LES AUTORITÉS israéliennes ont mis un mois à réagir à l’assassinat par Riyad du journaliste et opposant saoudien Jamal Khashoggi. Ce long silence témoigne de la gêne suscitée en Israël par cette affaire.
Entourée de zones d’ombre, la relation israélo-saoudienne est également assombrie par des révélations sur des ventes de matériel d’espionnage et de surveillance aux pays du Golfe et en particulier à l’Arabie saoudite pour traquer leurs dissidents.
Selon le lanceur d’alerte Edward Snowden et l’institut de recherche canadien Citizen Lab, un logiciel espion a été utilisé par les services saoudiens pour tracer Jamal Khashoggi. Mis au point par la société NSO Group, basée en Israël, il aurait été installé sur le téléphone d’Omar Abdulaziz, un autre dissident saoudien exilé qui était en relation étroite avec le journaliste.
VIRUS APPELÉ PEGASUS D’UNE EFFICACITÉ ABSOLUE
D’une efficacité absolue, ce virus appelé Pegasus peut débloquer n’importe quel téléphone portable via un hameçonnage. Après l’ouverture d’un lien, il s’installe silencieusement et enregistre toutes les communications, interactions et emplacements d’un smartphone. Fondé par d’anciens membres de l’unité de renseignement électromagnétique de l’armée israélienne, puis racheté par une société américaine, NSO Group affirme pour sa part que le logiciel sert uniquement à combattre le crime et le terrorisme.
Thierry Oberle
Le Figaro
Tous les pays ont besoin du renseignement militaire pour défendre leur souveraineté; le renseignement politique éclaire le renseignement militaire et tous les pays ont la tentation de confondre rapidement la défense du régime politique avec la défense du pays. Sur cette question, les démocraties n’ont pas de leçons à donner aux dictatures ni de leçons à recevoir sur les clients de leur industrie de défense.
Le problème n’est pas le glissement habituel du militaire au politique mais le dérapage vers la sécurité privée qui utilise des techniques d’Etats souverains pour défendre des intérêts particuliers, par des moyens qui devraient rester sous le contrôle des Etats. L’hystérie anti-saoudienne récente est invraisemblable, particulièrement aux Etats Unis. NSO n’est pas une société importante et les moyens qu’elle offre ne semblent pas avoir inquiété le crime organisé qui devrait rester notre ennemi principal, avec l’islamisme.
Les libertés publiques des autres pays ne sont pas notre affaire, quand elles sont menacées dans ce que nous appelions « la République Française », désormais connue comme « l’exécutif », rattrapé par un populisme qu’il avait inventé.