Sarcelles : il faut sauver la quincaillerie de Claude Cohen

Sa boutique fait partie du paysage. Installé depuis 46 ans sur l’avenue du 8-Mai-1945, ce quincaillier et droguiste risque de devoir fermer son magasin à cause d’un loyer trop élevé.

Pénétrer dans la boutique de Claude Cohen, c’est faire un saut dans un autre temps. Dans les rayons, il y a de quoi bricoler, de quoi chasser les insectes, entre autres… Au-dessus de la caisse, trônent même des coupes, dont l’une de 1983, atteste du premier prix décerné à la boutique pour le challenge de droguiste de France.

LP/M.G.

Vous êtes ici dans la seule quincaillerie-droguerie de Sarcelles. « Je suis un des derniers d’Ile-de-France et de France même », lâche le commerçant. Mais pour combien de temps encore ? Cet habitant, amoureux de cette ville où il s’est installé en 1962, risque de baisser définitivement le rideau, après 46 ans installé au 23 de l’avenue du 8-Mai-1945. « Je suis en conflit avec les propriétaires qui ont racheté les locaux en 2014. On me demande de partir au 31 janvier. » À « 69 ans et demi », c’est tout un pan de sa vie qui risque de disparaître.

Il refuse le nouveau loyer

Jamais Claude Cohen aurait pensé finir ainsi. Il en a vécu des choses. En 46 ans « ça représente les trois quarts de ma vie », sourit-il, il a résisté à tout : à l’arrivée des grandes surfaces, des centres commerciaux des Flanades puis de My Place, aux magasins de bricolage ouverts le dimanche, aux travaux du tramway qui ont entraîné une baisse importante de la fréquentation des commerces… Mais cette fois, il ne voit pas d’issue.

« Quand les locaux ont été rachetés par des praticiens installés plus bas dans l’avenue, j’ai refusé le bail proposé. Avec Icade, je payais et paie toujours 850 € de loyer toutes charges comprises. Aujourd’hui, on me demande de régler 1 945 € hors taxes et de payer la différence depuis 2014. Si je pars au 31 janvier, les propriétaires effacent ma dette, mais je partirais avec rien, sans même une compensation financière », regrette-t-il.

LP/MG

Des clients qui refusent de le voir partir

Ses clients, eux, refusent de s’y résoudre. En cette période difficile, Claude Cohen debout devant son comptoir – il ne s’assoit jamais —, continue d’accueillir ses visiteurs avec le sourire. Il les connaît presque tous, personnellement, certains sur plusieurs générations et en appelle beaucoup par leur prénom. Bien plus qu’une boutique, cette quincaillerie « fait partie du patrimoine de Sarcelles », lâche Denis, un habitué. C’est bizarre de se dire que ça ferme. » Pas question pour Mamadou. « Il faut que tu restes là ! », exige-t-il de son « frère ». Plus tard, ce sont Arié puis Radia – avec qui il échange en arabe —, qui lui intiment de ne pas partir. « Il faut faire quelque chose », souffle Radia.

Une pétition a déjà été envoyée à la municipalité. Le nouveau maire (PS) Patrick Haddad s’est saisi de la situation. « Je connais Claude Cohen depuis très longtemps, réagit l’élu. Ce qui me paraît important, c’est qu’il puisse continuer son activité. Nous allons l’aider. La mairie s’engage à servir d’intermédiaire entre lui et le gestionnaire des Flanades où il pourrait installer sa quincaillerie. » Claude Cohen rassemble au-delà des clivages politiques. Chantal Grolier (UDI) est, elle aussi, mobilisée pour que cette quincaillerie « une institution à Sarcelles », répète-t-elle, ne disparaisse pas.

LES PROPRIETAIRES DES MURS : «NOUS NE SOMMES PAS RESPONSABLES»

« Ce n’est pas nous qui lui demandons de partir, c’est une décision de justice ». Les propriétaires des murs de la quincaillerie de Claude Cohen ne voulaient pas en arriver là. « Avant d’acheter en 2014, nous avons discuté avec Claude Cohen que nous connaissons depuis des années, insiste l’un des propriétaires. On lui a demandé s’il comptait partir, il nous avait dit oui. Nous avions échangé sur le prix du fond de commerce. Lui en voulait 150 000 €, nous lui avions proposé environ 60 000 €. On s’était mis d’accord oralement pour ce prix. »

Après l’achat des murs, les propriétaires et Claude Cohen se revoient. « Il était avec un avocat et souhaitait renégocier. On était pas d’accord. » Une procédure judiciaire est alors lancée. « Un juge a statué sur le montant de 1 945 € de loyer, détaille l’un des propriétaires. Aujourd’hui, Claude Cohen nous doit environ 60 000 €. Là-encore on veut arranger les choses, on est prêt à effacer sa dette, s’il part. Nous ne sommes pas responsables de cette situation. »

Source : leparisien.fr

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

2 Comments

  1. Les commerces de proximité apportent ce confort inouï, qu’aucun commerce en ligne ne peut assurer: la réception immédiate de l’article dont on a besoin. Cela peut sembler difficile à croire mais est prouvé par de nombreuses études savantes.
    Les quincailleries-drogueries sont indispensables. Les communes,dont les ressources naturelles sont captées par l’Etat qui en redistribue une partie de façon jalouse, ont du mal à défendre ces commerces indispensables qu’on ne peut dématérialiser.

  2. Voilà la résultante du fric pour le fric soit de la part des actionnaires, soit de la part des propriétaires et qui sont en grande partie responsables du mal être de beaucoup d’entre nous… dans une ville moyenne de province le loyer d’un F3 est environ de 700 euros!!! La fiscalité est sans doute insupportable mais le quitus donné aux nouveaux fermiers généraux est un fait civilisationnel qui doit nous faire réfléchir sur le sens et la globalité d’une révolte assumée.

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*