Chaque année, à cette période, je fais circuler parmi les musulmans et les non-musulmans, pour leur expliquer que fêter Noël et le nouvel an ce n’est ni Haram (illicite), ni un mal, un article de mon ami Mostefa Benchenane ( Politologue à la faculté de droit de l’Université René-Descartes – Paris v – et Directeur de séminaire au Collège Interarmées de Défense – CID ).
L’article a été publié le 26 décembre 2002 dans le Figaro, sous le titre « Noël, une fête aussi pour les musulmans ».
Pour ma première « fin d’année » sur FB, j’ai décidé de changer le format, tout en gardant le même objectif : déconstruire le discours islamiste, et ce faisant, fissurer la stratégie d’endoctrinement.
Désormais, ce sera une HUMEUR qui remplacera les habituels courriels. Celle d’aujourd’hui se pose la question de savoir quel mal y-a-t-il à fêter Noël et le nouvel an pour les musulmans? D’aucuns peuvent apprécier, d’autres vont me maudire, à l’instar des jeunes radicalisés chez qui je sème le doute, et d’autres encore vont penser que je les fais chier avec la Religion. Je ne veux pas et je ne peux pas plaire à tout le monde.
Primo : Les certitudes qui encombrent la pensée des jeunes et, bien au-delà, sur l’interdiction de fêter Noël et le nouvel an, comme l’ensemble des interdits, ont pour fondement le discours de prédicateurs qui énoncent des paroles du prophète et des versets du Coran n’ayant rien à voir avec le sujet. Deux prédicateurs sont connus pour leurs prêches ( Ibn Baz et Ibn Fawzan ), c’est eux qui disent la doxa, et la sourate la plus mobilisée à cet effet est celle de la table servie (5; 2/3).
Le verset 2 , en particulier énonce : « Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes oeuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le pêché et la transgression ».
Quant au verset 3 : « Aujourd’hui, j’ai parachevé, et accompli sur vous mon bienfait. Et j’ai agréé l’Islam comme religion ».
Par quelle acrobatie on passe de ces versets à l’interdiction des fêtes de Noël et du nouvel an? Qui faut-il le répéter n’existaient pas du temps du prophète, et qui surtout de nos jours, revêtent un aspect plus culturel que religieux. J’ai toujours milité pour l’acception de la Religion comme élément de culture, le rapport à Dieu étant une affaire personnelle.
C’est donc l’homme malfaisant, celui qui se prend pour Dieu à la place de Dieu, qui interprète comme il veut, et à posteriori, des pratiques qui n’avaient pas cours il y a 14 siècles. Le péché suprême, serait, paraît-il, d’imiter les autres peuples, cela nous ferait perdre notre âme; pauvres bougres!
La stratégie de la référence au Coran et aux paroles du prophète, c’est d’impressionner les foules et en même temps de légitimer la lecture fantaisiste.
J’ai eu des altercations avec les jeunes à ce sujet : ils répètent comme des perroquets une argumentation apprise par cœur, et lorsqu’ils sont acculés, soit ils deviennent violents, soit ils vous disent « je vais chercher encore, et la prochaine fois, je vous répondrai ».
Secundo : En Islam, il faut savoir que Jésus et Marie ont un statut particulier. Ils tiennent une place éminente dans le Coran, nous dit l’auteur de l’article. Il fait référence à pas moins de 10 versets du Coran, dont les plus significatifs :
« Ô Marie! Allah t’a choisie et purifiée. Il t’a choisie sur toutes les femmes du monde », (3; 37/42)
« Seigneur! Répondit Marie, comment aurais-je un enfant alors qu nul mortel ne m’a touchée? » (3; 42/47)
« Ainsi, répondit-til, Allah crée ce qu’il veut. quand il décrète une affaire, il dit seulement à son propos ; « Sois! », Et elle est »
Il est demandé au prophète : « Et fais mention de celle restée vierge en sorte que nous soufflâmes en elle de notre esprit et nous fîmes d’elle et de son fils un signe pour le monde », (21; 9)
Il faut savoir que le coran reconnait Jésus comme prophète et non comme » fils de Dieu « ; Dieu est une abstraction pour les musulmans, il n’a pas été enfanté et il n’enfante pas.
Et Mohamed n’a pas une qualité supérieure à la sienne. Le prophète de l’Islam est un homme chargé de transmettre le message, un avertisseur désigné pour confirmer les messages transmis, avant lui, par d’autres prophètes.
« Dis : Je suis seulement un mortel comme vous ». (28; 110)
« Nous ne t’avons envoyé que comme annonciateur et avertisseur ». (17; 105/106)
Par ailleurs, la relation des musulmans avec les juifs et les chrétiens doit s’établir sur un mode pacifique.
« Ne discute avec les gens du Livre que de la manière la plus courtoise, sauf avec ceux d’entre eux qui sont injustes.
Dites : « Nous croyons à ce qui est descendu vers vous. Notre Dieu qui est votre Dieu est unique et nous lui sommes soumis ». (2; 130/136).
Le Coran pousse la reconnaissance des autres religions monothéistes encore plus loin, puisque, dans le doute, le croyant peut interroger les autres Écritures.
« Si tu es dans le doute, sur ce qui t’a été envoyé d’en haut, interroge ceux qui lisent les Écritures envoyées avant toi ». (10;94)
A cet égard, Noël et le nouvel an pourraient être pour les associations musulmanes l’occasion d’imprimer à leurs réflexions et prises de position une orientation résolument constructive, tolérante et fraternelle à l’égard des autres religions.
Tel est le message, conclut mon ami, d’affection que les associations et organisations musulmanes doivent diffuser auprès de leurs adhérents et en direction de tous ceux qui se réclament de « l’Islam en France ».
C’est à cette condition qu’existera un Islam en France qui fêtera Noël, parce qu’il se sentira concerné par cet événement et avènement qu’est la naissance de Jésus.
Adhérant totalement à l’analyse de mon ami et l’intention qui la sous-tend, je vais fêter Noël et le Nouvel an, comme d’habitude; je vais simplement partager l’esprit de fête.
Moi je retiens cette exhortation du bon Dieu : » Ne néglige pas ta part de vie dans ce monde » (28; 77).
Ceux qui ont tourné définitivement le dos à la vie, et les fins ultimes ne m’intéressent pas; la merveille se niche « ici et maintenant », ai-je l’habitude de dire.
Une bonne journée!
A toutes et tous, un bon bout d’an et de joyeuses fêtes.
Oui ! Noël est aussi une fête pour les musulmans.
Khaled Slougui
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