Au cours des dernières semaines pour l’élection au maire de Jérusalem les débats ont été particulièrement durs.
Mais en dépit de quelques noms d’oiseaux, ou de méthodes interdites dans les écoles d’étiquette, la dispute fut somme toute propre.
On pourrait essayer de comprendre les plus et les moins de chaque candidat, conduisant Moshe Leone à une victoire de très courte tête face à son jeune adversaire, Ofer Berkovitch.
Leone est un vieux de la vieille, de la politique, des méthodes et stratégies de prise de pouvoir.
Berkovitch lui a intéressé, passionné un public en attente de remises en question, de casser
les codes et le conformisme dans toutes les directions.
Mais, pour ceux qui n’ont pas vu venir la chose, il est parfaitement clair que Leone est archi favori depuis les premiers jours.
C’est le lot des vieux éléphants de la politique qui rassurent ; un bon gros, avec un visage jovial, une kippa vissée délicatement sur la tête.
Ça c’est le socle. Puis Leone construit des alliances autour de lui: Arie Dhéry, célèbre pourtant pour des choses inavouables, inacceptables; mais c’est le leader du parti Chass, des sépharades.
Et au fond, la porte à une alliance globale avec tous les orthodoxes de la ville, hors des hassidims, bien moins puissants. Ces familles représentent au total près de 30% des électeurs de Jérusalem , avec deux forces considérables:
>s’il y a 30% de « haredims », 30% vont voter Leone. Aucun n’est indépendant d’esprit . Ils ont choisi d’utiliser leur tête pour le Talmud, mais pour le reste c’est le Rav, le Rabbi, le leader qui dit si on doit voter à droite, à gauche ou au centre, si on doit mourir de faim et étudier à 100% ou si on peut survivre à la famine.
>s’il y a danger, tous les électeurs haredi vont se déplacer, brisant les ratios usuels des taux de participation.
Plus malin, Leone obtient le soutien d’un pur laïc, Avigdor Lieberman, dont les positions sur la diplomatie, la morale, les arabes, etc… ne sont pas spécialement consensuelles. En plus, il est favorable au mariage homosexuel, plutôt détesté des haredims, et à la conscription des jeunes de Yeshiva . Mais le public de Leone n’a voulu voir que ce qui l’intéressait; alors que Leone faisait d’une pierre deux coups: récupération des votes maximum des orthodoxes, et de tous les russes de Jérusalem; incluant de nombreux laïcs.
Si un mot devait définir les raisons de cette victoire de Léone je dirais : stratégie gagnante des alliances.
Berkovitch ? Un jeune plein d’énergie, d’idées, d’amour de sa ville . Une réelle envie de réformer une ville qui en a bien besoin, surtout au plan social, des services publics.
Sa stratégie de communication est l’une des plus géniales que j’aie pu voir. En quelques semaines, un jeune inconnu devenait l’homme politique le plus connu de la ville la plus célèbre du monde probablement.
Sans doute aussi grâce à une équipe très décidée et une épouse exemplaire dans un tel parcours.
Malheureusement , quelques erreurs d’approche , des erreurs de jeunesse bien sûr, l’ont empêché de très peu d’empocher la direction de la ville.
L’erreur principale fut de ne pas réussir à être assez ferme, clair, dans ses discours ou ses réponses, pour rassurer les gens qui n’envisagent aucun compromis avec des gens qui detestent le drapeau, le pays, l’armée. Et ces gens sont très nombreux.
L’autre erreur fut sa difficulté à trouver des alliances stables dans le monde religieux .Pour réduire l’ampleur des voix Leone du camp haredi. Et je crois qu’il y avait un chemin très convaincant pour gagner des « parts cde marché »:
de vraies propositions pour soutenir le monde haredi dans ses difficultés financières, réduire la pauvreté de ce groupe.
En parallèle, trouver des axes d’emploi souples pour faciliter 80% d’étude de Thora et 20% pour ne pas crever la faim.
Bref, nous sommes déjà « après » : après les stratégies, après les erreurs, après les combats.
Monsieur Leone, aimez votre ville et les gens de tous horizons qui la composent. Et remettez en question autant que possible les choses importantes qui ne bougent pas. Trouvez aux pauvres et aux sans emplois des solutions humaines.
José Boublil
Moshe Leone a été élu selon les règles de la démocratie israélienne, n’est-ce pas ? Alors inutile de lui dicter ce qu’il a à faire, il le sait parfaitement. Qu’il fasse d’abord, et que les opposants le critiquent ensuite, si nécessaire…