Selon le Centre d’études de politique européenne, le PIB de la France a été amputé de 374 milliards d’euros sur la seule année 2017, du fait de l’adoption de l’euro voici 20 ans. Les auteurs de l’étude invitent l’Hexagone à mettre en oeuvre les réformes nécessaires pour améliorer sa compétitivité.
Introduit en 1999 (sous sa forme virtuelle et non fiduciaire), l’euro fête ses vingt ans cette année. Pour l’occasion, le Centre d’études de politique européenne, un groupe de réflexion allemand, a dressé le bilan de la monnaie unique en tentant de répondre à une question, à savoir: quel serait le PIB par habitant d’un pays donné s’il n’avait pas adopté l’euro?
Et les résultats sont édifiants. Rappelant que l’euro a connu une grave crise en 2009, obligeant plusieurs pays à être placés sous assistance financière, le Centre d’études de politique européenne estime que la majorité des Etats membres n’ont pas profité de l’instauration de la monnaie unique. Ils seraient même tous perdants sur le plan économique, à l’exception de l’Allemagne et des Pays-Bas.
Afin de mesurer les effets de l’introduction de l’euro, les auteurs de l’étude ont appliqué une méthode visant à comparer la santé économique de huit états membres (Allemagne, France, Pays-Bas, Belgique, Espagne, Grève, Portugal et Italie) avec celle d’un groupe de pays avant et après l’adoption de la monnaie unique.
La France et l’Italie, grandes perdantes
Pour chacun des Etats membres, le groupe utilisé comme échantillon comparatif devait être composé de pays dont la trajectoire de croissance et le PIB par habitant étaient proches de ceux du pays étudié avant introduction de l’euro. Par ailleurs, ils ne devaient pas avoir été touchés par des chocs majeurs au cours de la période 1980-2017, ni faire partie de la zone euro.
La France, dont la situation a été comparée à celles de l’Australie et du Royaume-Uni, aurait enregistré un PIB supérieur de 374 milliards d’euros en 2017 si elle n’avait pas adopté l’euro, selon les conclusions de cette étude. Ce qui représente une perte de 5570 euros de PIB par habitant. L’Hexagone serait ainsi l’un des plus grands perdants de la Zone euro. Seule l’Italie arrive derrière avec un manque à gagner de 530 milliards d’euros en 2017, soit 8756 euros du PIB par habitant.
Manque de réformes
Parmi les huit pays étudiés, seuls l’Allemagne (+280 milliards d’euros, soit 3390 euros par habitant) et les Pays-Bas (+19 milliards d’euros, soit 1116 euros par habitant) ont réellement profité de l’introduction de l’euro. La Grèce semble également y avoir gagné avec une hausse cumulée de son PIB de 2 milliards d’euros entre 1999 et 2017 (+190 euros par habitant), mais elle a surtout bénéficié de son adhésion dans les premières années. Car depuis 2011, « l’euro a eu une influence négative sur la prospérité grecque », note l’étude.
Avec l’introduction de l’euro, les états membres n’ont plus la possibilité de dévaluer leur monnaie pour renforcer leur compétitivité et enrayer le ralentissement de la croissance et la hausse du chômage. D’où l’importance de faire les réformes structurelles.
« Cette tendance montre que la France n’a toujours pas trouvé le moyen de renforcer sa compétitivité sur le marché de la zone euro. Dans les décennies qui ont précédé l’introduction de l’euro, la France a régulièrement dévalué sa monnaie pour atteindre cet objectif. Depuis l’introduction de l’euro, cela n’est plus possible », rappellent les auteurs de l’étude qui encouragent la France à « absolument suivre le chemin de la réforme ». Ils prennent notamment l’exemple de l’Espagne qui a su mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires pour profiter de l’euro.
Source : bfmtv.com
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