« Gilets jaunes » : « Le gouvernement s’est coincé doublement », estime Jean-Michel Aphatie

 Au lendemain de la mobilisation des « gilets jaunes », Édouard Philippe a assuré dimanche au 20H de France 2 avoir entendu la « colère » et la « souffrance » mais veut maintenir le « cap », alors que les blocages et barrages filtrants se poursuivent dans plusieurs régions lundi.

« Visiblement, la prise de parole du Premier ministre ne suffira pas. D’ailleurs, lundi matin, il y a encore beaucoup de blocages. On pense que les routiers pourraient entrer dans la danse. On entend aussi qu’une manifestation nationale pourrait être organisée samedi.

Je ne sais pas si le gouvernement joue la carte de l’apaisement, mais il a en tête la possibilité du pourrissement. Or, pour l’instant, il n’y est pas. Le gouvernement a dû constater, comme nous, que le mouvement de ce week-end a été un succès. Pour un mouvement qui n’est pas organisé, et qui n’a pas de leader, mettre 300.000 personnes sur le terrain, sur à peu près 2.000 points de blocage, oui, c’est globalement un succès.

Par ailleurs, nous sentons tous que les « gilets jaunes » sont soutenus, bien au-delà de ce qu’ils montrent sur le terrain. Pourquoi sont-ils soutenus ? Parce que le ras-le-bol fiscal est un sentiment très fort qui est aujourd’hui partagé. C’est un vieux sentiment dans la société française. Mais là, il s’est cristallisé autour de la voiture et de l’essence. Car dans les villages et les campagnes, c’est impossible de vivre sans voiture. Et si vous avez le sentiment que le gouvernement vous empêche de vivre en rendant l’utilisation de la voiture plus difficile, c’est la colère.

Entendu sur Europe 1

Au sentiment de colère des gens de classes moyennes s’ajoute le sentiment d’injustice, puisque les riches ont vu leurs impôts baisser

Comment calmer cette colère ? C’est extrêmement simple… à dire, mais pas à faire. Il faut baisser les impôts. Mais pourquoi y a-t-il autant d’impôts et de taxes en France ? Parce que la France est championne d’Europe de la dépense publique. Nous sommes le pays d’Europe qui dépense le plus d’argent pour les services publics. Nous dépensons tellement d’argent que la masse des impôts et des taxes ne suffit pas à couvrir la dépense. D’où les déficits.

S’il fallait baisser les impôts, il faudrait donc aller baisser les dépenses publiques. Mais donner moins d’argent à qui ? Aux policiers ? Aux hôpitaux ? Aux écoles ? Aux collectivités territoriales ? C’est là que le gouvernement est coincé.

Il est d’ailleurs coincé doublement. Quand on dit que les impôts sont impossibles à baisser, on a l’exemple d’un impôt qui a baissé il y a 18 mois : celui sur la fortune. Au sentiment de colère des gens de classes moyennes s’ajoute le sentiment d’injustice, puisque les riches ont vu leurs impôts baisser. Tout cela décrit une situation extrêmement bloquée. Même ceux qui essaient de récupérer ce mouvement, de manière assez navrante, ne formuleront pas de réponse. Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Laurent Wauquiez ne nous diront pas non plus quels impôts baisser. La politique est dépassée par ce mouvement. »

Source : europe1.fr, Jean-Michel Aphatie

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