La visite effectuée par le président de l’Etat d’Israël Rivlin en France relève incontestablement de l’importance des relations diplomatiques entre les deux pays. Elle constitue pourtant un défi au nombre d’électeurs français publiquement hostiles à minima aux positions israéliennes dans le cadre du conflit israélo-palestinien et à maxima à l’existence de l’Etat hébreu. Elle contentera et apaisera un temps les inquiétudes et les colères des Français juifs. Ceux-ci sont régulièrement atteints par les initiatives médiatiques, politiques et diplomatiques de Paris à l’endroit d’ Israël, à sa sempiternelle condamnation pourtant contraire au Droit international et à leur propre sécurité sur le territoire français.
Les déplacements prévus du chef de l’Etat et de celui du gouvernement français en Israël sont ignorés (Macron) et reportés (Philippe). La dynamique des relations diplomatiques franco – israéliennes dépend donc et jusqu’à présent des efforts israéliens.
Les sujets de désaccords diplomatiques entre les deux pays sont légion.
Paris condamne l«’occupation de territoires» et la «colonisation israélienne» alors que Jérusalem invoque l’acquisition territoriale et l’apport humain à la suite des agressions subies et gagnées sur l’agresseur. La position israélienne est conforme au Droit comme à l’usage dont ont bénéficié et bénéficient de nombreux Etats dont la France.
Paris pactise avec Ankara. L’armée turque occupe sans droit ni titre une partie du territoire de l’Union européenne par l’occupation militaire et la colonisation turque à Chypre. Elle organise le blocus de l’Arménie depuis plus de trente ans, ce que condamne Jérusalem.
Paris soutient la modification des accords nucléaires avec l’Iran, ce qui est une reconnaissance de son inefficacité, alors qu’Israël réclame son abrogation au nom de la menace anti-israélienne exigée par Téhéran.
Paris vit avec Jérusalem un relation schizophrène.
D’un côté, la France soutient des forces qui sont hostiles à Israël (terrain-ONU), demande à son endroit l’application d’un Droit inexistant sur la base de faits invérifiés, préconise des mesures uniques, coercitives et stigmatisant l’Etat hébreu.
D’un autre côté Paris sollicite le développement des relations numériques, financières, militaires et de sécurité avec Jérusalem.
Certes, l’Etat hébreu est incontournable sur les plans marchands, économiques, agricoles, numériques, militaire, de sécurité, etc. Certes, le lien privilégié entre les deux Etats demeure la vivacité, l’honorabilité et les souffrances des Français juifs. Mais pour combien de temps encore les relations franco-israéliennes résisteront-elles à l’injustice et à l’injustesse de l’analyse française au Proche-Orient et dont les résultats sont plus qu’improbants sur le sujet ? Après avoir vaincu ses agresseurs militaires, le terrorisme, la guerre diplomatique, et en dépit des menaces ouvertes de l’Iran et des ses alliés, Israël parvient à développer ses relations diplomatiques (Afrique), commerciales, économiques avec l’ensemble de la planète.
Il semble désormais difficile de considérer que les relations franco-israéliennes résisteront encore longtemps aux positions de Paris sur le Proche Orient en général et sur l’Etat hébreu en particulier.
Pierre Saba
Nos politiciens de droite prétendent découvrir que les ambassades doivent servir nos intérêts économiques, ce qui est fait depuis longtemps; il faut rappeler qu’elles doivent servir nos relations diplomatiques qui, avec un succès peu reconnu, ont toujours servi un dialogue débarrassé des violences politiques.
La diplomatie française en Israël semble poursuivre une logique d’affrontement, contraire à tout principe diplomatique. Ainsi, sur le site de l’ambassade, nous pouvons lire des déclarations étonnantes de la porte-parole du ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères.
