Dans une HUMEUR précédente j’affirmais qu’il fallait croire en la magie et au miracle pour être convaincu que la seule intervention du président allait mettre fin au désordre généralisé né des revendications des gilets jaunes, et pouvait peut-être ouvrir des perspectives à un situation de blocage qui ne fait l’affaire d’aucune partie.
Si j’ai peut-être eu raison sur l’appréciation du discours que je trouvais fade, sans odeur, ni saveur, à la limite, ennuyant; je n’ai en revanche, rien compris à la portée de la lettre du président et encore moins à l’impact qu’il allait avoir sur sa majorité et dans les médias. La manipulation aidant, l’on nous explique la remontée dans les sondages, la galvanisation des troupes, et la réalisation d’une prouesse en matière de communication lors de la première séance du débat national à laquelle le président assistait; ça y est, le président a repris la main entend-t-on dire à l’unisson en “macronie”.
Barbier parle même d’une expérience inédite, jamais vécue en France. Il ne m’en faut pas plus pour tenter de semer le doute : et si l’exercice était une théâtralisation bien orchestrée? Et si l’esbrouffe et le bluff l’emportaient sur le discours de responsabilité, pourtant indispensable dans ce type de conjoncture?
J’ai même cru entendre un journaleux qui intervient sur tout mais qui en fait n’a rien compris : il lance la future campagne présidentielle comme un remake de celle de 2017, avec pour concurrents Jupiter et Marine.
Sous-entendu que le pressant, ce ne sont pas les élucubrations des gilets jaunes, c’est le danger de l’élection de Marine aux prochaines présidentielles. Cela me rappelle étrangement les pratiques des pouvoirs de certaines républiques bananières, suivez mon regard.
En réalité, la préoccupation n’est pas de répondre à l’urgence, elle est de mettre Jupiter en orbite.
J’ai lu la lettre, et j’ai eu l’impression que c’était le président qui était en campagne qui parlait, celle de relire son livre.
Le registre de l’émotion est fortement mobilisé, la fierté d’être français, le refus de toute forme de violence… Oubliant que c’est lui qui l’alimente, autant par ses propos, ses comportements que ses déclarations.
La meilleure, c’est quand il défend les médias, circulez , y a rien à voir. Tout change pour que rien ne change.
“Il est nécessaire et légitime que nous nous reposions ensemble les grandes questions de notre avenir”, dit-il. mais qui ne souscrirait pas à cette belle exhortation? Sauf que les quatre questions qu’il nous propose ne sont pas celles précisément à même de répondre à l’objectif visé.
Dans son exercice avec les maires acquis d’avance à sa cause, aucun grand sujet n’a été abordé, on a été gavé par le 80km/h et les problèmes techniques des communes.
On aurait voulu escamoter les vrais problèmes, qu’on ne se serait pas pris autrement.
Pour rappel, lors du congrès des maires, Jupiter a été hué et sifflé, et les maires n’oublieront pas; pas plus que le peuple n’oubliera les fameuses perles du locataire de l’Elysée : ” Il y a des gens qui sont rien; les gaulois réfractaires; pas de concessions aux fainéants; le travail, il suffit de traverser la rue pour en trouver…”
Je serai de ceux qui seront toujours prompts à rappeler ces propos qui sont l’expression du mépris, quand ce n’est pas carrément la haine du peuple. Eh oui! Jupiter a des problèmes avec les gens en difficulté, ceux qui souffrent, ceux qui ne sont pas bien nés. C’est à dire ceux qui ne sont pas comme lui, tel qu’il se décrit dans son livre.
Peut-être que son vrai problème c’est d’être “né avec une cuillère d’argent dans la bouche”.
Comme beaucoup de gens, je vais participer au débat national, de là où je suis, en insistant sur les questions du développement et du système néolibéral devenu obsolescent; la question de l’intégration liée à celle de la citoyenneté; et enfin, et surtout la question de la laïcité en relation avec le poison du communautarisme.
Dans la semaine qui vient de s’écouler, deux très grands intellectuels se sont prononcés sur Jupiter et son parcours depuis l’élection comme président de la république. Leur jugement est sans appel, j’y souscris totalement.
Emmanuel Todd qui décrit Jupiter comme un puceau (j’adore) de la pensée et un nain politique, tout est dit.
Marcel Gauchet, dans un entretien à la Libre Belgique : “Le gouvernement est dans les contradictions permanentes, avec une politique incompréhensible; il n’y a plus de consensus possible, le pays est devenu ingouvernable; les mesurettes sur le pouvoir d’achat ne sont que des pansements; l’incompréhension s’est installée entre des parties entières de la société qui ne parlent plus le même langage”.
“Ce n’est plus une fracture sociale, c’est une fracture morale; Macron a échoué sur tout”.
“Sans un Etat fort, la France se défait”, insistait De Gaulle.
Peut-il l’être avec ce président ? A vos plumes !
Une bonne journée !
A la prochaine ? Sans doute ! Ma participation à la journée sur l’universalisme à St Denis m’a galvanisé.
Khaled Slougui
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