Ce plat judéo-tunisien, préparé en faisant cuire beaucoup d’épinards pendant des heures dans une quantité généreuse d’huile, donne une petite « merveille » : « une quantité de pâte grasse aussi noire que le pétrole brut, qui sert à parfumer toutes sortes de soupes et de ragoûts », écrit le New York Times dans un article publié hier.
« Je connaissais cette méthode de cuisson des épinards depuis des années, mais je n’ai jamais pu me résoudre à l’essayer », écrit l’auteur de l’article. « Il me semblait étrange de faire cuire des feuilles d’épinard aussi longtemps et jusqu’à ce qu’elles deviennent complètement noires […] C’était contre-intuitif, surtout pour quelqu’un comme moi, qui plaide depuis des années auprès des gens pour qu’ils ne fassent pas trop cuire leurs légumes ».
Intrigué par l’apparence de la recette de ce condiment et l’excellent accompagnement qu’il constitue pour d’autres plats, notamment à base de poisson, le journaliste finit par changer d’avis. « J’ai finalement essayé, et après avoir mis une petite cuillerée dans ma bouche, je me suis dit : »Wow ! » C’est comme si je n’avais jamais goûté aux épinards auparavant ». En effet, le long processus de cuisson distille l’essence de la saveur de ce légume, qui en effet est meilleur au goût lorsqu’il est bien cuit. « J’avais donc devant moi des épinards purs et absolument merveilleux. J’ai ensuite eu l’idée de préparer ma propre version de la bkaïla, avec un ragoût de bœuf assorti de haricots. Ça a donné une magie. Tout ce que je voulais, c’était rajouter de plus en plus de bkaïla ! »
Le gourmet raconte aussi comment il a décliné la version originale de ce plat sur une recette de son cru. Il raconte ainsi avoir fait cuire du flétan dans une version douce de bkaïla. Douce, afin qu’elle ne submerge pas par son goût caractéristique celui du poisson, mais suffisamment frite pour garder son effet brillant. « J’ai pris l’initiative de légèrement changer la méthode de cuisson pour raccourcir le processus de préparation, et ajouté des arômes », dit-il, en recommandant cette recette aux amateurs.
Source : Le Diplomate Tunisien