Si nul n’ignore le différend entre Georges Bensoussan et la Direction du Mémorial de la Shoah, vous êtes nombreux à ne plus savoir où est la vérité.
Pour répondre à un courrier de Jacques Fredj envoyé partout un Comité s’est constitué et envoie à Tribune Juive en « prière d’insérer » le texte qui suit.
Tribune Juive, fidèle à sa ligne éditoriale, laquelle consiste à donner la parole à des points de vue opposés, publie ce texte et rappelle que ses colonnes sont entièrement ouvertes pour publier la réaction des mis en cause.
Pour info, cette proposition attend réponse.
Laquelle satisfera nos lecteurs, nombre de donateurs, de soutiens à l’historien, de personnes qui veulent définitivement et démocratiquement savoir ce qui s’est passé. Un grand débat en somme. Capital.
Nous pensions, à tort, qu’après l’éviction de Georges Bensoussan du Mémorial de la Shoah, les dirigeants de cette institution avaient pu prendre la mesure de leurs erreurs.
Il n’en est rien. A l’abri de son statut, protégée par la part symbolique de son objet, la direction du Mémorial persiste et signe: la calomnie succède aux mensonges.
Ainsi, voici qu’il faut remettre cela après le tissu de mensonges que le directeur du Mémorial vient d’égrener devant ses contradicteurs par voie de messages électroniques le plus souvent. Il est couvert par une direction supérieure qui, dans une attitude proprement suicidaire, continue à cautionner les méthodes d’un ancien responsable à la sécurité promu (depuis 26 ans !) directeur de ce qui est devenu, grâce à l’argent de la Fondation pour la mémoire de la Shoah (plus de 100 millions d’euros lui ont versés depuis le début des années 2000) le plus grand Musée-mémorial sur ce sujet en Europe.
Loin de comprendre qu’ils s’enfoncent à le couvrir, ses supérieurs s’entêtent à valider des méthodes indignes d’une institution dont l’éthique demeure la raison première. Avec lui, ils s’enfoncent en entérinant une décision qui n’était pas la leur, celle d’évincer de son bureau, comme un vulgaire malfaiteur, début juillet 2018, le directeur éditorial du Mémorial.
Les voici donc désormais tenus de couvrir ces méthodes brutales, comme inconscients devant les retombées négatives qu’ils essuient pourtant déjà depuis six mois et qui ont entraîné une partie de leurs donateurs à se détourner d’eux.
Comme à cautionner, contre l’avis du Président Eric de Rothschild qui y était favorable, le refus de dialogue proposé en septembre 2018 par Alain Finkielkraut, Jacques Tarnero, et Georges Bensoussan, via la mission de bons offices menée par Richard Prasquier dans le but de mettre un terme à cette polémique publique. Porte de sortie fermée et offre de dialogue refusée : ils en tirent aujourd’hui les conséquences.
Loin de condamner l’un de ses membres pour son comportement, cette direction invoque le passé héroïque de l’institution comme si la vertu des anciens était la sienne propre. Elle s’en drape telle une caution morale. Et en est bientôt à évoquer la mémoire des morts pour demander le silence dans les rangs comme si la critique de sa gestion, et son soutien aveugle au directeur actuel, revenait à remettre en cause le respect dû au souvenir de la tragédie.
Cette captation d’héritage n’est pas seulement cynique. Elle confine à la bêtise. Et à un comportement de somnambule qui confirme la déconnexion de ce milieu avec la réalité de la France d’aujourd’hui. La stupidité avec laquelle a été gérée la mise à l’écart du directeur éditorial, déguisée en « départ en retraite volontaire », témoigne d’une rare myopie politique.
Et l’on demeure stupéfait lorsque, pour toute réponse à la mise en cause d’un directeur failli, on lit dans les courriels adressés pour le défendre que le Mémorial a « accueilli des milliers d’élèves », des « centaines de professeurs en formation », des « milliers de visiteurs », qu’il a collecté « des milliers de documents d’archives et de photographies nouvelles » pour enrichir ses fonds propres. Comme s’il s’agissait de nous dire qu’à mettre en cause un comportement indigne, on compromettrait un tel travail sans comprendre qu’il est déjà compromis, et son image détériorée auprès du grand public par ces méthodes. Bref, le procédé était grossier, la manipulation puérile.