Une déclaration charmante du 24/08/2018, sous le titre aimable :”Territoires palestiniens-colonisation” qui commence fièrement par “La France condamne” et se termine par “La France appelle les autorités Israëliennes à reconsidérer ces décisions et abandonner cette stratégie de colonisation afin…”
La déclaration du 27/12/18, sous le titre “Israël-Territoires palestiniens-Colonisation”: “…La France condamne cette décision qui participe de l’extension de la colonisation en Cisjordanie… La France appelle les autorités Israëliennes à reconsidérer ces décisions et abandonner cette stratégie de colonisation…”
Les votes de l’ONU sont une chose, les relations ordinaires sont autre chose. Cette agressivité et cette ingérence dans les affaires d’un pays ami sont invraisemblables et scandaleuses.
La thèse officielle des autorités juives représentatives est que l’antisionisme crée l’antisémitisme. L’hystérie habituelle anti-Israëlienne sert une opération politicienne contre “la gauche et l’extrême gauche”, oubliant que les partis politiques, non les tristes organisations irresponsables, affirment toujours l’impérieuse obligation de luter contre l’antisémitisme.
Aujourd’hui, la politique anti-Israëlienne du quai d’Orsay, au travers des gouvernements, est aggravée par le gouvernement: faut-il dénoncer un antisémitisme d’Etat, beaucoup plus dangereux que les antisionismes irraisonnés? Désormais le vieil antisémitisme de droite – qu’on semblait oublier et qui a un but mortel d’exclusion tandis que l’antisémitisme “de gauche” a pour but principal le service d’un narcissisme vertueux – s’affermira sur le théâtre de l’anarchie et du poujadisme, bâti par l’irresponsabilité doctrinaire de M. Macron. Comme l’Islamisme, il pourra crier son innocence puisque son antisionisme ne peut être coupable car il est celui, officiel, de la France.
Pour le reste, la France a ses intérêts économiques et politiques propres et ne peut être requise ou sommée de suivre la politique étrangère d’Israël, politique que la France ne doit pas mettre en accusation permanente. J’attire l’attention de TJ, qui connaît mes perversions “nationalistes”, sur cette violence de ton française qui reproduit la violence toujours plus grande des discours et des mesures de l’Union Européenne contre les souverainetés d’Israël, de la Suisse et du Royaume Uni
M Macron a créé les gilets jaunes par son césarisme technocratique si justement défini par le sénateur LR Grosdidier, dont on connaît la qualité des rapports de commission. Notre République est menacée à moyen terme par une forme nouvelle de poujadisme qui est persuadée de détenir, personnellement et collectivement, la légitimité de la volonté du peuple. Elle est également menacée par une forme nouvelle d’anarchie qui refuse toutes les formes d’autorité qui lui sont opposées.
On peut espérer que M Macron suive enfin sa vocation principale de pasteur luthérien dans un village Prussien, mais cela ne servirait à rien, pas plus que la dissolution de l’Assemblée nationale. Aucune force politique n’est actuellement en mesure d’obtenir une majorité, ou une majorité de coalition, par de nouvelles élections. La prétendue “lèpre nationaliste” et la peste brune étaient trop bien organisées, au contraire du blocage politique que nous subissons par l’anarchie. Tout cela renforcé par l’irresponsabilité des media qui remettent toujours sur le feu des sondages proclamant la méfiance des français envers tout et tous.
A court terme, face au désordre organisé des innombrables destructions macroniennes, à l’ancienne, présentées comme des réforme novatrices, afin de soutenir une réforme économique et sociale nous ne disposons plus que des communes et du caractère d’urgence de l’aménagement du territoire. Je suggère à TJ de demander un article au maire de Neuilly, M Fromantin qui a le mérite d’avoir travaillé sur les réformes territoriales, bien avant la crise, et sur le transport de marchandises, sujet encore plus négligé.
Mr Comte,
au vu de la qualité et de la belle facture de votre commentaire, ce dernier aurait pu figurer en bonne place en tant qu’article dans Tribune Juive, mais ce n’est que l’avis d’un modeste scrutateur…
Bien à vous.
Vous avez raison !