La France cache-t-elle qu’elle est antisémite ? Les statistiques d’actes antisémites, que certains découvrent aujourd’hui, étaient déjà là depuis longtemps.
Pour combattre l’antisémitisme en France ce n’est jamais le bon moment. Il y a toujours une bonne raison pour ne pas le faire. Pendant l’occupation, la « bonne » raison, c’était la présence allemande. Dans la zone occupée, elle dissuadait la majorité des Français de tendre la main à « ces Français pas comme les autres ». Mais dans la zone libre, c’était quoi la bonne raison? En zone libre où il n’y avait pas d’Allemands jusqu’en novembre 1942, les Français n’ont eu besoin de personne d’autre pour rafler et organiser les convois qui menaient à Auschwitz.
Une fois la guerre finie, le général De Gaulle fixe comme règle de conduite de passer l’éponge pour rassembler les Français qui s’étaient déchirés dans la guerre. Résultat, il faudra attendre le film « le Chagrin et la pitié » dans les années 60 et le discours du Vel d’Hiv’ en 1995 de Jacques Chirac pour reconnaître et assumer ce passé honteux. Faire l’impasse sur Vichy, « blanchir » ces Français qui s’étaient montrés complices de la solution finale, ménager ceux qui avaient tourné la tête pour éviter de voir, c’était peut-être le passage obligé pour reconstruire un pays en miettes. On peut discuter sans fin pour savoir si oui ou non le Général De Gaulle a eu raison de refermer rapidement cette parenthèse tragique -lui au moins avait des raisons solides pour le faire- mais les autres?
En 1972, il y a la prise d’otages et le meurtre de 11 athlètes israéliens par un commando palestinien pendant les Jeux Olympiques de Munich. Un acte présenté par une partie de la gauche et de l’extrême gauche française comme antisioniste mais qui déjà ne vise que des juifs. Jean-Paul Sartre, l’icône de cette mouvance, déclare alors: « Le terrorisme palestinien, c’est l’arme des pauvres ». Dès lors ce raccourci indigent qui rassemble dans une formule facile l’héritage communiste et anticolonialiste à la fois va fixer pour longtemps les éléments de langage de l’antisionisme jusqu’à aujourd’hui dans la gauche française.
Et pourtant, Sartre n’était pas le pire de ces esprits égarés. Il aura même des mots réparateurs sur Israël. Mais le mal est fait. En 1976 en Ouganda, des commandos pro-palestiniens séparent les juifs des autres passagers du Boeing d’Air France détourné sur l’aéroport d’Entebbe dans l’intention de les exécuter. La frontière factice entre antisionisme et antisémitisme tombe. Sartre tentera bien de prendre ses distances avec ses amis mais trop tard. Les antisionistes ont franchi la ligne rouge depuis trop longtemps, ils ont un boulevard devant eux qui mènera la gauche au déshonneur.
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