Je ne sais pas par Michèle Chabelski

Bon
Mercredi

Des gens disent ah oui elle se débrouille pas mal avec les mots, c’est peut-être parce que son père n’était pas français et qu’elle a morflé quand elle était petite parce que l’objet de son amour avait un accent à couper au couteau, qu’elle portait un nom imprononçable et qu’elle arborait autour du cou une médaille faite d’une seule lettre accolée a une petite étoile qu’elle devait justifier en disant c’est une étoile de David.

Elle disait étoile pour être sure de se faire comprendre, parce que chez elle on disait maguen David, mais elle craignait de ne pas être entendue et pour aller plus vite elle disait c’est une lettre hébraïque qui veut dire la vie et une étoile parce que je suis juive.

T’as pas envie d’avoir une petite croix comme moi?

Euh.. non..

En fait certains jours, si..

J’aurais aimé faire ma communion en robe blanche, apporter des images sacrées à la maîtresse et m’appeler Bonneau comme la fille de la mercière de la rue Montorgueil.

Mais je sentais que ma différence était le cadeau offert par mon père à ma naissance et qu’elle signait ce lien indéfectible qui me reliait à son silence et à ses larmes.

Mais son accent m’indisposait sevère et même s’il se repaissait de littérature et de philosophie francaises en quittant son atelier, je me jurais in petto que je dompterais cette langue qui le narguait et l’opprimait parfois cruellement..

Mais les mots tatoués sur ma mémoire ne répondent pas toujours à mon exigence et il arrive parfois comme ce matin que le temps me laboure les côtes et que je doive renoncer à cette chronique car l’heure presse, que Morphée m’a étreinte un peu tard et que je doive m’extraire de ce lit tiède au motif que le quotidien s’accomplit plus efficacement debout que couché.

Donc mon amour des mots que je porte à votre bienveillante lecture chaque matin va se diluer dans la douche et si ma mémoire reste vaillante et ben va falloir attendre demain pour lire une chronique qui ne tombe pas de guingois comme cette pauvre chose calamiteuse que j’ose vous proposer ce matin.

Que cette journée vous offre la sérénité et les petites joies que BFM lacère sans pitié dès potron minet..

Je vous embrasse

Michèle Chabelski

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2 Comments

  1. Michèle:

    – « J’aurais aimé faire ma communion en robe blanche, apporter des images sacrées à la maîtresse et m’appeler Bonneau comme la fille de la mercière de la rue Montorgueil. »
    * « La communion en robe blanche » ? Qu’est-ce exactement. Voulez-vous bien me l’expliquer, parce que, dans la Bible, je n’en trouve aucune mention. Merci d’avance.
    * Des « images sacrées » ? De quoi s’agit-il exactement ? Dans la Bible, aucune mention non plus. Je précise : la Bible qui va de la
    Genèse à l’Apocalypse.
    * Par ailleurs, si la fille de votre mercière de la rue Montorgueil s’appelait Bonneau, je tiens toutefois à vous signaler que la fille de la mercière de la rue Monthumilité s’appelait, quant à elle, Bengourion. On trouve en effet aussi beaucoup de Juifs parmi les simples commerçants…
    – « Mais son accent (de votre père) m’indisposait sevère et même s’il se repaissait de littérature et de philosophie francaises en quittant son atelier, je me jurais in petto que je dompterais cette langue qui le narguait et l’opprimait parfois cruellement… »
    Aucun accent ne devrait indisposer qui que ce soit parce qu’il fait partie de la différence que tous, d’une manière ou d’une autre, portons en nous. La langue d’un peuple n’a rien à voir avec le comportement de ce peuple, ou ses actes, qu’ils soient bons ou mauvais. Chacun doit apprendre à assumer ses origines, à les aimer et non pas à les combattre. La diversité humaine est une fabuleuse richesse.

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