N’en déplaise aux «belles âmes», l’immigration sera bien l’un des thèmes du grand débat national. Emmanuel Macron aurait commis une faute majeure en l’écartant. La gauche peut s’indigner, elle est la première coupable des crispations qui entourent ce sujet depuis des décennies. Son aveuglement face aux ratés de l’intégration et son refus d’une plus grande maîtrise des flux migratoires ne sont pas pour rien dans la rupture de notre pacte social. Notre pays en paye aujourd’hui les conséquences.
Les revendications des «gilets jaunes», entend-on ici ou là, portent d’abord sur la fiscalité et les institutions. C’est oublier que la révolte des ronds-points, où flottent nombre de drapeaux tricolores, est aussi celle d’une France enracinée, attachée à ses terroirs, ses traditions et sa culture. Cette France laborieuse qui, des années durant, n’a pas bronché pendant que ses responsables politiques flattaient en priorité les minorités. Cette France reléguée aux lointaines périphéries des villes qui a été obligée de quitter massivement certaines banlieues pour fuir la ghettoïsation, l’insécurité et l’intégrisme islamique. Ce malaise, exprimé confusément par les «gilets jaunes», explose maintenant à la face des élus nationaux.
Quel remède lui appliquer? Le président de la République suggère, sans employer le mot, la fixation de quotas annuels d’immigration. Idée ancienne, plusieurs fois lancée – notamment par Nicolas Sarkozy – et qui est appliquée en Amérique du Nord, en fonction des besoins des pays d’accueil. Peut-être est-ce la solution, mais c’est aussi à l’immigration clandestine qu’il faut s’attaquer. Aussi longtemps que les autorités françaises ne se donneront pas les moyens d’expulser les milliers de sans-papiers non éligibles au droit d’asile qui franchissent tous les ans nos frontières, le sujet restera brûlant. Perce dans la colère des «gilets jaunes» la volonté, en tous domaines, d’une réappropriation de la nation.
Yves Thréard
Le Figaro
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