Le président Macron a beau expliqué sa décision de rendre hommage au Maréchal Pétain, toutes les acrobaties médiatiques de sa part et de l’Elysée ne pourront effacer la collaboration étroite du gouvernement de Vichy avec Hitler.
Comment faire la distinction entre l’héroïsme et la trahison d’un seul homme ? Entre deux guerres mondiales dont les objectifs et les circonstances furent distincts et différents bien que le pays ennemi était à chaque fois le même ?
Au lieu d’unir le peuple français dans un recueillement solennel pour marquer le centenaire de la Grande guerre, Macron divise et déchire la société française par une décision irréfléchie et populiste.
Par ce geste maladroit et incompréhensible, Macron encourage indirectement tous les partisans et admirateurs de Pétain et surtout les anciens collaborateurs et les négationnistes au moment où l’antisémitisme se renforce à travers le monde.
Comment justifier la courageuse décision de Jacques Chirac de reconnaître la responsabilité de la République dans la collaboration de Vichy avec l’abolition de toutes les institutions républicaines par Pétain ? Les décrets anti-juifs ? Les arrestations de la Milice ? Le Vél d’hiv ? Les convois de milliers de Juifs français, dont Léon Blum, chef de gouvernement, vers les camps de la mort ?
En cherchant à tout prix de forts symboles historiques et à s’inscrire dans les pages glorieuses de la France, Macron réécrit l’Histoire avec légèreté et à sa manière. Le général de Gaulle condamné à mort par contumace et déchu de la nationalité française par le gouvernement de Pétain se retourne sans doute dans sa tombe. Et avec lui : Simone Veil, au Panthéon, rescapée d’Auschwitz, et tous les résistants et les compagnons de la Libération.
A l’école, à l’université, les enseignants, comme d’ailleurs les parents d’élèves, pourront-ils justifier l’hommage et la haute trahison à la fois ? Pourquoi donc réhabiliter Pétain cent ans après Verdun et réveiller les vieux démons ?
Dans la même veine, pourquoi ne pas réhabiliter aussi Staline ? Il a pourtant mené l’ Armée Rouge à la victoire contre les Allemands. Peut-on gommer ses crimes contre son propre peuple ? Les goulags et les faux procès contre les Juifs ?
Certes, une grande nation doit rendre hommage à ses Maréchaux et aux soldats tombés pour la patrie. Mais Pétain n’a pas gagné seul la bataille de Verdun. A-t-on oublié le rôle de Clémenceau, le Père de la victoire ? Les généraux Mangin et Nivelle et les reproches du fameux pessimisme de Pétain dans cette bataille ? Et tous les vaillants soldats et notamment la participation de nombreux Juifs ?
Toutes les explications de Macron ne peuvent donc justifier le moindre hommage à l’héritage honteux et abject du pétainisme.
Freddy Eytan
Le CAPE de Jérusalem, jcpa-lecape.org
Un officier général ne peut être honoré quand il a trahi son pays. Un chef ne peut peut être honoré quand il a trahi ses hommes. Le maréchal Pétain a trahi les sacrifices de ses hommes, particulièrement des combattants juifs dont les sacrifices avaient fait taire, un moment, le vieil antisémitisme français.Les persécutions de Vichy ont frappé de la même façon les anciens combattants juifs, cités ou non, décorés ou non, officiers ou non. Pétain oubliait la dette de la Nation, la camaraderie d’arme, l’esprit même de la caste militaire.
Paul-Louis Weiller fut arrêté en octobre 1940 par la police de Vichy: il était industriel, converti au catholicisme, aviateur de la Grande Guerre blessé cinq fois, douze fois cité, officier de la légion d’honneur; d’une vieille famille alsacienne, il ne menaçait pas l’ordre social que la vieille droite triomphante allait assurer, mais il était juif. Il parvint à rallier la France Libre, sa mère fut assassinée à Auschwitz. Héros juif, parmi des héros juifs, cet ancien centralien a droit à notre reconnaissance particulière pour avoir su améliorer, de façon décisive, la photographie aérienne qui s’était imposée depuis le début de la guerre. Il sut convaincre le directeur du service géographique des armées de faire établir de nouvelles cartes ou plans directeurs des zones d’opération, grâce à la photographie aérienne, ancienne et nouvelle. Il eut l’idée de faire communiquer les avions de reconnaissance, par émetteur morse, avec les récepteurs qui équiperont les batteries d’artillerie. Commandant l’escadrille de reconnaissance 224, il soutient la reconnaissance à très grande profondeur (jusqu’à 120km, à 6500m d’altitude) grâce au Bréguet XIV, des objectifs à très grande focale et un équipement spécial des aviateurs. Commandant les escadrilles Br 45 et BR 220, il communique chaque matin les informations au général Weygand.
Voilà l’homme que le maréchal Pétain, présenté comme un stratège de l’aviation, poursuivit de sa haine antisémite
(source: Marie-Catherine Villatoux,” le renseignement aérien dans la Grande Guerre”, in colloque “espionnage et renseignement pendant la Première Guerre mondiale, 26 novembre 2014, la documentation française décembre 2017(sic) )