C’était un 4 avril. En 2017.
Dans le XIème arrondissement. En plein Paris.
Rue Vaucouleurs, dans ce petit complexe de 3 immeubles, vivait Sarah Halimi. Médecin. Elle y dirigea une crèche.
Sarah Halimi, divorcée, vivait seule.
De temps à autre, rarement, certains la voient sortir, avec ses petits-enfants : elle est juive orthodoxe.
Rue Vaucouleurs, dans ce petit complexe de 3 immeubles, vivait aussi Kobili Traoré. Une petite frappe. Déjà un dossier épais à son passif. Des méfaits peu honorables. Mais jamais à ce jour il n’avait tué.
Ce que l’on sait, c’est que sur le passage de Sarah, souvent on crache. Une Juive, vous comprenez.
Sale Juive.
Lui, La religion, Ça n’est pas trop son truc. Et je le crois volontiers. Merah non plus n’était pas un pilier de mosquée. (Ça se dit, ça ?)
Le 3 avril, pour des raisons que l’on ignore, Lui y est allé à la Mosquée. La Mosquée Omar. Rue Jean-Pierre Timbaud. Celle que l’on dit radicale. Celle dont on sait tous qu’elle fut, en 2014, citée en justice. Parce qu’en son sein se croisèrent des individus soupçonnés d’être partis en zone pakistano-afghane. D’en être rentrés. Tout ce beau monde communiquant tranquillos par le biais d’une messagerie commune, via des mails classés dans la partie brouillons du serveur.
Le 3 avril, Notre garçon, en délicatesse avec sa famille, va passer la soirée chez un voisin : ils boiront. Fumeront. Des heures durant.
Ce que l’on sait tous, c’est que à 4 heures du matin, l’individu, surnommé bébé par les siens, va soudainement décider d’aller visiter Sarah. Pour ce faire, il n’y a qu’une option : réveiller la famille Diarra, dont le balcon communique avec celui de Madame Halimi. Traoré connaît les lieux : il sait exactement que là est le seul passage qui lui permettra d’entrer par effraction chez Sarah. Sarah sur le passage de laquelle lui et sa sœur crachent.
Il est 4 heures ? Qu’importe à notre homme, lequel se fait ouvrir la porte des Diarra : la vie est bien faite, ceux-là sont originaires du même village malien. La porte, ils l’ouvriront.
Abasourdi le père Diarra en effet l’ouvrira, cette porte, pour trouver un Traoré tellement excité que la famille entière prend peur, s’enferme dans une même pièce et appelle la police.
Notre garçon, lui, n’a pas perdu son objectif de vue. Il sait précisément où il veut aller et comment y aller.
Le voilà donc, à 4heures et 5 minutes, entré par effraction chez la malheureuse qu’il sort de son sommeil, tire à terre où il s’acharnera sur elle, la fracassant monstrueusement comme l’attesteront les rapports d’autopsie. Celle qui écrit les a lus.
Elle, Elle hurle. Elle hurle tant que les voisins alentour se réveillent. Lui aussi hurle : des témoins auditifs raconteront sa rage, les pros qu’il tint, les sourates qu’il récita en commettant son forfait. Une voisine appela la police. Déjà demandée par la famille Diarra.
Ça n’est pas tout. Notre homme a ouvert la fenêtre. Le voilà à présent capable de simuler : il crie que Sarah veut se suicider. Il la tient sous les bras. Elle hurle comme on peut aisément, douloureusement, imaginer. Il la jette par la fenêtre. Vivante. Son corps tombera aux pieds de voisins assemblés, pétrifiés, mais aussi aux pieds de policiers. La BAC et la BRI. Réunies. Qui n’auront pas su … intervenir à temps. Qui n’auront pas trouvé, inventé, le moyen d’empêcher le drame qui se déroula sous leurs yeux : Sarah avait été lynchée, fracassée, défenestrée vivante, parce que Juive. Et ce durant 50 minutes. Sheitan et Allahu Akbar ponctuant tout ça.
Ça se passa sous leurs yeux. Sous leurs yeux !
4 avril. Au matin. Une information est ouverte pour homicide volontaire et François Mollins sera chargé de l’enquête.
