Humeur du jour. Ce qui ne te tue point te renforce. Khaled Slougui

Eh oui ! Au lieu de tuer les Gilets Jaunes, par ses maladresses à répétition, le pouvoir les renforce. Parce qu’ils sont porteurs d’espoir de changement; parce qu’ils célèbrent l’intérêt général, mot devenu blasphématoire pour les dominants; parce qu’ils réhabilitent le rêve, qu’est-ce qu’une vie, même dorée, sans rêve, disait la poétesse; parce qu’ils ont semé une graine. Leur mouvement, et tout ce qu’il incarne, fera tâche dans l’histoire.

RASSUREZ-VOUS LES AMIS, ce n’est ni Jupiter ni l’un de ses collaborateurs (surtout pas Castagnette, pardon, ma langue a fourché) qui est l’auteur de ce sublime aphorisme que j’ai choisi pour titre de mon HUMEUR, c’est le grand Nietzsche qui nous avait prévenu que « Dieu est mort ». Oui! aphorisme sublime parce qu’il induit aussi bien l’idée de résilience très chère à Boris Cyrulnik, que l’idée d’évolutionnisme battue en brèche par les pires ténébreux, tel Haroun Yahia, le bandit ottoman que les jeunes radicalisés prennent pour modèle, mais aussi les évangélistes d’outre atlantique et leurs caniches de l’hexagone dont la nouvelle lubie est une fourberie habile qui consiste à retrouver la Religion et Dieu à partir de la science.

Cependant, on s’entend bien, dans mon livre j’ai utilisé le concept de résilience, mais en l’affublant tout aussitôt du qualificatif « laïque », pour me démarquer des islamistes qui se sont appropriés ce concept, non sans l’adjonction de la référence religieuse. Donc ils promeuvent la résilience par le religieux. Une voie sans issue.

Le pauvre Jupiter lui, est encore sur la transcendance, celle qui fait du pouvoir financier l’équivalent, ou le remplaçant de Dieu sur terre. Et çà, c’est « moins que rien ». Désolé, mais il faut dire les choses. Chez nous, on rend la pièce de la monnaie, il y va de son existence.
Le mal est dans le néolibéralisme ravageur; dans mon HUMEUR d’avant hier, je m’interrogeais pourquoi le capitalisme, dans sa forme contemporaine, serait le seul système à ne pas être frappé d’obsolescence ?

Introduire les notions de collaboration, de participation, de coopération, d’entraide, de solidarité,… Et osons le grand mot, de fraternité, s’apparente peut-être à l’exigence du temps qui passe.

A bien analyser la situation, j’ai prévu exactement ce qui allait se passer.

Dans la minute qui a suivi le discours de Jupiter, j’ai dit sans hésitation aucune, que le cinquième samedi aura lieu, car le compte n’y est pas. La poudre aux yeux peut gêner la vue, mais elle n’empêche pas de voir. Nous y sommes et les GJ sont dehors.

Mais l’impromptu attentat est venu, qui a rebattu les cartes, pour le malheur des GJ, vu que leur mobilisation risquait d’en prendre un coup, et pour le bonheur du pouvoir qui n’allait pas manquer, y compris de façon honteuse, de capitaliser sur l’évènement et de l’exploiter à son profit.

Il y avait quelque chose d’indécent dans la ballade de Jupiter au marché de Noël de Strasbourg. L’unité nationale est un argument éculé et usé jusqu’à l’os. L’immense Léon Tolstoi a déjà en son temps dénoncé le patriotisme comme étant de l’esclavage.

Chez nous, le chantage au nationalisme y ressemble étrangement. Ce que j’y décèle, c’est surtout la pire des formes du mépris, celle qui consiste à prendre les masse par les sentiments.

Là aussi , j’avais quelque avance sur les observateurs attitrés et gracieusement payés du pouvoir; dans une tribune publiée sur le site du CLR, il y a deux ans; j’invitais à intégrer une démarche rationnelle sur la problématique de la radicalisation: « Plutôt la raison que l’émotion ».
La dernière sortie de « Castaner » est pitoyable à cet égard : « Les gilets jaunes affaiblissent le pays face au terrorisme », une accusation qui en dit long sur une certaine façon de faire autrement de la politique, la façon la plus conservatrice, la plus réactionnaire, malgré les apparences.

Sur un autre registre, mon HUMEUR sur les idées reçues en matière de radicalisation a eu beaucoup de succès, les gens ont surtout apprécié un discours non formaté, non convenu; un discours fondé sur l’expérience du terrain, et non sur la supposée érudition de sciences po.
Cela m’encourage à ne rien lâcher, à mettre mon grain de sel, à continuer à tracer mon sillon, la tête froide.

Les admirateurs de Jupiter vont certainement prendre leur distance avec moi, ils sont excusés par avance, car moi, je dépasse ce type d’attitude, ce n’est pas mon niveau. Dans ma conviction et ma culture, être ouvert à tout, être amène au changement, être dans la célébration de l’altérité, mille fois oui!

Accepter l’humiliation et l’atteinte à la dignité, à l’honneur, mille fois non! Mon camp est choisi, celui des humbles et des laïques, or, Macron n’est ni l’un , ni l’autre. Nous ne serons jamais du même bord.

En parlant de sentiment, aujourd’hui je délire avec TOLSTOI.

« En matière de sentiment, le manque de logique est la meilleure preuve de sincérité ». Vous avez largement de quoi animer vos réunions, vos repas, vos prières…du week end.

Et la der des der, mon pote Mouloudji nous a avertis : « On peut vivre sans richesse, parfois même, sans le sou, les barons et les princesses, il n’y en a pas beaucoup; mais vivre sans tendresse, il n’en est pas question. Non! Non! Non! Non! il n’en est pas question ». Allez Monsieur le Président ! De grâce un peu de tendresse !

Sans rancune !

Une bonne journée !

A la prochaine ? sans doute !

Khaled Slougui

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3 Comments

  1. Bravo pour cette acuité et cet universalisme qui redonne de l’espoir. Les beaux idéaux ont tant été dévoyés, instrumentalisés, détournés par des procédés manipulatoires toujours plus agressifs. Oui effectivement demandons un peu plus de tendresse, et surtout un peu moins de cynisme.

  2. Oui, à la prochaine, sans aucun doute, car ici vous êtes sur TJ, un des rares espaces de liberté qui restent dans cet univers médiatique bien sombre. Aujourd’hui il pleut sur Jupiter, Zeus ferait-il des siennes pour exprimer son courroux ?

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