Reprenons donc une fois encore les faits l’un après l’autre :
1. La direction du Mémorial, par la bouche de son directeur, a tôt fait savoir à Georges Bensoussan qu’il ne pourrait pas continuer à exercer ses fonctions au-delà de son contrat à durée déterminée (mi novembre 2017). C’est pourquoi, comme la loi l’y oblige, Georges Bensoussan a dû faire valoir ses droits à la retraite auprès des organismes dédiés.
2. Le 25 juin 2018, Jacques Fredj adressait le mail suivant à Georges Bensoussan :
Tu as raison de souligner que ta retraite a été mise en œuvre à ta demande par le ministère de l’éducation nationale. Tu as en effet envoyé un document en date du 6 septembre 2017 pour demander à faire valoir tes droits à la retraite. Sans l’envoi de ce document, tu as raison de souligner que tu aurais pu ne pas partir à la retraite avant 2020.
A quoi Georges Bensoussan lui répondait, par courriel, le 14 juillet suivant :
En effet, j’ai demandé mes droits à la retraite par courrier du 6 septembre car je savais ta décision, exprimée par toi-même, verbalement, de me voir quitter le Mémorial au plus tôt[1] .
J’ai demandé une prolongation de mon contrat jusqu’au 31 août 2018 comme c’est la coutume pour une fin d’exercice dans l’Education nationale, mais tu as fixé la date de mon départ au 30 juin 2018. En oubliant au passage que les publications prévues pour le mois d’octobre demandent un suivi éditorial jusqu’à la mi-septembre. Il ne s’agissait donc pas d’une « faveur », tout comme la libre disposition de mon bureau jusqu’à cette date ne relevait pas de la « tolérance » (sic) mais seulement d’un souci de cohérence. Ecrire donc aujourd’hui comme tu le fais que je pouvais ne partir qu’en février 2020 est déroutant de cynisme.
Ces échanges datent de l’été 2018.
Sept mois ont passé.
En matière de cynisme inouï, chez cet homme, la continuité est de mise. Mais que ceux qui couvrent ces méthodes, sans en être eux-mêmes les auteurs, prennent conscience du déshonneur qui les éclabousse. Et plus encore demain, car la vérité fait toujours son chemin. Dans cette affaire comme en d’autres…
3. Il est étrange de parler d’un « départ volontaire à la retraite » alors qu’il est fait état, dans le même courrier, de la demande de Georges Bensoussan d’une prolongation d’activité de plusieurs mois. Ainsi ce retraité se montre si déterminé à partir, si « volontaire » en un mot qu’il demande à prolonger son activité de 8 mois (7 mois lui ont été accordés). Et plus étrange encore quand le «retraité volontaire» « refuse de rendre les clés de son bureau» (sic).
4. Georges Bensoussan a demandé à poursuivre au moins une partie de son activité. Par courrier postal (mars 2018), le directeur, Jacques Fredj, le lui a explicitement refusé, arguant de la nécessité de « cesser toutes ses activités au Mémorial », et mettant parallèlement en avant un départ « obligatoire » selon les « règles du Ministère de l’Education nationale ». En juillet 2018, par courriel, Jacques Fredj a finalement reconnu que Georges Benoussan, en effet, pouvait ne partir en retraite qu’en 2020.
5. Georges Bensoussan a été écarté de certaines formations. Lesquelles ?
Celles relatives aux policiers et aux magistrats en premier lieu.
Puis celles des professeurs effectuant le stage préparatoire précédant leur voyage en Pologne.
Enfin, il a été écarté, contre le souhait du responsable des formations, M. Roder, de l’ouverture de l’université d’été en juillet 2017 (dont, par parenthèse, il avait été le fondateur 17 ans plus tôt).
