Dimanche 9 septembre, la Suède est appelée à voter pour ses députés, et si les Sociaux-Démocrates sont en tête dans les derniers sondages, les Démocrates suédois, le parti d’extrême-droite, les talonnent. En outre, il existe un parti féministe, Initiative féministe qui siège au Parlement depuis 2014.
Les cas de harcèlement sexuel et de viols ne sont apparus que plus tard. Tout semblait aller pour le mieux jusqu’aux émeutes dans la banlieue de Stockholm au début des années 2000. La Suède, 10 millions d’habitants, a accueilli, au fil des conflits, des réfugiés d’Iran, d’Irak et de Palestine. En 2014, 80 000 Syriens fuyant la guerre civile y ont trouvé refuge. De ce fait, le nombre des musulmans dans ce pays est passé à environ 500 000 ces dernières années.
Curieusement la loi sur le consentement sexuel votée le 23 mai dernier par le Parlement suédois ne paraît pas concerner les cas de viols de rue, mais seulement le viol domestique — comme si tous les habitants du pays ne devaient pas respecter les mêmes règles. Cette loi considère comme viol tout acte sexuel sans accord explicite, même en l’absence de menace ou de violence. Autant faire signer un bail à son ou sa partenaire, voire un contrat de mariage avant de se lancer.
Les ravages de #MeToo
Ce qu’on connaît moins, c’est la violence de la déferlante #MeToo en Suède, et les ravages qu’elle a occasionnés. L’on n’ose croire que la vie d’un individu bien en place vaudrait moins que celle d’un individu plus mal loti. Mais qui sait ? Black Lives Matter, All Lives Matter. Toutes les vies ont la même valeur.
Dans ce pays qui se veut un modèle de tolérance, le suicide de Benny Fredriksson à Sydney le 17 mars dernier aurait dû faire l’effet d’un coup de tonnerre, mais la bonne conscience suédoise n’en a guère été affectée. Fredriksson était un metteur en scène exigeant et le directeur du célèbre Kulturhuset Stadsteatern de Stockholm.
La campagne a duré cinq mois, relayée par un ou deux journaux peu scrupuleux avec son nom et son portrait à la une, loin de la discrétion dont ils font preuve quand il s’agit de publier la tête ou le nom d’un assassin ou d’un voleur. Bien que personne n’ait apporté l’ombre d’une preuve, le directeur de théâtre n’a pas pu faire entendre sa voix. Il a fallu attendre quatre mois pour que sa femme, la mezzo-soprano Anne Sofie von Otter, accorde pour la première fois une interview à un journal … allemand, Die Zeit.
Qu’a-t-on reproché à Fredriksson ? Un « style brutal » qui tolérait, d’après certaines personnes, « des agressions sexuelles ». Lesquelles ? Nul ne sait. Des preuves, des témoins ? Non, bien sûr. Il aurait dit à une actrice : ou vous avortez, ou vous n’aurez pas le rôle. Des preuves, des témoins ? Toujours non — même si on peut imaginer qu’au moment de la première, la jeune femme enceinte aurait pu avoir d’autres chats à fouetter que de monter sur scène.
Le chef de file de cette campagne était Asa Linderborg, rédactrice en chef de Aftonbladet qui, dans l’article paru en novembre citait 40 témoins… anonymes. La commission d’enquête externe mise en place par la ville de Stockholm peu après a démenti ces allégations, et Aftonbladet a dû corriger.
Fifi Brindacier entre en résistance
Les féministes suédoises, pour qui la cause palestinienne est un must, mènent un combat désordonné, pour ne pas dire désopilant, contre le racisme. Un exemple ? L’histoire de Fifi Brindacier, héroïne impertinente de livres d’enfants qui, dès 1945, lança un grand coup de pied libérateur dans ce pays de tradition luthérienne, bien avant la révolution sexuelle des années soixante.
Fifi Brindacier est une petite fille de neuf ans, avec des couettes et des tâches de rousseur, « pas plus haute que trois pommes » mais douée d’une telle force qu’elle peut soulever son cheval d’une main.
Cette création de la romancière Astrid Lindgren porte en suédois le nom de Pippi Långstrump (Pippi les longues chaussettes). Son père, Ephraïm, qui était pirate, devint le roi des mers du sud après un naufrage. De sorte que, dans les aventures suivantes, l’auteur l’appelle « negerkung » (roi nègre), et sa fille « negerprinsessa » (princesse nègre).
Les féministes suédoises de notre époque s’en sont offusquées et ont demandé à l’éditeur de Fifi Brindacier de retirer ces références « racistes ». Jusque-là, l’éditeur — et les traducteurs — résistent.
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