J’ai finalement vu le film Roma. On avait dit chef-d’œuvre. D’autres avaient détesté. Pour ma part, je dirais assurément très beau film.
Les journaux avaient parlé, au moment de sa projection à la Mostra de Venise, de chronique d’un quartier de Buenos Aires. C’est surtout le portrait d’une famille bourgeoise, parents, 4 enfants, la grand-mère et le chien que trace le réalisateur Alfonso Cuaròn, dans son film qu’il a reconnu être fortement autobiographique. Je crois que, paraphrasant Agnès Varda et son Cléo de 5 à 7, Roma aurait pu être intitulé Cléo de septembre à mai, le temps de sa grossesse non souhaitée. Car le personnage principal, c’est bien cette magnifique Cléo, la jeune indienne qui est leur bonne à tout faire, peu bavarde, mais d’une présence puissante, d’une dignité profonde et inaliénable, superbement interprété sans aucun pathos par Yalitza Aparicio. Ses tâches sont infinies, mais Cléo est une merveille d’efficacité et sa réserve de douceur est inépuisable. Et les enfants lui rendent tout l’amour qu’elle leur donne.
Tourné dans un noir et blanc intense, le film mêle la dimension privée (la vie de la famille) et la dimension publique (les banlieues pauvres, les manifestations étudiantes, la répression). Il trace en même temps un parallèle entre deux femmes, Cléo et sa patronne, Sofia, abandonnées au même moment, la première par son petit ami lorsqu’il apprend qu’elle est enceinte, et la seconde par son mari, parti avec une maîtresse.
Rien de spectaculaire, mais un film dense et profond, et un personnage que l’on n’oubliera pas…
Guido Boccara
Chronique d’un quartier de Buenos Aires, en Argentine? Du coq à l’âne pur et dur.