6. Georges Bensoussan a été exclu de la formation à laquelle il devait participer en Israël en octobre 2018, en violation de l’engagement pris par le président, Éric de Rothschild, le 31 mai 2018.
7. Georges Bensoussan a été interdit de pénétrer dans l’immeuble-annexe du Mémorial, rue Sainte Croix de la Bretonnerie, le 2 juillet 2018 par le vigile qui avait reçu des ordres en ce sens. Au mépris de l’engagement pris par le directeur, Jacques Fredj, par courrier postal, le 7 mars précédant, de lui laisser libre disposition du dit bureau jusqu’à la mi-septembre 2018.
Par tolérance ? Pour convenance personnelle ? Non : plus simplement pour achever la mise au point des publications prévues pour le mois d’octobre 2018 et dont il était responsable. A la forfaiture, à la rupture d’engagement moral, s’ajoute pour le directeur de l’institution la faute professionnelle mettant en péril la publication du dernier numéro de la Revue d’histoire de la Shoah dont Georges Bensoussan a achevé la préparation depuis son domicile.
8. Ce courrier omet de mentionner qu’entre le 2 et le 4 juillet 2018, et en son absence, la serrure du bureau de Georges Bensoussan avait été changée pour lui en empêcher l’accès. Le 5 juillet, sous bonne escorte, on lui laissa quelques heures pour débarrasser un bureau où s’entassaient archives, documents, dossiers et travaux représentant plus de vingt ans de vie professionnelle.
Ces méthodes se passent de commentaire.
Ce qui ne laisse pas de surprendre en revanche, c’est l’entêtement de la direction supérieure du Mémorial à les couvrir, pensant peut-être ainsi s’éviter une chute finale dans le discrédit et le déshonneur, ce qui est, pour partie, déjà fait.
Deux derniers points complètent ce triste tableau :
9. En septembre 2018, Monsieur Fredj réunissait ses chefs de service et leur intimait l’ordre de ne plus faire appel à Georges Bensoussan pour quelque activité que ce soit, au risque, sinon, de voir invalider leur projet sur le plan financier. En particulier, les responsables des formations nationales et internationales.
10. Ce courriel nous apprend enfin que « le Mémorial ne s’engage jamais dans aucune cause ».
Rappelons qu’à l’origine de cette affaire, Georges Bensoussan avait dénoncé l’antisémitisme dans les familles arabo-musulmanes en France, un antisémitisme qui, à l’heure même où il parlait au micro de France Culture (octobre 2015), avait déjà assassiné 14 personnes de confession juive dans notre pays.
C’est donc la question de l’antisémitisme que le rédacteur de ce courriel nomme « quelque question que ce soit », inconscient de l’insanité d’un tel propos venant de cette institution-là précisément. Le public, juif et non juif, donateurs et non donateurs, appréciera la cohérence d’un organisme qui, à longueur d’année, pour collecter des fonds, met en avant la nécessité de lutter contre l’antisémitisme en France.
A ceux qui font du devoir de mémoire une rente morale et qui se servent de la tragédie passée pour interdire toute critique de dirigeants institutionnels, à ceux qui manipulent le chantage à l’antisémitisme pour jeter l’opprobre sur toute contestation, il faut rappeler par ces temps où les muets ont retrouvé la parole, qu’ils ne sortiront pas de cette crise morale sans avoir désavoué ceux qui sont présentement indignes de diriger une institution de cette importance.
En refusant tout regard critique sur leur gestion, les dirigeants du Mémorial s’approprient un statut moral fondé sur un capital symbolique et réel qui ne leur appartient pas.
La mission de cette institution méritait mieux que cette captation d’héritage. L’histoire jugera.
20 Janvier 2019
Pour la Vérité
Il est évident que la justice et l’éthique sont du côté de Georges Bensoussan.
Je confirme ce récit d’une violence couverte par la Direction du Mémorial de la Shoah, qui s’exerce depuis son ouverture et dont j’ai été témoin à de multiples reprises.
En se séparant de ses meilleurs éléments, l’Institution en sort malheureusement appauvrie.
