore plus fort cette année pour les Juifs de France.

D’abord, parce que Jérusalem est israélienne et qu’elle a retrouvé toutes les couleurs des libertés mais aussi parce qu’au-delà de l’idéal du retour à Sion se posent avec une acuité nouvelle les questionnements liés à l’avenir des Juifs en Europe.

C’est sûr que la France devra choisir entre l’énergumène qui a insulté Finfielkraut en lui hurlant « on est chez nous « en lui montrant son foulard palestinien et les Juifs.

Pour le moment l’énergumène est convoqué en Correctionnelle et c’est plutôt Finkielkraut qui a droit de cité.

Mais qu’en est-il dans les cités ? Les Juifs de Seine Saint-Denis et de bien d’autres territoires perdus le savent bien. Ils votent avec leurs pieds en quittant les lieux où pharaon renait.

Pendant qu’en France les nuages s’amoncellent la lumière éclaire de plus en plus Jérusalem.

Israël devenu la 8ème puissance mondiale, la start-up nation, le pays le plus écologique aussi avec ses formidables trouvailles pour rendre l’eau salée douce ( comme la mer rouge le fut pour les hébreux) voit un mouvement important se dessiner pour lui reconnaitre le droit de choisir sa capitale .
Dans les Amériques et dans plusieurs pays d’Europe le mouvement de reconnaissance de la légitimité de l’Etat et de sa capitale prend une ampleur inédite.

C’est incroyable mais vrai, l’An prochain à Jérusalem n’est plus seulement une prière ou une invocation, cela peut devenir une réalité enthousiasmante.

Raphaël Nisand
Chroniqueur le lundi matin 8H30 sur Radio Judaïca FM

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