Pendant près de dix jours, la France s’est émue de la recrudescence décomplexée des actes antisémites. Surprise : l’irruption spectaculaire de l’antisionisme en France (le moment de l’agression d’Alain Finkielkraut a été décisif) est venue troubler la dénonciation de l’antisémitisme qui, sous couvert d’unanimisme républicain, n’est finalement peut-être pas si unanime que cela. Clarifier les concepts nous paraît donc d’une nécessité absolue si l’on veut stopper la gangrène qui est en train de gagner notre pays.
Le conflit israélo-palestinien n’a pas à s’immiscer dans la politique ni la société française : des milieux pro-israéliens et pro-palestiniens jettent de l’huile sur le feu et dressent les uns contre les autres de nos concitoyens en France.
Nous sommes opposé à une loi contre l’antisionisme mais, malheureusement force est de constater que ce dernier est profond en France, surtout, mais pas exclusivement, parmi les islamistes et à l’extrême-gauche. Dans ces milieux, cet antisionisme confine de plus en plus à la haine d’Israël et à celle des juifs : ces milieux considèrent la politique d’enfermement sécuritaire des territoires palestiniens comme un apartheid (pour les Israéliens, les Palestiniens ne sont pas des sous-hommes, ce que pensaient les Afrikaneers à l’endroit des noirs sud-Africains) et, pire, est un prétexte pour exprimer leur haine des juifs de France. D’où le #CaSuffit, les 14 partis politiques qui ont appelé à manifester le 19 février et l’extrême vigilance et sensibilité des Français qui ne doivent rien laisser passer en la matière.
Ceci dit, de France, on ne peut que redire qu’Israël et la Palestine ont droit chacun à un Etat souverain et sûr mais constater que les extrémistes des deux pays ont le vent en poupe, surtout depuis l’échec des Accords d’Oslo. Et, parce que la situation est bloquée depuis trop longtemps, il nous fait espérer que les élections israéliennes rebattront les cartes en avril prochain.
Les Palestiniens se sont radicalisés au fil des décennies à force de tensions avec leurs « amis » arabes, de montée du Hamas, de conflit avec Israël et d’une politique des dirigeants israéliens peu enclins à toute solution négociée. Il est loin le temps où les jeunes Palestiniennes de Gaza étaient considérées comme les plus modernes parmi les femmes arabes de la région.
Les Israéliens, composés de citoyens juifs et Arabes, croient de moins en moins, eux aussi, à une solution politique et s’arc-boutent depuis vingt ans dans un soutien à des faucons qui, comme souvent dans l’histoire, se rêveront peut-être un jour en colombes… Ne fut-ce pas le sort de Rabin ? Les postures identitaires mettent de l’huile sur le feu : la loi du 19 juillet 2018 définissant Israël comme «l’État-nation du peuple juif» a mis en rage les citoyens Arabes et des autres minorités d’Israël et menace le consensus national.
Source et article complet : Michel Taube, opinion-internationale