Ce soir C’est mon tour. Telle est la légende d’une photo. Un nez cassé. Un visage tuméfié. En sang. Presque rien. La barbarie ordinaire. Ils ont cassé du PD.
Ça passerait presque inaperçu. Lecteur deux jours avant il y avait eu un acte similaire à Paris. Deux femmes avaient été victimes de coups. Fin septembre, un jeune comédien qui embrassait son compagnon avait été roué de coups.
Etaient-ils les seules. A Lyon une enquête avait bien été ouverte lorsqu’un policier avait négligé un appel pour une agression homophobe…
Ça passerait presque inaperçu. Mais ce visage il te dit quelque chose. Ça y est c’est lui. Guillaume Mélanie. Acteur. Fondateur de l’association Urgence Homophobie. Anciennement Urgence Tchétchénie. Là où c’est pire d’être gay que d’être terroriste. Là où les gays sont pourchassés. Torturés. Electrocutés. Entassés à 15 par cellule. Battus. Là où on bat les gays à coups de botte ou de matraque, car il serait dégoûtant de les toucher avec les mains.
Ça se passe en France ce soir. Ce soir, c’est mon tour, tweete, encore choqué, Guillaume Mélanie, qui raconte avoir été victime d’une agression homophobe. Qui publie une photo montrant un visage tuméfié. En sang. Un nez cassé. Ce soir c’est mon tour. Agression homophobe à la sortie d’un restau. Nez cassé. Choqué. Du sang partout. Je suis homosexuel, et nous sommes en 2018.
Guillaume évoque un moment comme tous on en vit. Ils sortaient du restaurant avec des amis. Ils venaient de fêter le titre de séjour d’un de leurs réfugiés. Un homosexuel tchétchène. C’était pourtant dans un quartier gay friendly.
Là fut leur grande faute: le temps qu’on se dise au revoir on gênait le passage. Et un monsieur qui a dû voir qu’on était gays, ça ne lui a pas plu.
Ça dérape vite. L’agresseur pousse un de ces sales pédés. Eux qui avaient juste rétorqué : hey ! Doucement.
Fallait pas, Guillaume. Fallait la boucler. Fallait se tirer de ce qui allait devenir un guet-apens. Et encore… Cela aurait-il empêché le pire… Les insanités homophobes qui pleuvent. Les coups aussi : T’es qu’un sale pédé, il faut vous brûler. Il m’en a collé une, un gros coup de poing dans le nez. Si je n’avais pas été avec mes amis, il m’aurait fracassé. Il y avait de la haine dans ses yeux. J’ai vu le moment où les coups allaient pleuvoir. Je pense que j’aurais été seul, je serais encore aux urgences…
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Cette haine
Tu t’habituerais presque. Mais non. Ça passe pas. Elles se multiplient, ces attaques odieuses. Et d’ailleurs tandis que l’un te chante que tout va bien et que l’autre promet de convier les associations pour initier un sursaut collectif, Toi tu te demandes pourquoi Mais pourquoi donc t’as envie de pleurer à chaque fois.
Pourquoi cette colère. Cette révolte. Cette honte. Ce désir presque d’aller leur présenter des excuses. Pour n’avoir pas su. Pas su encore empêcher ça. Cette haine. Alarmante.
Tu sais qu’on les déporte plus les homosexuels comme cela exista, en Italie, sous le régime fasciste. Sur l’île de San Domino. Mais la Tchétchénie. L’Iran. L’Arabie Saoudite. Et puis chez nous.
Chez nous où les politiques de prévention de la haine anti-LGBT doivent être intensifiées. Où nous devons nous insurger face à cette violence insupportable. Où il s’agit d’exiger qu’il disparaisse, ce sentiment d’impunité contre les actes homophobes. Qu’ils cessent, ces outings sauvages, ces injures publiques, ces insultes sur les réseaux sociaux. Qu’elles soient instruites, toutes les plaintes. Et plus jamais classées sans suite.
Face à ce monstrueux déchaînement d’homophobie, lançons-le avec eux, cet appel aux autorités : On a vraiment besoin de justice, on a besoin de la Ministre de la justice. Il faut instruire nos plaintes. Tant qu’il y aura ce sentiment d’impunité, on se fera casser la gueule.
Sarah Cattan
Sus à l’autre ! Le pédé, le juif, la salope, le chrétien (j’ai été récemment jeté d’une cité aux cris de ” casse-toi chrétien ” ; athée mais trop blanc !). À mort le PANOUS !
Bien sûr la Justice, bien sûr la solidarité, bien sûr la mobilisation. Bien sûr la vigilance et la lutte, mais contre quoi ? Peut-être le problème (si les choses peuvent se résumer à UN problème !?) est-il l’attachement, comme à une bouée ou un trésor, à l’appartenance, à l’identité ? Et si nous nous contentions, si nous nous réjouissions, si nous jouissions, fêtions, partagions, échangions notre seule réalité d’êtres tout simplement contemporains. D’avoir pour seul trésor et pour seul destin ” Ici et Maintenant “…
Gratitude à Vous, mon cher Jean-Victor.
Sarah