Le Président Macron a reconnu l’échec du combat contre l’antisémitisme et appelle maintenant à des actes. Sans doute, mieux vaut tard que jamais.
Certes, l’aveu de la part du président français est courageux et encourageant, mais il a été entendu à plusieurs reprises par ses prédécesseurs. La recrudescence des actes antisémites est criante et dépasse tout entendement.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, jamais les Juifs de France n’avaient connu une menace aussi pesante sur leur avenir. Les attentats et les actes antisémites les inquiètent profondément.
Contrairement aux promesses des autorités françaises, les actes antisémites augmentent chaque jour. Cette recrudescence dangereuse est le résultat d’une incitation à la haine permanente de la part de nos détracteurs. Des mensonges et des calomnies et des voix pour la délégitimation et le boycottage de l’Etat juif sont entendus par les prêcheurs dans les mosquées, par des professeurs dans les universités, dans certains médias et sur les sites internet.
Comment ne pas lancer un cri d’alarme et de pointer du doigt l’origine du Mal ? Pourquoi ne pas dire la vérité sur les auteurs ? Ne sont-ils pas en majorité des jeunes musulmans intoxiqués par la radicalisation et influencés par une incitation à la haine, y compris dans les prisons de France ? Fallait-il attendre 48 heures pour identifier l’agresseur d’Alain Finkielkraut ? La police ne sait-elle pas que les salafistes portent une barbe sans moustache ? Stupéfiante aussi la réaction du philosophe qui ne souhaite pas porter plainte et qui veut comprendre le phénomène. Comprendre quoi ? La fascination des intellectuels de gauche depuis Foucault et Sartre pour l’islam politique ? Des Ayatollahs ? Du soutien d’une certaine extrême gauche pour l’islamisme ? Que les insultes sont encouragées par des islamo-gauchistes au sein des Gilets-jaunes ? N’a-t-il pas entendu les propos de ce méchant salafiste le menaçant de mort ? De l’égorger ? De chasser les Juifs de France car ce pays est maintenant à eux ?
Désormais, ils pensent que la France leur appartient et qu’ils sont devenus les propriétaires. Dans ce contexte alarmant, cessons donc de réfléchir, de philosopher, ou de manifester après chaque grave incident, car il est temps vraiment de passer aux actes. Adopter des lois radicales et jeter en prison par un tribunal spécial tous les auteurs des actes anti judéo-sionistes.
Le président Macron a annoncé que la France allait endosser la définition de l’alliance internationale pour la mémoire de l’holocauste (IHRA), une organisation intergouvernementale fondée en 1998 qui intègre l’antisionisme dans la définition de l’antisémitisme. Toutefois, nous apprenons que ce texte n’est pas contraignant et il s’agit seulement de recommandations. Si selon Macron « l’antisionisme est une des formes modernes de l’antisémitisme » pourquoi ne pas modifier la législation dans ce sens ?
Certes, il est légitime de critiquer la politique d’un gouvernement mais comment lutter contre la vague anti judéo-sioniste quand l’incitation à la haine à l’égard d’Israël et des Juifs prend des proportions incalculables ? Quand la haine va jusqu’à s’en prendre à la profanation des cimetières, aux morts, comme pour tuer le Juif une seconde fois.
La communauté juive est la plus importante de la diaspora en Europe. Structurée depuis Napoléon, elle est héritière de souffrances, de pogroms et de la Shoah, elle doit se défendre et être défendue. Elle est profondément française et européenne mais revendique légitimement le droit à la différence. Comment peut-elle gommer un passé millénaire, se détacher de l’appartenance au peuple du Livre ? Comment rompre avec la tradition et pourquoi couper ses liens avec les Juifs d’Israël ? Comment ne pas être solidaires de l’Etat d’Israël et ne pas le défendre dans les moments de crise et de conflits ?