En tant que simple citoyen, simple donateur du Memorial j’avais ecrit a Mr Eric de Rothschild pour lui souligner l’anomalie de traitement de Mr Bensoussan .
Il n’a pas daigné me repondre.
Devant mon refus de continuer a etre donateur Mr Fredjm’a propose un entretien, nj’y donnerai suite mais doute d’une issue positive .
Pr. P. Bloch
Je suis littéralement atterrée de lire tout cela. N’ayant pas suivi cette actualité cet été, je découvre avec beaucoup de tristesse et de colère ce que l’homme peut faire … de bassesses … vous tous qui avez aidé en vain MR Bensoussan , merci d’avoir partager ce courrier. Ne baissez pas les bras, il doit recevoir des excuses et réintégrer sa place!
Rien n’est logique … là direction gâche beaucoup plus que le Mémorial uniquement, il met l’opprobre sur tout un système !!!
Triste en effet. On sait que souvent, déjà, les présidents, dirigeants ou décisionnaires de ces institutions ou associations , ont pour méthode de recrutement la cooptation, s’autocongratulent et discourent avec une suffisance non dissimulée. Il est donc logique que ces mêmes institutions finissent par se comporter de façon peu élégante.. Qu’elles songent au futur !
J’avais écrit à Mr Fredy en lui signifiant ma stupéfaction face à ce »lâchage ‘de Mr Bensoussan.
Mr Fredj m’a immédiatement téléphoné et m’a développé l’argument Selon lequel le Mémorial n’est pas une institution partisane,militante et ne pouvait en aucun cas « défendre »MR Bensoussan !
A l’epoque,il m’avait presque convaincu !
Mais à vous lire,je repère que la procédure intentée est éminemment PERVERSE!!!
Que peut-on faire devant une telle infamie ?
Un chasseur de Nazis réputé a un jour dit que s attaquer à Fredj c’est comme s’attaquer à une citadelle imprenable! Ce dernier, soutenu contre vents et marées par Eric de Rotschild (et par conséquent par tous les membres du comité executif) est directeur du Memorial depuis 1993. Pourtant nombreux sont ceux qui savent à quel point ce personage, qui maîtrise l’art du mensonge comme personne, est indigne de diriger cette Institution. Georges Bensoussan n’est que le dernier d’une longue liste de personnes ayant subi son joug.
Quand aux donateurs, leur argent a en parti servi à refaire le mur des noms qui contenait initialement un nombre incalculable d’erreurs dues à l’incompétence de Fredj et de quelques unes de ses obligées.
Et dire que la mémoire de nos morts est entre leurs mains…..à vomir.
Un chasseur de Nazis réputé a un jour dit que s attaquer à Fredj c’est comme s’attaquer à une citadelle imprenable! Ce dernier, soutenu contre vents et marées par Eric de Rotschild (et par conséquent par tous les membres du comité executif) est directeur du Memorial depuis 1993. Pourtant nombreux sont ceux qui savent à quel point ce personage, qui maîtrise l’art du mensonge comme personne, est indigne de diriger cette Institution. Georges Bensoussan n’est que le dernier d’une longue liste de personnes ayant subi son joug.
Quand aux donateurs, leur argent a en parti servi à refaire le mur des noms qui contenait initialement un nombre incalculable d’erreurs dues à l’incompétence de Fredj et de quelques unes de ses obligées.
Et dire que la mémoire de nos morts et entre leurs mains…..à vomir.
C’est vraiment honteux. Comment Jacques Fredj peut-il traiter un historien et collègue de cette façon ? (entre autres bassesses, interdire à G. Bensoussan l’accès à son bureau !) Le silence assourdissant (ou complicité?) d’Eric de Rotschild est encore plus difficile à comprendre. Le Mémorial mérite un directeur compétent en matière d’histoire et de la mémoire de la Shoah, (ce n’est pas le cas de Jacques Fredj) mais le Mémorial mérite aussi et surtout un directeur honnête, intègre et digne de la mission assurée par cette institution depuis des décennies.