Après le « plus jamais ça ! », ils ont abandonné le Juif. Un temps. De latence. Soixante ans durant. Ils faisaient profil bas.
Sous le vocable de Sion, ils recrachent leur venin.
Il y a un double standard de la presse à l’égard de l’Etat d’Israël. A nous de l’accepter.
Nos vociférations ne changeront pas les rotatives. Ecrites. Ou parlées. Qui sont le rot, l’éructation, le retour, de temps anciens.
Le Juif n’a pas à se justifier. Il n’a pas non plus à expliquer. La raison. De leur déraison.
L’Etat d’Israël se débrouille. Dans le concert des nations. Malgré les coups. Bas de certains de ses amis. Ou qui se disent ses amis.
De Gaulle, ne disait-il pas : « Les états n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ».
Hier, encore, à la date anniversaire de La rafle du Vel’ d’Hiv’, les discours des politiques avaient du panache. Comme s’ils étaient à la fête. De la Mémoire.
On attendait les mots. Que les mots libèrent les maux. En retard. De décennies.
Les politiques savent discourir. Faire de beaux discours. Encore faut-il qu’ils soient suivis par des actes. Sinon quelle que soit la force de leurs mots, ils sonnent creux. Sinon à l’oreille des imbéciles.
J’ai le souvenir d’échos autour du discours du 16 juillet 1995 de Jacques Chirac au Vélodrome d’Hiver.
De Belgique, j’ai suivi de loin ce qui se passait. J’étais à mille lieues de savoir à l’époque et donc aussi de comprendre que je portais haut les traumatismes de la Shoah. J’étais l’imbécile, dans le déni de l’histoire familiale. J’étais le porteur de leurs secrets. Le porte-étendard de la seconde génération. Mon père m’avait refilé ses traumas. Je savais les secrets mais je n’avais pas le droit de les savoir, je savais sans savoir, ce qu’on appelle « le devoir de nescience ». L’enfant, et plus tard l’adulte, sait, sans savoir. Il sait, tout en ne sachant pas.
Par « transposition », Judith Kestenberg exprime l’idée que l’individu s’accapare les faits passés et tend à les revivre dans l’actuel. Il s’agit d’un fonctionnement psychique qui prend valeur de « pont » historique, et qui entérine l’absence de travail de deuil des parents.
[…]
Il semble, alors, que les parents qui ont subi les traumatismes confient à leurs enfants une part de leur fonction psychique réactionnelle au trauma : revivre les évènements afin d’essayer de les maîtriser.
(Enfants de survivants – Nathalie Zajde – Ed. Odile Jacob)
J’ai porté la Shoah toute ma vie, je ne m’en doutais pas. (Cf. : le devoir de nescience)
J’ai répété la Shoah dans ma vie, au début des années 2000.
En thérapie, j’ai découvert la psychogénéalogie ou le transgénérationnel. Mais surtout Nicolas Abraham et Maria Torok, à l’origine de la clinique du fantôme ou les conséquences des secrets de famille à travers les générations, de la maladie du deuil ou le deuil impossible d’un être cher, du fantasme d’incorporation ou de l’identification avec un autre, de la crypte ou l’enterrement d’un vécu honteux indicible.
J’ai découvert les loyautés familiales inconscientes, invisibles, indicibles, de Boszormenyi-Nagy.
Certains répètent par loyauté l’histoire des générations passées. Certaines loyautés ne semblent pas nous perturber. D’autres plus inconscientes, invisibles, indicibles, peuvent nous freiner. Nous empêcher. De vivre notre destinée. Le « je veux donc je peux » est un leurre.
Un déterminisme existe. A nous de le déjouer pour nous libérer.
Les fantômes ne sont pas toujours les morts qui viennent hanter. Ils sont les manques laissés en nous par le secret des autres.
Le fantôme est le travail de l’enfant pour comprendre et soigner son parent. En espérant mieux comprendre et se soigner.
Les parents ne sont pas responsables. De ne pas avoir parlé. Mais où le parent s’en tire, par le refoulement, en cachant le secret, dans une crypte psychique. L’enfant réceptionne le pathogène autour du non-dit. Qui peut se traduire par des troubles psychiques ou du comportement.
J’ai répété les secrets de mon père, j’ai répété l’histoire familiale par loyauté. Inconsciente, invisible, indicible.
Notre monde pullule de fantômes. Dans les placards. Des nouvelles générations.