Il faut un jour et même deux pour que la presse s’empare mollement de L’Affaire. De loin, Notre Askolovitch a déjà décidé que tout ça ne relevait en rien d’une histoire antisémite : ne le voilà-t-il pas qui parle, un brin méprisant, de cette vieille dame assassinée qui paniquait la communauté française[1]
Une analyse toxicologique révèle la présence de cannabis dans le sang du coupable, duquel l’état psychiatrique est jugé incompatible avec la garde à vue. Le voilà interné.
Une première expertise psychiatrique est demandée au grand Zaguri, l’expert des Génies du mal.
Entretemps, notre suspect, jugé enfin apte à être entendu, reconnaît les faits. Tout en niant la moindre motivation antisémite : c’est l’cannabis, qu’il dit déjà.
Le voilà mis en examen pour homicide volontaire et séquestration de la famille Diarra. L’assassinat n’est pas retenu, la barbarie non plus.
La France est choquée. Voilà nos représentants sommés de réagir : le jour de la commémoration de la rafle du Vél d’Hiv, notre Président himself demandera à la justice de faire toute la clarté sur ce crime…
Enfin, Zaguri rend ses conclusions. Pour avoir eu entre les mains les pages de cet interminable rapport, je suis en mesure de vous dire que … la tâche n’a pas de l’être aisée… Traoré dont le trouble mental aliénant est indiscutable, a été reconnu pour autant responsable : le fait que la victime soit juive l’a immédiatement diabolisée… Autrement dit, le crime de Traoré est un acte délirant et antisémite.
Le Parquet demande à la juge chargée de l’enquête que le caractère antisémite soit retenu. Nous sommes le 4 septembre.
Nous voilà mi-décembre 2017. Maître Buchinger dépose une demande d’acte d’instruction afin que la magistrate étende la mise en examen aux circonstances aggravantes d’antisémitisme, d’assassinat et d’actes de tortures et de barbarie.
Sans réponse, l’avocat saisit le 22 janvier 2018 le Président de la Chambre de l’Instruction.
C’est la Cour d’appel qui tranchera : la juge doit reconnaître le 27 février 2018 le caractère antisémite comme circonstance aggravante. Je ne sais pourquoi : j’eus le sentiment qu’il n’y avait point là un acte … spontané.
Mais ce serait trop simple. Voilà qu’une contre-expertise confiée à un collège de 3 experts conclura en juillet 2018 à l’abolition du discernement de Bébé au moment des faits.
Il faut donc une contre-expertise de la contre-expertise : elle vient d’être rendue le mois dernier : notre Traoré est atteint d’une bouffée délirante aigue d’origine exotoxique : la conclusion tombe, terrifiante : l’abolition du discernement de Traoré compromet la perspective du procès d’un assassin qui ne souffre pas de maladie mentale.
Rien n’y aura fait.
Paroles Paroles
Nos pétitions Notre Manifeste Nos rallyes Le sujet évoqué au sein-même du Parlement à Rome. Les accusations de déni du réel étayées par nos intellectuels. Le courage de Frédérique Ries, au sein du Parlement européen. Chère Frédérique Ries.
A part ça, le silence médiatique fut éblouissant : il ne fallait pas perturber le récit du monde enchanté, nonobstant parfois son évidence monstrueuse, écrivit Arnaud Benedetti dans Le Figaro. Quelques-uns tentèrent de réveiller la France, de hurler au scandale. Tout réel est évacué s’il est susceptible de faire le jeu du Front national, écrivit Michel Onfray. Toujours dans Le Figaro : Sarah Halimi a été tuée deux fois.
Sombre anniversaire.
Dont personne ne parla.
Le Temps de la Justice, me répète-t-on…
Je veux bien en convenir. Je suis tout, sauf compétente en la matière.
Mais nul ne m’empêchera d’interroger encore et encore.
Moi qui ai assisté, déconcertée, au jeu des chaises musicales, qui faisait qu’on ne savait plus Qui y était, Qui en était sorti, de l’Affaire. J’en sais qui apprirent par la Presse avoir été dessaisis…
On nous annonça alors l’entrée en lices de Maître Szpiner, duquel tous nous savons comment il l’emporta dans le procès Ilan Halimi.
Aujourd’hui, Le même nous explique patiemment les choses et décidément il ne nous convainc pas.
Pourquoi une expertise puisque Traoré ne nie rien, dit-il ?
Pour savoir où ça a merdé avec la police, Maître, sauf votre respect.
Vous ignorez ce que c’est que d’investir un appartement en ces circonstances, s’agace-t-il encore.
Je sais que être assassinée en direct en plein Paris est a-normal !
