Analyse – Un président est- il condamné à finir à genoux dix huit mois après son élection ? L’exercice du pouvoir obéit en France à des règles non écrites. S’écarter du chemin, c’est s’affaiblir immanquablement. Emmanuel Macron découvre à ses dépens qu’il n’y fait pas exception.
Le 9 septembre 1715, lorsque la dépouille de Louis XIV fut conduite en grande pompe de Versailles à Saint-Denis, un fait frappa les contemporains. Pour la première fois, le cortège funèbre du souverain ne comprenait plus, pour l’essentiel, que la maison du roi. Municipalité parisienne, paroisses, corps de métiers, parlements, représentés aux funérailles de Louis XIII, étaient cette fois-ci absents. L’absolutisme avait trop bien réussi et isolé la couronne de ce qu’on appellerait plus tard les corps intermédiaires et la société civile. Se sachant sans influence sur le cours des affaires publiques, ceux-ci s’en étaient détachés, ne sortant de leur passivité que pour défendre leurs privilèges (au sens strict du mot, qui signifie «loi particulière»). Voilà désormais l’État seul en charge de l’intérêt public. Saura-t-il assumer pareil fardeau? Tocqueville, dans L’Ancien Régime et la Révolution, juge que non. Qu’advienne une crise et «le gouvernement central s’effraie de son isolement et de sa faiblesse ; il voudrait faire renaître pour l’occasion les influences individuelles ou les associations politiques qu’il a détruites ; il les appelle à son aide ; personne ne vient, et il s’étonne d’ordinaire en trouvant morts les gens auxquels il a lui-même ôté la vie.» Alexis de Tocqueville.
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