Eh oui! Une année est partie, si vite, qu’on s’en est même pas aperçu; et demain sera l’an prochain. Normalement, je devrais consacrer cette HUMEUR au temps qui passe, avec, pour supplique ultime, celle de Lamartine; » Ô temps suspend ton vol ». Je ne souhaite rien d’autre pour la nouvelle année.

Comme la raison, heureusement, l’emporte souvent, j’ai décidé de rester dans la suite de mes deux derniers textes » quel mal de fêter Noël et le nouvel an pour les musulmans? » et « des paradoxes de l’identité ».
En effet, le concept d’authenticité y est sous-jacent, du moins pour celui qui s’attache à déconstruire le discours islamiste qui enfle sur la thématique de l’occidentalisation; celle-ci constituerait la plus grande menace pour l’identité musulmane.
Je vais essayer de lever le voile sur cette question.
Primo : En publiant le texte sur l’identité sur le site « Esprit Laïque », je l’ai introduit par un paragraphe : » La religion n’épuise pas notre identité, elle n’en est qu’une composante dont l’importance varie d’une personne à l’autre; en revanche, la laïcité est le cadre le plus propice ,le plus approprié à l’expression d’une identité riche et complexe ». J’ajoute : elle est aussi ce qui rend possible l’authenticité, comme fruit d’un choix libre, raisonné et délibéré; et non imposée par les tenants du fameux « retour aux sources ».
Ceux-là même qui sont convaincus que les malheurs de l’Islam sont corollaires au relâchement des mœurs et à l’abandon de la religion.
A ce niveau, l’authenticité est fatalement vécue dans son acception la plus négative : refus de tout ce qui a apparence de nouveauté, répugnance à tout ce qui sort des sentiers battus.
Conception aberrante où l’Islam tend à se réduire à porter l’habit traditionnel, le voile pour les femmes, et à se laisser pousser la barbe, à se scandaliser du progrès moderne, à se complaire dans les survivances faisandées du féodalisme et de l’esprit patriarcal.

Secundo : Un grand intellectuel et homme politique algérien, le regretté « Redha Malek », a écrit de très belles choses sur cette notion d’authenticité, à partir de l’expérience de l’Algérie.
Ecoutons-le :
« Etre authentique, à notre époque, c’est être le plus possible de son époque, c’est refuser, en se laissant confondre avec les ruines abandonnées, de faire le jeu des dieux morts »…
« Etre authentique, c’est autre chose que de se reposer dans l’identique et qui est le propre des civilisations sclérosées. C’est faire effort sur soi pour intégrer le différent? Et le recours au différent amène, infailliblement, à l’authentique parce qu’un tel recours n’est en soi que l’expression d’une authenticité plus haute, celle de la pensée et des exigences qui président à son développement »…
« Nous voila loin de cette authenticité superficielle, statique, butée, et finalement abstraite que certains voudraient ériger en idole souveraine. Est-il besoin de souligner que cette authenticité n’a jamais existé dans le passé pas plus qu’elle n’existera dans l’avenir? Ombre d’une ombre, elle n’est qu’une projection d’un présent rêvé sur une histoire mythisée ».
« La modernité, c’est faire de l’homme un adulte capable de se conduire moralement en se fondant sur l’unique critère de sa conscience ».
Tertio : En vérité envisager l’avenir à partir du passé est une impasse, car se cache derrière une grande escroquerie : la conception sélective de la modernité, oui pour la technologie dont ils tirent les plus grands bienfaits, et sans complexe. Non, au cortège d’idées et de pensées qui accompagnent et rendent même possible sa mise en œuvre.
« Incontournable modernité. Exclusive de toute alternative, elle ne laisse aucun choix. Pour les civilisations distanciées par l’occident, l’assimilation de la modernité est un problème de survie.
A vouloir tirer de la foi plus qu’elle ne peut et devrait donner, il y a danger de l’amoindrir. En ce cas, les déceptions, à la longue pourraient se retourner contre elle.
Ce n’est pas par la pression, l’intimidation, le zèle apologétique frisant le terrorisme spirituel que la cause de l’Islam sera entendue. Mais, par le relèvement pratique de la situation socio-économico-politique des peuples musulmans ». (idem).
Conclusion :
J’ai fêté Noël, et lundi 31, j’ai attendu le début des hostilités (la fête) de pied ferme.
En quoi cela serait-il signe d’inhautenticité ?
Aurais-je perdu toute identité, dont, en réalité, je suis le seul à savoir en quoi elle consiste?
Aurais-je vendu, tel le docteur Faust, mon âme au diable? Pour avoir succombé aux plaisirs de la vie qui se déroule ici et maintenant.
Aurais-je empêché, ce faisant, la pratique la plus radicale de qui que ce soit ?
Dans un texte passé, j’affirmais que ce qu’il y a de bien chez les athées, c’est qu’ils vous « foutent la paix », ils ne sont pas prosélytes. On ne demande pas plus des religieux.
JE VOUS SOUHAITE A TOUS
De l’amour
Et de l’humour
Pour la nouvelle année
Une bonne journée ! Et un bon réveillon !
A la Prochaine ? Franchement, je ne sais pas. Si je me mets à vendre les makrouds sur les marchés!!!
Khaled Slougui