Il explique encore que tout n’est pas joué : la juge, mise face à des avis non concordants, après Que les avocats donneront leurs observations. Le Procureur aussi. Devra prendre une décision de non-lieu ou de poursuite. Et ajoute que la Chambre de l’instruction pourra évoquer publiquement l’affaire avec présence de l’auteur présumé, auditions des experts, et le cas échéant… les témoins[2].
De quoi vous plaignez-vous ? La Ministre Nicole Belloubet a demandé le 2 avril aux Parquets de … serrer la vis ! Et Frédéric Pottier est très colère.
Où donc est le problème.
Qu’est-ce qui bloque.
Mon amie D., Magistrate à la retraite, écrit froidement qu’ainsi, ce qui est interdit par la loi, à savoir la consommation de produits stupéfiants, devient ainsi une cause d’irresponsabilité pénale pour un homicide aggravé. Circonstance aggravante pour la conduite d’un véhicule terrestre à moteur. Mais cause d’irresponsabilité dans ce cas. Il reste aux avocats pénalistes, finit-elle, à s’engouffrer dans cette brèche en forme d’Hérésie juridique.
Mon amis L., avocat à New York, a, lui, demandé des comptes au CSM, rappelant qu’un magistrat a obligation de restituer aux faits leur exacte qualification juridique et demandant à ce titre pourquoi était refusée systématiquement la reconstitution du drame.
Paul Leslie, Docteur, depuis Londres, ne lâchera rien.
Yves Sokol, qui, depuis deux ans, inlassablement chaque jour égrène le temps : non plus
Ruth Goldberg, avocate, pareil.
Et d’autres. Nombreux.
Sarah Cattan
[1] Slate. 7 avril 2017.
[2] Twitter. 18 mars 2019.
OUI, SARAH A ÉTÉ ASSASSINÉE DEUX FOIS.
Son deuxième meurtrier schizophrène est la lâcheté institutionnelle et la vraie fausse conscience collective.
La lâcheté institutionnelle se décline en quatre cercles : le politique, l’idéologique, le judiciaire, le médiatique.
Oui Sarah a été une seconde fois victime du langage commun de ces quatre cercles qui réfutent l’acte meurtrier antisémite et qui adoptent les quatre postures fondamentales du négationnisme de la Res Plublica « made in France » propres à la politique de l’autruche.
INDIVIDUALISER : chaque cas serait un seul cas, ce qui permet de se dédouaner de toute réflexion globale, philosophique, historique, ainsi sur les causes de la violence inouïe perpétrée contre Sarah.
PSYCHIATRISER : ainsi sur tout jeune musulman drogué à tout, y compris aux sourates, d’être exonéré d’une doctrine politico-religieuse aussi dangereuse et nauséabonde que le nazisme et les écrits de Rosenberg.
COMPLEXIFIER:le parquet aux ordres du pouvoir exécutif et les juges du siège imbibés de l’idéologie gaucho-socialiste à l’ancienne se retrouvent pour d’une part non qualifier, d’autre part pour créer un labyrinthe de procédure ce qui conduit au quidam ( qui y perd son latin ou son hébreu) à se décourager à relire d’une façon sereine et dépouillée le récit d’un meurtre antisémite.
SE TAIRE : les médias qui , pour faire plaisir « aux voyeurs plagistes de Closer et Voici » et qui font du procès Adidas leur prime news , précipitent dans l’oubli le calvaire de Sarah et la vraie réalité historique que nous vivons.
La lâcheté institutionnelle engendre la lâcheté collective et sa fausse bonne conscience;les citoyens de la Polis donnent donc argumentaire à la première.
Oui, Sarah Cattan, je suppose que vous êtes considérée comme hystérique dans les débats, dans les repas d’amis ou en ville.
Je pense à Sarah et deux mots me viennent à l’esprit pour décrire ce déni dans lequel se vautrent aussi certains lecteurs et commentateurs de TJ : TRISTE ET PATHETIQUE.
Merci Josaphat pour ce commentaire percutant ce négationnisme ambiant Institutionnel. La négation du motif criminel rappel de très mauvais souvenir de l’Histoire européenne récente et incite à la haine raciale .
Oui Madame Halimi vous êtes assassiné une deuxième fois par nos institutions laxiste , politique et médiatique.
Comme disait ce grand écrivain juif marqué par la shoah, les peuples qui oublient leur histoire sont appelé à la revivre