Après la tragédie de Pittsburgh qui nous a tous remplis d’émotion et de colère, il ne fait plus de doute que l’antisémitisme qui tue s’est propagé aux quatre coins du monde. Dictatures, démocraties, Orient, Occident. Nul lieu n’est désormais à l’abri de cette haine antisémite qui au-delà des juifs s’attaque aux fondements mêmes de nos valeurs et de nos sociétés comme elle l’a toujours fait.
Nous ne sommes pas en 1930. Le monde a changé. Mais alors que les derniers témoins de la Shoah nous quittent, l’antisémitisme s’est libéré. La parole s’est libérée. Le passage à l’acte s’est libéré.
Le monde a changé et le combat contre l’antisémitisme a changé également. Il nous faut lutter aujourd’hui à la fois contre cet antisémitisme séculier inspiré et distillé comme toujours par les populistes, les extrémistes de tout bord et les fanatiques qui arrivent au pouvoir un peu partout, ou qui menacent d’y arriver. Nous avons vu hier où cela peut mener.
Mais il nous faut également lutter contre l’antisémitisme banalisé et véhiculé sur les nouveaux réseaux de communication, plus dangereux encore, car il s’invite partout, séduit par sa facilité malsaine, et se propage sans règles ni contrôle. Nous savons où cela peut mener demain.
Cette double bataille sera longue et difficile. Nous le savons. Elle ne pourra être remportée que si les juifs ne sont pas les seuls à s’y engager. La lutte contre l’antisémitisme est l’affaire de tous. Sensibiliser, fédérer et unir toutes les forces de ceux qui croient en l’avenir de l’Homme pour traquer, débusquer et terrasser la bête immonde. Tolérance zéro contre l’antisémitisme et mobilisation de la société civile. C’est le troisième combat à mener, sans doute le plus important.
Chacun, à la place qui est la sienne, a désormais la responsabilité de mener ces trois combats de front. Parce que l’histoire est encore proche pour nous le rappeler. Parce que l’avenir se dessine pour nous y obliger. Pour les gouvernements, les décideurs, les leaders d’opinion, et les acteurs de la société, qui ont tous un rôle essentiel à jouer, au-delà des mots de circonstance, des discours de compassion et des condamnations d’usage, il y a aujourd’hui urgence à agir.
Philippe Meyer
Président du B’nai B’rith France
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