Tribune Juive

Un peuple, ou des peuples ? Une guerre civile dans nos têtes… Par Charles Rojzman

Racisme, antiracisme. Qui est raciste ? Qui ne l’est pas ? Les polémiques font rage depuis un certain temps : électeurs ou adversaires de Marine Le Pen, électeurs et adversaires de Donald Trump, camp décolonial et afroféminisme, communautarismes, populismes, extrémismes…

En réalité, le sujet n’est pas le racisme puisque chacun est le raciste de l’autre.

Le sujet, c’est la haine. Car les haines montent un peu partout, inexorablement. Haine antisémite, sous le masque de l’antisionisme radical, haine des blancs, des femmes, des noirs, des arabes, des infidèles… LA HAINE.

Depuis quelques années, je sens cette odeur de haine que je connais si bien pour l’avoir connue dans mon enfance, cette haine qui conspire et qui transpire dans tant de familles, dans les ghettos, les résidences, les rues de nos cités.

Il serait grand temps de voir que c’est cette haine qui est le principal obstacle à la vie en commun.

Les controverses entre les religions, entre les idéologies restent à la surface. En dessous, il y a la haine : la haine de soi et la haine des autres.

Qu’est-ce que vouloir être entre soi sinon dire aux autres : Passez votre chemin. Vous nous avez fait du mal. Vous me faites encore du mal.

Mes expériences de thérapie sociale aux Etats-Unis (blancs et noirs) en Israël (juifs et arabes), en Allemagne (Pegida et antiracistes), au Rwanda (génocidaires et rescapés) m’ont prouvé que j’avais raison et que mes obsessions de toujours commençaient à prendre corps de nouveau.

Je tire une sonnette d’alarme à l’intention de ceux qui nous gouvernent, somnambules aveugles au devenir d’une société malade, préoccupés à juste titre de nos économies et de notre développement, pensant que tout pourra se résoudre par l’amélioration de nos conditions de vie .

Enfin, je veux bien croire à leur sincérité et à leur bonne foi. Mais ils sont aveugles s’ils ne voient ce qui se passe dans les têtes et les cœurs, tous assoiffés de reconnaissance et d’amour, oubliant du coup les valeurs humaines communes, désormais indifférents ou séparés des autres qui ne leur ressemblent pas, qui ne sont pas de leur tribu, par égoïsme, par besoin se protéger de toutes les souffrances vécues et de toutes les humiliations subies.

Un peuple ou des peuples, telle sera la question et cette question d’une guerre civile dans les têtes ne devrait pas tarder à émerger comme une évidence peut-être sanglante.

Je l’ai dit et je le répète : les haines montent et mettent des décennies à monter. Prenons garde aux monstres qu’elles réveillent. Avant qu’il ne soit trop tard.

Charles Rojzman

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