« Monsieur Habib, vous êtes député français. D’où vous permettez vous de poster ce genre de choses ? Vous qui critiquiez l’autre jour l’ “ingérence” d’autres pays en Israël ? »
Sur Facebook, ce post pour critiquer un texte de Meyer Habib, un des députés de l’Assemblée Nationale qui représentent les français domiciliés à l’étranger. Il faut dire que Meyer Habib n’a pas fait dans la subtilité : il a carrément demandé aux franco-israéliens de voter Netanyahu qui serait le seul homme politique capable de gérer les intérêts d’ Israël et de faire face aux menaces.
Quand Emmanuel Macron invite Lapid à l’ Élysée 48 heures avant le scrutin , on peut estimer qu’il y a soutien de la France à l’un des candidats des élections israéliennes. Certains ont même parlé d’ingérence. Et quand un député français fait la campagne de l’un des candidats ? Ingérence, ou maladresse ? Il est évident que Netanyahu est le moins disposé à écouter les mêmes recommandations que le Quai d’Orsay délivre depuis 60 ans aux responsables politiques d’Israël.
Mais Meyer Habib est un député français et il a été élu grâce aux voix des Français résidant en Israël. Il représente toute la communauté nationale au même titre que tous les autres élus et il est également en charge des électeurs de sa circonscription. Il peut indiquer ce qu’il pense être le bon choix pour ses électeurs et il n’est pas obligé de l’aligner sur celui du pouvoir exécutif français.
En désignant le candidat qu’il préfère, Meyer Habib adresse un témoignage de reconnaissance envers Netanyahu qui l’avait soutenu et il accepte de perdre des électeurs mécontents de son choix.
Il n’y a pas lieu d’incriminer Meyer Habib qui a le courage de ses choix politiques. Il n’est pas un représentant du gouvernement français mais un député libre de ses orientations.
André Simon Mamou
Tout cela fait beaucoup d’ingérences.
La plus grave est évidemment celle de M. Macron dont l’action maladroite recouvre M. Lapid des vertus de notre président, manteau lourd à porter, et de l’antisionisme distingué de la politique française, vertu bien compromettante. On peut penser que notre professeur-président riposterait aux discours abusifs du gouvernement Israëlien qui appelle les Juifs français à fuir la France qui ne les protégerait pas. En langage diplomatique, quand on n’est pas en guerre contre une puissance étrangère, celle-ci est considérée comme un pays ami et toute ingérence est inamicale.
La question de toute double nationalité est bien un problème: à défaut de renoncer à la nationalité française il est souhaitable que les doubles nationaux qui ne payent pas d’impôt en France ne votent pas pour les élections françaises. Pour M. Habib, on ne peut lui reprocher le soutien passé de M. Netanyahou qui défend les intérêts d’Israël, mais on peut lui reprocher son ingérence dans les élections Israëliennes: un député n’est pas un berger jaloux de son autorité. M. Mamou rappelle justement que le député est l’élu de la Nation, non de sa circonscription; celle-ci, pour M. Habib, compte également Chypre et la Grèce, deux pays alliés militaires fidèles d’Israël qui ont besoin de tous les soutiens.
Pour rester sur cette question de double nationalité, avant d’être exécuté sommairement, la double nationalité française-israëlienne menace un principe mais ne menace aucun des deux pays. La menace est la prétendue nationalité européenne qui est une monstruosité juridique -l’UE n’étant pas un Etat- et la subversion, par principe, de toute souveraineté nationale. Nous avons l’exemple Suisse à qui l’UE impose la violation de la Constitution suisse et le Royaume Uni qui se trouvait privé, par le fameux deal, de sa souveraineté sur l’Irlande du Nord. Si le Royaume Uni restait bloqué dans une union douanière avec l’UE, il devrait poursuivre la politique qu’affectionne M. Macron des tristes étiquettes UE:
“produit de colonie Israëlienne”.
Pour l’élection Israëlienne, qui ne peut affecter les intérêts français et qui n’est pas notre affaire, je veux parler d’une ingérence qui menace gravement la souveraineté Israëlienne et que les amis d’Israël semblent ignorer: il s’agit de l’étreinte éléphantesque de M. Trump qui a saisi un pays dont l’indépendance est reconnue maintenant sans réserve et qui retourne en arrière pour apparaître comme un jouet politique américain. M. Trump ne peut être l’ami que de M. Trump, il ne sert que ses intérêts politiques et ne flatte que la mob dangereuse des évangéliques, hérétiques fanatiques qui prétendent parler avec Dieu et obéir à Dieu. Qui peut faire confiance à ces gens qui ont assuré le succès d’un fasciste au Brésil pour pratiquer l’antisémitisme et l’amour proclamé d’Israël?
M. Netanyahou avait enfin la chance de gouverner seul, avec une majorité Likoud débarrassée de ses alliés excités; il est apparu comme le candidat de M. Trump et comme un politicien à l’américaine qui jette des accusations de trahison comme des confettis. Cette élection est une défaite d’Israël, une défaite de l’idéal sioniste qui semble trop souvent triompher comme un seul combat anti-musulman.