Les Juifs forment une grande famille, un groupe humain et humaniste qui se caractérise par la conscience de son unité et la volonté de vivre en commun : Juifs de la diaspora avec les Juifs de l’Etat d’Israël. Les Juifs sont une nation, mais ils ne sont pas une nation comme les autres. En dépit de la dispersion à travers les continents, les Juifs demeurent un peuple uni, solidaire et structuré malgré leurs divergences d’opinion et les multiples facettes socio-économiques qu’ils représentent. La nation juive a toujours eu une vocation universelle d’union, de rassemblement, de solidarité et de respect envers l’Etat, la laïcité, les religions, la Justice et les droits de l’Homme. Cette spécificité est unique. Contrairement à d’autres communautés, elle n’est pas sectaire et ne souhaite pas devenir missionnaire.
Les Juifs, venus d’Europe de l’Est ou après la décolonisation des pays du Maghreb, se sentaient d’abord français et la France était leur havre d’accueil et le pays des libertés par excellence. Depuis leur arrivée en France, ils se sont intégrés et ont prouvé une loyauté exemplaire. Ils ne peuvent gommer du jour au lendemain leurs racines françaises. Elles sont profondes, elles datent du début de l’ère chrétienne.
Les Juifs attendent de véritables actes
Les Juifs français aiment la France et Israël. La question d’un double amour dans l’âme juive, pour sa patrie spirituelle et sa patrie temporelle, date de l’exode des Hébreux après la destruction du Temple de Jérusalem. On retrouve des philosophes et poètes qui aimaient profondément leur pays natal et tout autant que Jérusalem. Ce double amour ne leur posait pas de problème car l’affection que l’on ressent pour son père ne diminue en rien celle que l’on éprouve pour sa mère.
Cependant, les Juifs de France souhaitent être rassurés par les autorités, non seulement par des déclarations mais aussi par des actes. Circuler librement dans les rues avec une kippa ou un talith sans être agressés par des voyous. Envoyer leurs enfants à l’école en toute tranquillité sans être insultés de « sale juif » ou de « youpin ». Pouvoir mener une vie normale et paisible et gommer une fois pour toutes les profanations des cimetières, des graffitis et des croix gammées sur les murs des synagogues de Paris et de province.
Il est temps aussi que les dirigeants de la communauté musulmane sortent de leurs mosquées et lancent avec les imams des appels à une véritable intégration et une coexistence plutôt de se dérober des responsabilités et boycotter tout ce qui concerne Israël.
La France vit actuellement des moments difficiles sur tous les plans et dans tous les domaines. Si le gouvernement souhaite vraiment que les Juifs ne partent pas en Israël ou ailleurs, s’il préfère que les Juifs contribuent à son succès dans la crise économique et sociale, il devrait apporter des gages, prendre des décisions audacieuses et rassurer la communauté. Cependant, l’appel de dirigeants israéliens à quitter la France est déplacée et contreproductive.
Enfin, mettons à l’épreuve le président Macron et attendons donc de véritables actes.
Freddy Eytan Le CAPE de Jérusalem, jcpa-lecape.org
Vous dites : « Le Président Macron a reconnu l’échec du combat contre l’antisémitisme et appelle maintenant à des actes. Sans doute, mieux vaut tard que jamais. »
Oui, « sans doute, mieux vaut tard que jamais », et surtout en cette période proche des élections européennes, quand rien de concret n’a été fait jusqu’à présent…
Macron se rappelle à présent que l’électorat français juif est du pain béni pour lui… Alors, pour un peu de temps, il va oublier tous les intérêts gouvernementaux avec les pays arabo-musulmans, ou plutôt on va dire qu’il va jongler, comme il sait si bien le faire, pour « ménager la chèvre et le chou », le temps pour lui de…
En effet, il n’y a rien à attendre du personnage dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres.
J’approuve totalement votre point de vue. J’ajouterais même qu’il n’y a rien à attendre de la classe politique en général, dans quelque domaine que ce soit.
Je donne suite à votre commentaire, Nelson Melody :
Ne pouvant compter sur une classe politique quasi impuissante face à l’antisémitisme, il appartient aux Juifs eux-mêmes de s’organiser le mieux possible pour y faire face, sans faiblir.
Bien à vous.