Toujours recherché par les autorités, Low Taek Jho clame son innocence. Le financier malaisien fait partie des trois personnes inculpées par le ministère américain de la Justice dans le cadre du vaste scandale de corruption 1MDB impliquant l’ex-Premier ministre malaisien, Najib Razak.
Ce jeudi, le ministère américain de la Justice a annoncé le lancement de poursuites à l’encontre de Tim Leissner, 48 ans, ancien patron de Goldman Sachs en Asie du sud-est, son ancien collègue malaisien Ng Chong Hwa, 51 ans, et Low Taek Jho, 36 ans.
Ils sont accusés de s’être entendus afin de blanchir des « milliards de dollars » présumés détournés du fonds d’investissement public malaisien 1Malaysia Development Berhad (1MDB). Il leur est également reproché d’avoir violé les lois anti-corruption américaines en versant ou en promettant des pots-de-vin à des officiels malaisiens et d’Abou Dhabi pour qu’ils retiennent Goldman Sachs comme banque conseil dans des transactions « lucratives ».
Créé en 2009 à l’arrivée au pouvoir de Najib Razak dans le but de moderniser la Malaisie, le fonds souverain 1MDB s’est retrouvé au cœur d’allégations de corruption avec de vastes ramifications internationales, ayant entraîné l’ouverture d’enquêtes en Suisse, à Singapour et aux Etats-Unis. Il est aujourd’hui endetté à hauteur de 10 milliards de dollars.
« Conspiration » pour détourner 2,7 milliards de dollars
Ng Chong Hwa, qui a été arrêté jeudi en Malaisie à la demande des autorités américaines, a également violé les contrôles internes de Goldman Sachs, tandis que Tim Leissner a plaidé coupable à New York, selon le ministère, et doit s’acquitter d’une amende de 43,7 millions de dollars.
Low Taek Jho se trouverait pour sa part en Chine, selon plusieurs médias. Il « n’occupait aucune position officielle au sein de 1MDB, pas plus qu’il n’était employé par Goldman Sachs, ou les gouvernements de Malaisie ou d’Abou Dhabi, a fait savoir un porte-parole dans un communiqué. M. Low demande simplement au grand public de conserver un esprit ouvert au sujet de cette affaire jusqu’à ce que tous les éléments soient mis au jour, et qui selon lui le disculperont ».
Les trois hommes ont, d’après le ministère américain, pris part à une « conspiration » dont le but était de détourner 2,7 milliards de dollars de 1MDB lors de trois émissions obligataires en 2012 et 2013 d’un montant total de plus de 6 milliards de dollars. Goldman Sachs avait été mandatée pour organiser ces opérations et a perçu des commissions de quelque 590 millions de dollars.
Financement du film « Le Loup de Wall Street »
Les fonds suspects ont notamment transité par une banque suisse, la BSI, avant d’être envoyés pour partie vers d’autres comptes et sociétés-écrans contrôlés par Low, Leissner et Ng ainsi que deux autres personnes dont l’identité n’a pas été dévoilée. Une de ces personnes, d’origine chinoise et proche de Tim Leissner, vit à Hong Kong, tandis que l’autre est Italienne et travaille chez Goldman Sachs depuis 2007.
« De 2009 à 2014, alors que 1MDB levait de l’argent, des milliards de dollars ont été frauduleusement détournés du fonds, donc des liquidités levées en 2012 et 2013 via trois émissions obligataires effectuées par une institution financière », fustige le ministère dans un communiqué. Une partie des fonds détournés a été placée dans l’achat de résidences de luxe à New York, dans l’acquisition d’œuvres d’art lors d’enchères organisées par « une maison basée à New York » et dans le financement de films hollywoodiens, dont « Le Loup de Wall Street », détaille le ministère.
La femme de l’ex-ministre malaisien inculpée
En octobre 2014, Tim Leissner a payé une facture de 4,1 millions de dollars chez un joaillier new-yorkais pour le compte de l’épouse d’un officiel malaisien, souligne la même source. En juillet 2016, l’autorité avait saisi des biens mal acquis en lien avec ce scandale, dont des appartements de luxe, un jet privé et des royalties du « Loup de Wall Street ».
Un versement de quelque 700 millions de dollars provenant de l’argent levé par 1MDB aurait également été viré vers les comptes personnels de l’ex-Premier ministre malaisien Najib Razak. Il a été mis en examen en septembre, moins de quatre mois après la défaite de sa coalition aux élections. Son épouse a été inculpée début octobre de 17 chefs dont le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale dans cette même affaire.
Source Les Échos
Poster un Commentaire