Incroyable ce documentaire !
On en sort bouleversé, sonné, choqué, étonné, chaviré… Ce n est pas tous les jours qu on peut voir un film sur la sexualité des ultras-orthodoxes, celle de la communauté hassidique. Ce film est la trajectoire de M, comme Menahem Lang qui raconte – et joue – sa propre vie. Il fut dans son enfance victime de prédations sexuelles, oui de viols, au sein d’une des plus grandes communautés ultra orthodoxes au monde, celle de Bnei Brak, à Tel Aviv.

On le découvre quand il a 35 ans, avec sa douleur à fleur de peau, ses yeux bleus. Après s être enfui à 20 ans de ce monde ou il est né, après avoir dénoncé à la télévision israélienne les exactions dont il y fut l objet, après avoir subi des menaces, après avoir rompu avec ses parents, il retourne avec la réalisatrice du film, Yolande Zauberman. Et là il retrouve ses agresseurs, plutôt ils sont dénoncés. On découvre ainsi que les pratiques dont fut victime Menahem sont à la fois répandues et tenues de longue date sous le boisseau, secrètes
On pourrait penser au film sur le célibat des prêtres, mais non, dans ce film, ce sont des hommes mariés, des pères de famille qui sont mis en cause, laissant penser que cette pratique est généralisée dans cette communauté. On est profondément touché par tant de révélations. C est un tournage de nuit et violemment éclairé sur les personnages ce qui accroît l’angoisse qui nous saisit. Le quartier est filmé en partie clandestinement, dans l ´obscurité des cimetières, où dans la ferveur des oratoires. Les dialogues sont en yiddish. La tension est forte.
Les confessions ahurissantes qu’enregistre la réalisatrice sont insupportables à écouter. Les gens se confient à visage découvert, dans cette pénombre angoissante, et qui révèle un monde parallèle où souffrent ceux que l on refuse de voir. Et on finit par s’attacher à Menahem, à saluer son courage d’affronter ses agresseurs.
On ne sait pas avec lui sur quel pied danser quand il se confie sur son penchant pour les transsexuels, filmé dans une décapotable aux côtés d une prostituée. On le sens à l aise finalement dans ce milieu ultra religieux, heureux d avoir dégagé de son esprit toutes les souffrances qu il a subies. Un mois après la sortie du film de Francois Ozon, « Grâce à Dieu », ce documentaire époustouflant s’attaque à la pédophilie dans le milieu religieux. Mais avec quelle virulence insoutenable !
Alain Chouffan