Les révolutions, les guerres, les champs de bataille, les massacres, les génocides, la bravoure, la collaboration. Et tout ce qui touche le drame ou les tragédies au quotidien.
Après la Shoah, l’antisémitisme n’a pas bonne presse. Il faut réinventer le concept.
Les loyautés n’attendent pas. Elles sont sous-jacentes. Depuis des siècles. Le temps de latence. Une éternité.
Les loyautés familiales inconscientes, invisibles, indicibles exigent. La filiation, la ligne éditoriale familiale, la transmission des idées et des comportements.
Pourquoi n’aurais-je pas le droit de critiquer l’Etat d’Israël ?
Lorsque la critique est obsessionnelle. Elle n’est que le retour de l’antisémite. Sur ses terres de prédilection. A l’ONU, à l’UNESCO, dans la presse, les cours d’école ou les diners en ville …
Lorsque les médias cachent, oublient, omettent, les informations. Ou les détournent. Systématiquement à charge. Il est temps de se poser la question. Du pourquoi ?
J’ai entendu le lâchage, le lynchage des Juifs de cour lors du procès Bensoussan, l’historien du « mémoriel ».
L’être humain s’ancre dans l’héritage. Il investit la place. Le rôle désigné. Il pose ses pas, dans ceux, de ceux qui l’ont précédé.
Les autorités juives n’ont pas fait preuve de courage lors de l’affaire Dreyfus.
Le procès, les émeutes, les campagnes de presse antidreyfusardes, diffamatoires et antisémites ont jetés l’opprobre sur les Juifs.
La création du sionisme en sera la conséquence. Herzl horrifié, imaginera une terre pour les Juifs. La politique de Vichy à l’encontre des Juifs, en sera une autre. La politique française à l’égard de l’état d’Israël, une dernière.
La mémoire collective hante toujours ces (op)positions.
Dans la réalité, la justice n’est pas le jugement du roi Salomon. La justice est un code de lois, du droit. Son rôle n’est pas d’être juste.
Après la Shoah, l’appareil d’Etat, les juges sont restés en place. Les mêmes qui jugeaient les résistants, jugeaient à présent les collaborateurs. Sans prise de conscience ou de repentir.
En Allemagne, l’Etat était infesté d’anciens nazis. Mais l’Allemagne a fait un travail. Que d’autres ont omis.
Pour apporter les changements, réfréner les loyautés familiales, sociales, sociétales, à ses valeurs, à ses institutions, à l’Etat, il faut prendre conscience des répétitions. Des scénarios éculés.
En 1995, le discours du Vel d’Hiver. En 1996, le président Chirac à Jérusalem, menaçait de reprendre l’avion. La conscience et la politique ne font pas bon ménage.
Après la guerre, en Belgique, les membres du Conseil Juif auprès des autorités allemandes n’ont pas été inquiétés. « Dans une dynamique de pacification qui prévalait face au peuple Juif qui pansait ses plaies ».
(Paul Aron, José Gotovitch, Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, éditions André Versaille, Bruxelles, 2008)
Jusqu’à ce jour, les Juifs de cour, n’ont jamais présenté leurs excuses à la Communauté, aux familles endeuillées, par leur collaboration.
Sur la base des histoires de fantômes racontées dans les livres, j’imagine le monde d’aujourd’hui.
[…] Ainsi, tel porteur de fantôme est devenu naturaliste du dimanche […] mettant en scène le sort fait à l’objet [d’amour] de sa mère. Celui-ci fut dénoncé par la grand-mère (chose inavouable et demeurée secrète) et, après avoir été envoyé « casser les cailloux », il mourut en chambre à gaz. A quoi notre homme passe-t-il ses week-ends ? Il va, géologue amateur, « casser les cailloux » et, chasseur de gros papillons, il les attrape et les achève dans un bocal de cyanure […]
(Quelle psychanalyse pour demain ? voies ouvertes par Nicolas Abraham et Maria Torok – Nicholas Rand – éditions érès – page 101)
Longtemps, je m’interrogeais.
Quel fantôme, portais-je ?
Je lisais, relisais les exemples. Cent fois. Certainement. Plus.
Je crevais. La solution.
Je portais non pas un mais deux fantômes. De deux histoires différentes. Qui s’étaient emmêlées, entremêlées, pour n’en faire plus qu’une, la mienne.
L’Europe est embourbée. Dans ses vieux conflits. Ses populations. La perte de terrain d’une civilisation en déclin. Il ne faut pas s’étonner des comportements qu’elle génère.
