Jusqu’à présent, depuis la seconde guerre mondiale l’Allemagne avait toujours agi en amie des Juifs et d’Israël. Quand on parle de l’Allemagne il s’agit évidemment de l’Allemagne de l’ouest, celle de l’est étant alignée sur l’antisémitisme soviétique rebaptisé antisionisme.
L’Allemagne de l’ouest s’est fait un devoir d’indemniser les victimes juives de la politique nazie et Israël avec des dommages de guerre non négligeables.
Elle a également accueilli de façon pro-active les Juifs soviétiques qui fuyaient les persécutions communistes et elle a souvent soutenu Israël dans les enceintes internationales. Elle a largement octroyé la nationalité allemande à une immigration juive venant de tous pays.
L’Allemagne a toujours estimé avoir une dette imprescriptible à l’égard d’Israël .
Mais, depuis 2 ou 3 ans cette retenue bienveillante a totalement disparu.
Les incidents antisémites sont en augmentation exponentielle sans qu’une parade véritable soit mise en place par les autorités allemandes.
Le seul restaurant israélien de Berlin fait l’objet de plusieurs agressions hebdomadaires, insultes, outrages, agressions, menaces de mort jets de projectiles, tout y passe, et les autorités ne bougent pas ni celles de la ville de Berlin ni celles de l’Etat.
Toujours à Berlin en 2018 un israélien arabe qui avait fait le pari de se promener avec une kippa dans la rue n’a fait que quelques mètres avant de se faire casser la gueule d’importance par un migrant syrien au cri de yahoud, Juif en arabe. Le syrien interpellé n’a eu qu’une peine de principe.
L’Allemagne ne soutient plus du tout Israël au sein de l’Union Européenne et à l’ONU à la différence d’autres pays européens qui restent amis d’Israël.
Mais en donnant l’Ours d’or du festival international de cinéma de Berlin en 2019 au cinéaste israélien Nadav Lapid pour son film intitulé Synonymes, le principal festival allemand a franchi une ligne rouge proprement incroyable, une ligne qui nous ramène indiscutablement à des temps obscurs.
Dans ce film qui reçoit l’équivalent de la palme d’or de Cannes, on entend l’acteur représentant Nadav Lapid dire je le cite « Je suis arrivé en France pour fuir Israël. Fuir cet Etat méchant, obscène, ignorant, idiot, abominable, sordide, fétide, grossier, odieux, lamentable, répugnant, détestable, abruti, étriqué, bas d’esprit, bas de cœur » fin de citation.
A noter aussi que l’auteur refuse dorénavant de parler l’hébreu , langue à laquelle il voue la même haine qu’à son pays.
Ainsi, après avoir fait quasiment disparaitre le yiddish l’Allemagne s’en prend à l’hébreu. C’est très grave.
Voilà donc ce qui a charmé notre grand jury du festival de Berlin.
Convenons qu’on peut faire plus amical et qu’il est étonnant que dans le pays des nazis on ose vilipender ainsi l’Etat Juif et la langue la plus parlée au monde par les Juifs, l’hébreu. Curieux retour en arrière sauf que là c’est au nom de la culture et du boboisme qui ont bon dos.
Quelle jouissance pour les antisémites de tous poils que de trouver un israélien qui vienne autant satisfaire leurs désirs les plus sombres.
C’est une constante dans le cinéma israélien . Ceux qui veulent trouver une oreille attentive et des spectateurs en Europe doivent dire le plus de mal possible d’Israël et là, la critique unanime s’extasie devant le chef d’œuvre et prime le film anti-israélien.
On peut peut-être penser que ce film est génial mais il n’en est semble-t-il rien.
Il n’y a qu’à voir la bande annonce pour constater qu’il est d’un ennui absolu.
Cas unique dans la presse française trop contente de taper sur Israël par le biais de la culture avec un grand K, le canard enchainé classe ce film en dernière position des sorties de la semaine dans la rubrique la plus négative sous l’intitulé « les films qu’on peut ne pas voir cette semaine ».
Quand l’Allemagne retrouvera-t-elle la raison ?
Imagine-t-on par exemple que serait primé un film parlant ainsi de l’Allemagne ou de la France ? Que dirait-on en France d’un cinéaste qui insulterait ainsi la France et la langue française ?
Qu’un cinéaste israélien le fasse c’est donc la preuve que tout est possible en Israël, une démocratie qui peut en remontrer à beaucoup.
Mais ce manque de clairvoyance et cette haine exprimée via ce grand prix du cinéma de Berlin devraient logiquement provoquer une vague d’indignation en Allemagne et en Europe.
On en est loin et désormais l’Allemagne ne pourra plus s’exonérer de sa grande part de responsabilité dans la renaissance d’un antisémitisme virulent sur son sol. Elle l’adore.
Raphaël Nisand
Chroniqueur le lundi matin 8H30 sur Radio Judaïca.
Une analyse percutante: https://mabatim.info/2019/03/25/quelques-reflexions-psychanalytiques-sur-le-post-sionisme-israelien/#more-16019
Vous dites : « on entend l’acteur représentant Nadav Lapid dire je le cite « Je suis arrivé en France pour fuir Israël. Fuir cet Etat méchant, obscène, ignorant, idiot, abominable, sordide, fétide, grossier, odieux, lamentable, répugnant, détestable, abruti, étriqué, bas d’esprit, bas de cœur » ».
Or comment un pays comme Israël peut-il accepter de la part d’un citoyen israélien qu’il crache un tel venin par le biais de son film à l’étranger ? C’est tout bonnement de la discrimination, de l’incitation à l’antisémitisme, à la haine raciale… Un non-Juif, pour de tels propos, serait, à juste titre, immédiatement poursuivi en justice par le gouvernement israélien et tous les Juifs du monde entier. Or est-ce le cas pour ce cinéaste israélien ? D’ailleurs, mérite-t-il encore d’être israélien ?
L’Allemagne est toujours rattrapée par ses démons antisémites.
Monsieur,
Vous avez peut-être raison en ce qui concerne l’attitude de l’Allemagne vis-à vis des Juifs et d’Israel, mais en ce qui concerne le film Synonymes je n’ai pas trouvé qu’il est particulièrement méchant pour Israel. En fait je l’ai trouvé plutôt médiocre et mis à part la plastique sympathique du héros(on le voit souvent nu et pas toujours très propos), on n’ y trouve pas grand-chose d’intéressant. Le comportement de ce jeune homme est une attitude individuelle et s’il critique son pays, je pense qu’il en a le droit; d’ailleurs on s’aperçoit qu’il est un peu fragile psychologiquement et que certaines situations ne sont pas très vraisemblables; L’année dernière, en revanche, est sorti un autre film de Samuel Moaz, Foxtrot. Ce film-là est excellent et la critique d’Israel et en particulier de son armée est beaucoup plus forte et crédible. C’est un film vraiment antimilitariste et dans ce cas on pourrait dire que le metteur en scène en veut vraiment à son pays. Si vous avez l’occasion de le visionner n’hésitez pas, ça vaut la peine et vous verrez à quel point Synonymes est insignifiant.