Dans une centaine de jours, le peuple israélien ira aux urnes pour élire une nouvelle coalition gouvernementale.
Pour la première fois depuis de longues décennies, des élections auront lieu à terme, après un mandat de quatre ans. Malgré toutes les difficultés parlementaires, contre vents et marées, ce gouvernement a réussi à sauvegarder une certaine stabilité.
Après une dizaine d’années au pouvoir, le Premier ministre, Benjamin Nétanyahou, se lance, pour la cinquième fois, dans une nouvelle campagne électorale. Elle sera sans doute la plus rude et la plus compliquée pour lui, malgré les sondages favorables qui le placent toujours en tête des leaders israéliens et bien que le Likoud demeure le plus grand parti du pays.
La lassitude de le revoir une fois encore diriger le pays, et surtout l’éventuelle mise en examen, risquent en effet d’ébranler complètement l’échiquier politique. Cela dépendra si elle sera mise à exécution avant ou après les élections prévues le 9 avril 2019.
Pour l’heure, personne ne sait comment la situation politique va évoluer : y aura-t-il un vote sanction contre Nétanyahou ? Quel sera le verdict du peuple ? Et celui du procureur de l’Etat ?
Tout pronostic reste hasardeux bien qu’il existe un léger avantage au bloc de droite pour former une prochaine coalition viable.
Si la Droite ne souhaite pas changer son leader et le suivra, presque aveuglement, jusqu’au bout ; à Gauche et au Centre, la situation est complexe, incertaine et bien floue. Toutes les tentatives de former un bloc homogène, harmonieux et uni contre Nétanyahou n’ont pas réussi à ce jour. Les raisons sont multiples et concernent, entre autres, le refus des chefs de partis de céder leur place, ainsi que la formation de nouveaux partis avec à leur tête des anciens généraux ou des militants contre la vie chère.
En dépit du fait que les affaires économiques et sociales nous préoccupent profondément, les questions sécuritaires et les menaces proches ou lointaines dominent et sont omniprésentes. Pourtant, rien n’indique qu’un ancien général serait capable d’être un excellent leader politique. La discipline à l’armée est bien différente de celle de la vie politique.
Il existe, comme d’ailleurs dans le monde entier, une carence en leadership. Ici, chacun prétend devenir, du jour au lendemain, ministre de la Défense ou des Finances, voire Premier ministre. La mégalomanie l’emporte sur la modestie et les compétences. Les jeunes loups et les charlatans de la politique sont aujourd’hui beaucoup plus nombreux que les véritables leaders, les vrais hommes d’Etat, ceux qui possèdent le charisme, l’audace, l’expérience, la force tranquille et surtout les intérêts des citoyens et des affaires de l’Etat.
Il est triste de constater que le Mal israélien persiste par la multiplication des petits partis et la présence de démagogues et populistes. Nous le répétons souvent seule la modification du système électoral actuel pourra éviter la présence de petits partis charnières et capricieux.
Les Israéliens forment une société très politisée et nous espérons que cette campagne électorale ne sera pas personnalisée, comme les précédentes. Nous souhaitons que les débats se placent sur les idéologies et les réformes dans le cadre d’une présentation claire de programmes, de grands meetings avec un véritable militantisme. Les stratèges en communication ont évidemment un rôle à jouer, surtout sur les réseaux sociaux, mais ils doivent éviter la banalisation de la démocratie par des messages creux, des sondages éphémères, des promesses vides de sens, populistes et irréalisables.
Faire une distinction nette entre l’important et l’insignifiant, l’essentiel et la futilité, le faux et le vrai. Eviter la violence verbale, les bagarres et les insultes et redonner à notre démocratie le bon sens et la joie de vivre dans ce pays.
Freddy Eytan
Le CAPE de Jérusalem, jcpa-lecape.org
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