Hier soir I24News a fait tomber une nouvelle digue éthique en choisissant d’inviter Marine Le Pen pendant que des milliers de français étaient rassemblés pour dénoncer l’antisémitisme. A 90 jours des élections européennes, une chaîne de télévision israélienne en quête d’audimat, de buzz, décide d’inviter Marine Le Pen sur son plateau, en lui servant la soupe, avec accompagnement. Notification push à la clé, on y apprend que Marine Le Pen serait « le meilleur rempart à l’antisémitisme ». 27 minutes de complaisance, 27 minutes de séduction, sans que personne ne repousse ses avances…
Pour ceux qui se laisseraient convaincre, ce message vous est destiné : Lisez « la Main du diable » de Jonathan Hayoun et Judith Cohen Solal qui raconte comment l’extrême droite a tenté de séduire la communauté juive pendant des décennies, jusqu’à aujourd’hui. Vous y trouverez des informations objectives, une enquête passionnante au cœur des villes dirigées par le FN.
Combattre l’antisémitisme c’est le combattre sous toutes ses formes, quelle qu’en soit sa nature. Marine Le Pen a nommé comme directeur de la communication aux élections européennes Philippe Vardon, un identitaire niçois, réputé dans le milieu pour ses saluts nazis, condamné à de la prison ferme pour violence avec armes. Marine Le Pen a pour conseiller et ami proche, Frédéric Châtillon, leader historique du GUD, groupuscule petainiste.
Pendant des années, Marine Le Pen a dénoncé « le système » : les médias, les partis politiques, les associations antiracistes, de la communauté juive, les banques, le mondialisme. Ne peut-on pas y voir là les prémices d’un discours qui légitime les passages à l’acte contre les juifs, sur fond de complotisme et de préjugés ?
Quand Marine Le Pen rend hommage à Ilan Halimi, elle salit sa mémoire. Ceux qui ont tagué des croix gammées au cimetière de Quatzenheim savent ce qu’ils font : ils reproduisent un geste nazi. Ce geste qui signifie la volonté exterminatrice des juifs d’Europe. Lorsqu’il est apposé sur des tombes juives, dans un petit village, il reproduit une autre volonté nazie : celle d’effacer jusqu’à la memoire de la présence juive de l’histoire des peuples, des nations, des lieux qu’ils ont habités.
Combattre l’antisémitisme c’est avoir le courage de refuser sa banalisation politique, son instrumentalisation par ceux qui en jouissent, que leurs prénoms soient Marine ou Jean-Marie.
Marine Le Pen n’est pas un rempart à l’antisémitisme, elle est un pompier pyromane.
Alors, I24News, ça valait le coup de faire tomber les digues pour un petit boost des audiences à 90 jours des élections européennes?
Sacha Ghozlan
Président de l’Union des Étudiants Juifs de France