Cette histoire d’attentat, c’est une affaire de cornecul (1). Par Sarah Cattan

Dans l’enceinte du Palais de justice où se déroule le procès de la tuerie au Musée juif de la ville, Que nous sommes loin des préceptes rappelés par Jacques Krynen dans La déontologie ancienne de l’avocat. France: ΧΙΙIe-ΧVIIe siècle.[2]

Que nous sommes loin des éloges de la profession tels que rapportés par l’auteur : Où en effet placerions-nous les avocats de Mehdi Nemmouche, tant dans la hiérarchie à trois niveaux avec ses trois bancs situés derrière la barre, trois bancs figurant trois palissades au jardin de la justice, il ne nous en apparaît aucun susceptible de recevoir Maîtres Courtoy, Laquay et Taelman

Nous l’avons écrit sans fard: il n’est ici pas question de discuter encore des causes embrassées par ceux que d’aucuns continuent à nommer les avocats du diable. Redisons qu’une Démocratie assure la défense de tous, du terroriste comme du pédophile Et bénissons encore la date de l’abolition de la peine de mort.

Ce préalable établi, répétons l’ignominie des méthodes employées par les défenseurs de Nemmouche. Ignominie décuplée lorsqu’on sait qu’elle se joue au sein d’un Palais de justice. En cour d’assises.

Ignominie qui prit encore plus de sens alors que vendredi la parole était donnée aux proches des victimes. A la mère d’Alexandre Strens, employé du musée.

Alexandre.

Alexandre.

Alexandre.

Dix fois elle nommera son enfant. Touché le 24 mai et mort le 6 juin. Ce jeune homme gentil, courageux, travailleur, qui avait la main sur le cœur. Aimait voyager. Adorait l’histoire. Avait fait un travail sur les horreurs d’Auschwitz. L’appelait tous les jours.

Je suis une mère à qui on a coupé les ailes, finit Annie Adam, évoquant ce fils avec lequel elle devait dîner ce soir-là.

Gardons en mémoire que cette mère prit la parole après qu’un film glaçant fut diffusé : les images de vidéosurveillance des quatre assassinats dont Nemmouche était accusé montraient un homme exécutant de sang froid un couple de touristes israéliens, une femme et … Alexandre.

Gardons en mémoire que cette mère avait dû entendre mardi 15 janvier Nemmouche faire valoir son droit au silence, qu’elle le vit hausser les épaules et qu’elle dut écouter pendant plus d’une heure ses avocats esquisser leurs principaux axes de défense : Ces trois-là avaient troqué la robe pour l’imperméable de Colombo et les voilà partis vers d’improbables élucubrations. Cherchant les vrais coupables et faisant presque le procès des victimes…

Nemmouche ? Il serait victime d’une machination alliant le Mossad et des forces de l’ordre complices. Ainsi leur client, outre qu’il serait innocent, serait de surcroît la victime. D’une conspiration : Mehdi Nemmouche n’est pas la personne qui a appuyé sur la détente ont-ils plaidé, promettant les principales preuves qui démontreraient leurs dires. Leur client se serait fait piéger en étant mis en possession des armes après la tuerie. Ce n’est pas un attentat mais une élimination ciblée menée par des agents du Mossad, et nous le prouverons.

Le rôle de leur client en tant que geôlier présumé des journalistes français otages en Syrie ? Rien qu’une grossière tentative visant à manipuler les jurés. L’objectif de cette manœuvre est de tenter de masquer le fait que le procureur est incapable de présenter la moindre preuve que Mehdi Nemmouche est bien physiquement la personne qui a tiré dans le musée. Un piège. Un pseudo-attentat, finissaient-ils, suggérant la piste d’un complot des agents secrets israéliens avant de demander aux jurés l’acquittement de leur client. N’avait-il pas répété une bonne vingtaine de fois et sur tous les tons que Medhi Nemmouche n’était pas le tueur et implorant les jurés de ne point croire à cette version tronquée des faits.

Lesquels jurés avaient dans les mains l’acte d’accusation qui leur avait été lu. Cet accablant rapport. Epais de près de 200 pages. Qui leur disait que le tueur serait venu en repérage la veille de l’attentat. Qui nommait les résidus de tirs retrouvés sur ses vêtements. Des objets retrouvés sur lui, tels ce drap blanc avec des inscriptions de couleur noire en langue arabe. Ces armes. Cette casquette. Ces vidéos retrouvées sur son ordinateur. Cette voix qui revendique l’attaque du Musée juif au nom de l’État islamique en Irak et au Levant.

Mais les 3 artistes n’en démordaient pas : ces preuves avaient été truquées par le parquet fédéral himself. Les photos extraites des vidéos de télésurveillance idem : truquées par les enquêteurs et donc invalidant les dires des faux témoins. Jusqu’à ce co-prévenu, Nacer Bendrer, qui parla sous la pression ou alors … scella accord avec ce parquet.

Ils firent des témoins des mythomanes, des Riva des agents du Mossad exécutés par un tueur professionnel, et de toute cette affaire … une affaire de cornecul.

Se reprirent. Se défendant de mener une stratégie de défense complotiste mais pointant, outre une histoire d’ADN, le fait que Monsieur Riva aurait été vice-consul à Berlin et non simple comptable. Que son épouse et lui travaillaient au Mossad, vivaient à Berlin et… surveillaient les mouvements chiites.

Que le père d’Alexandre Strens, originaire du Maroc, était, lui, toujours selon Maître Courtoy, fiché pour des activités séditieuses à l’ambassade d’Iran.

Bref. Ils allaient vous prouver bientôt tout ça : Qu’il existerait une piste évoquée par la Sûreté de l’État, qui menait vers l’Iran et le Hezbollah.

Le tout asséné sans vergogne. Alors qu’on savait de source sûre, par une note de la Sûreté de l’État figurant au dossier, que l’attentat n’avait rien à voir avec les éventuelles activités politiques du père…

Ambiance. Faisant dire à l’avocat de l’UNIA[3] dont le micro grésilla que c’était là assurément un tour du Mossad…

Et à Maître Hirsch, avocate du CCOJB[4], que L’antisémitisme avait été érigé en système de défense dans ce procès d’importance, puisqu’y était jugé le premier d’une série d’attentats commis en Europe par des djihadistes envoyés par l’Etat islamique.

Alléguer un faux fait est le crime des crimes. C’est comme une mauvaise odeur qui part de la bouche des avocats ; c’est comme une putréfaction… lit-on encore sous la plume de Jacques Krynen[5]

Le procès doit durer jusqu’au 3 mars.

Sarah Cattan

[1] Cornecul. On trouve l’expression chez Rabelais : et rompit quatre dentz à Lucifer et une corne au cul. Pantagruel. Chapitre XXXIV. Oeuvres complètes. La Pléiade.

Corne-cul : Quelque part entre abracadabrantesque et grotesque se trouve corne-cul. In Les mots délicieusement surannés.

[2] Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole, 2005

[3] Centre interfédéral pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme et les discriminations.

[4] Centre de coordination des organisations juives de Belgique.

[5] Ibidem.

 

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

1 Comment

  1. La seule Justice véritable pour cette crevure et ceux qui le defendent de la sorte est celle à laquelle tout le monde
    pense….espérons que dans un dernier sursaut la Loi du Talion soit enfin appliquée, car c est peut être la seule à punir ces animaux et faire reflechir et ces inhumains qui les défendent au mépris de toute humanité.

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*