Immoler les sionistes sur l’autel de sa honte est le seul moyen qu’elle ait trouvé pour éloigner ses fantômes. Ou la nouvelle équation. A la mode. Celle de l’Etat d’Israël, nouveau Juif des nations. Où personne ne s’offusque ou ne s’indigne des menaces de l’effacer de la mappemonde. Comme Hitler avait promis d’effacer les Juifs auparavant.
Le double jeu politique. De discours plaisants. A l’égard des Juifs. Et en simultané le retour d’autodafés. De la chair juive. Est du cynisme. Lorsque l’Etat d’Israël est menacé. Dans les instances internationales. Les non ou les abstentions de l’Europe, sont un affront, à son existence.
L’Europe est-elle morte à Auschwitz, comme certain le suggère ?
L’Europe rêve-t-elle la destruction de l’Etat d’Israël, comme d’autre(s) le suggère(nt) ?
La culpabilité de la faute, insupportable, la seule perspective de se dédouaner de ses responsabilités pendant la Shoah étant l’inversion des images. De son propre discours.
La victime, par le miracle de la presse, comme dans une fable, transformée en bourreau.
Rien n’équivaut à la Shoah, n’en déplaise au mur des cons.
Soixante ans de réserve. Pour s’abandonner à nouveau. Où quelques mots sur les murs d’un métro… la porte d’un lavabo… Sont devenus. Redevenus. « Mort aux Juifs ! »
Comme une incontinence. De perte de paroles. Un lâcher des sphincters. Une logorrhée des vocables. D’une diarrhée fréquente. Abondante. D’une nouvelle constante. Ou du sempiternel retour. D’une répétition. Des (chasses à) « courre » d’Europe. Ou de son ADN.
Où dans ses rues. Ou ses adresses. L’appel à égorger les Juifs ou terminer le travail d’Hitler n’est plus un interdit. Interdit. Et où de mini « Nuit de cristal » se passent au grand jour.
Le meurtre de Sarah Halimi en est le bon exemple.
Le parquet qui poursuit monsieur Bensoussan en deuxième instance après sa relaxe.
Le parquet qui n’intervient pas dans l’affaire de madame Sarah Halimi. Qui n’en est point une.
Puisqu’elle ne concerne personne. Le Juif n’étant plus personne. Sous certains cieux.
Où 28 policiers. En attente. Ne bougèrent pas.
Malgré les cris évidents, déchirants, qu’entendirent les voisins.
Où le retour. De mauvais souvenirs. Remontent. A la conscience.
Et pourtant. Sans lynchage des médias. Toujours si prompts. Pour réclamer justice.
Ou le retour des médias. L’éternel retour. Aux vents mauvais.
Ne dit-on pas le garde des sceaux ?
Le gardien de la Loi. Non de la justice.
La justice est un leurre. Elle n’existe pas.
Et si le Juif est devenu une insulte incontournable, l’Europe n’en est pas moins le chaland du commerce ou de sa flagornerie.
Les anciens seront antisionistes. Les plus jeunes seront antisémites. La même attraction de la mort ou du vide. Le nouvel antiracisme à la mode. Des plus racistes que jamais.
L’antisémitisme pépère ne prônait pas l’anéantissement du peuple Juif. Avant Hitler. C’était de l’inconcevable. Les bouches (r)ouvertes. L’antisionisme permet. Revendique. A mots couverts. (De) sous-entendus. L’anéantissement de l’Etat d’Israël. Et par la même occasion de 6.000.000 de Juifs. Vivant dans ses frontières. Comme un retour. De leurs loyautés. Ancestrales.
Le comportement délirant, voire absurde, de la juge, dans le meurtre de madame Sarah Halimi, ne résulte pas du hasard. Il correspond, sans aucun doute, au(x) loyautés ou fantôme(s) qu’elle porte.
« Qui méconnait son histoire est condamné à la revivre ».
L’histoire de l’Europe est en marche. Vers une fin. De ses valeurs. Qui désespèrent.
En aidant ou supportant la délégitimation de l’Etat d’Israël, l’Europe se délégitime. Par un retour de bâton.
Le génie, israélien, est l’attraction de la nouveauté, des idées, la mutation du passé.
Le Premier ministre de l’Etat d’Israël, Ben Gourion s’appelait David Grün, avant de lâcher son passé.
Freddy Win
Très fort ! Tout a fait de actualité ,a méditer ,pour ceux qui s accroche encore a cette Europe hostile aux Juifs !